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Commission d’enquête sur la drogue - Paul Stéphane Justine : «Sidick Islam m’a proposé Rs 500000»

Deux témoins ont été interrogés par la Commission d’enquête sur la drogue jeudi. Il s’agit de Paul Stéphane Justine, un officier de prison, et Luc Sylvain Ladouceur, un ancien condamné pour possession de drogue. Ils ont 15 jours pour s’expliquer.

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Paul Lam Shang Leen : Vous avez rejoint le service en août 2014 ?
Paul Stéphane Justin : Oui.

PLSL : Auparavant, vous faisiez quoi ?
PSJ : J’ai fait mes études à EIILM University, puis j’ai suivi un cours d’ingénieur au Mauritius Institute of Training and Development (MITD). Ensuite, j’ai travaillé sur des sites de construction et j’ai rejoint le service.

PLSL : De combien de comptes bancaires êtes vous titulaire ?
PSJ : Deux. L’un à la Mauritius Commercial Bank (MCB) et l’autre à la State Bank of Mauritius (SBM).

PLSL : Les deux sont des comptes joints avec votre femme.
PSJ : Non. C’est avec ma mère. Je ne suis pas marié.

PLSL : Combien de mois de formation avez-vous suivi ?
PSJ : Huit mois.

PLSL : Alors vous devez être au courant que vous ne devez pas être en possession d’objets interdits à la prison et ne pas rester en communication avec la famille d’un condamné.
PSJ : Oui.

PLSL : Votre numéro de cellulaire ?
PSJ : 5732xxxx

PLSL : Est-il enregistré à votre nom ?
PSJ : Non. C’est au nom de ma copine. Elle m’a offert un téléphone portable en cadeau.

PLSL : Est-ce le seul numéro que vous détenez ?
PSJ : Oui.

À cet instant, le président de la commission fait mention de pas moins de neuf numéros de cellulaires. L’officier de la prison a souligné que certains étaient ses anciens numéros et les autres ceux de ses amis. Mais il a dit ne pas connaître cinq autres numéros.

PLSL : On vous a convoqué car le numéro que votre copine vous a donné avait été en contact avec des condamnés pour possession ou trafic de drogue. Vous étiez à Melrose en juin 2016 ?
PSJ : Non. J’étais à la Prison centrale de Beau-Bassin.

PLSL : Vous êtes aussi impliqué dans une bagarre à Résidence Barkly avec des trafiquants de drogue.
PSJ : Oui. Mais j’ignorais qu’ils étaient des trafiquants.

PLSL : Connaissez-vous Jean Patrick Gerome Baptiste ?
PSJ : Non. À la Prison centrale de Beau-Bassin, je connais certains prisonniers, mais pas tous.

PLSL : Vous êtes soupçonné de trafic de drogue…
PSJ : J’en ai entendu parler.

PLSL : Connaissez-vous Sidick Islam ?
PSJ : Oui.

PLSL : Êtes-vous en contact avec lui ?
PSJ : Au début, quand il avait pris contact avec moi, il se faisait passer pour un certain Bashir.

PLSL : D’après nos renseignements, il y a eu plusieurs communications entre Sidick Islam et vous. La conversation a duré des minutes.
PSJ : Au départ, il m’a dit qu’il était un proche de Sidick Islam. Il m’a proposé Rs 500 000 pour faire un travail. En tant qu’humain, c’était tentant. Mais j’ai réfléchi et j’ai refusé la proposition.

PLSL : Quelquefois, vous faites des transferts d’argent du compte de votre fils au vôtre, selon les documents en notre présence. Quel âge a votre fils ?
PSJ : Il a un an et quatre mois. Vous savez les enfants, ça coûte de l’argent. On doit acheter le lait et les couches. Parfois, je prête de l’argent à mes amis quand ils sont dans le besoin et je leur en emprunte aussi.

PLSL : Que fait votre mère ?
PSJ : Elle travaille au Casino de Maurice.

PLSL : Sur votre compte à la SBM, il y a une rentrée d’argent de Rs 99 000 en cash le 26 janvier 2016. D’où vient cet argent ?
PSJ : C’était peut-être ma mère qui avait versé cet argent.

PLSL : Le 18 janvier 2016, un chèque de Rs 250 000 a été versé sur votre compte en banque. D’où ça sort ?
PSJ : Je l’ignore.

PLSL : Il y a eu 18 communications de mai à novembre 2016 et vous dites que c’est bien après que vous avez su que c’est Sidick Islam.
PSJ : À chaque fois qu’il me téléphonait, il se faisait passer pour quelqu’un d’autre. Mais moi, j’ai pensé à mon uniforme. J’ai refusé toute proposition. J’ai même rapporté cette affaire à mon supérieur, mais il n’avait pas pris cela en considération.

PLSL : Comment Sidick Islam a-t-il eu votre numéro ?
PSJ : Ce n’est pas difficile. Il n’a qu’à téléphoner à la réception de la prison pour demander mon numéro de téléphone portable. Rien n’est confidentiel.

PLSL : Certaines de vos conversations étaient de 6 à 10 minutes. Qu’est-ce qu’il vous a demandé de faire ?
PSJ : Je ne sais pas car j’ai refusé toute proposition. La dernière fois quand j’ai refusé, il avait décliné son identité et m’avait informé qu’il était en effet Sidick Islam. J’ai rapporté cela à mon supérieur.

Ravin Kumar Doomun, un des assesseurs, lui a alors demandé la teneur des conversations de mai à novembre 2016. Le témoin a indiqué que Sidick Islam faisait pression sur lui, mais il avait refusé toute proposition. Sam Lauthan, l’autre assesseur, a trouvé une anomalie dans le salaire de Paul Stéphane Justine, son salaire étant sorti de Rs 32 000 pour s’établir à Rs 2 520. L’intéressé a souligné qu’il avait demandé des explications à la prison, mais n’en a reçu aucune.

Ladouceur : «L’humain oublie»

Luc Sylvain Ladouceur, un autre témoin interrogé, est un ancien condamné pour possessions de drogue. Cet habitant de Plaisance est soupçonné d’être en contact avec Antonio Nevil Rome, qui est condamné à 30 ans d’emprisonnement.

PLSL : Vous avez déjà été condamné pour trafic ou usage de drogue ?
Luc Sylvain Ladouceur : J’ai fait de la détention préventive et payé une amende.

PLSL : C’est toujours une condamnation. Connaissez-vous Antonio Nevil Rome ?
LSL : C’est un bon ami à moi. On habitait la même localité.

PLSL : Lui rendez-vous visite à la prison ?
LSL : Une fois à la prison de Melrose.

PLSL : Êtes-vous en contact avec lui ?
LSL : Il me rappelle de la cabine téléphonique de la prison.

PLSL : Il a pris contact avec vous à partir d’un cellulaire, selon nos renseignements.
LSL : J’ai plusieurs numéros de portable que j’ai offerts en cadeau.

PLSL : C’est votre numéro ? Alors c’est vous le responsable. À qui avez-vous donné ce numéro ?
LSL : C’est difficile pour moi de m’en souvenir. Je suis une victime de la drogue. Quand j’étais en manque, je donnais plusieurs choses, afin d’avoir ma dose.

PLSL : Mais c’est toujours à votre nom.
LSL : Peut-être la personne à qui j’ai donné le cellulaire l’utilise toujours.

PLSL : C’est trop facile de venir dire que vous avez donné le numéro en cadeau. En un seul jour, il y a eu une conversation avec Antonio Nevil Rome, de 13 h 15 à 16 h. Au total, il y a eu 41 conversations. Le lendemain, de midi à 14 h 30, il y a eu d’autres conversations. Puis il y a eu encore 18 conversations.
LSL : Je ne sais pas.

PLSL : Avez-vous déjà voyagé ?
LSL : Oui. Je suis parti au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda et au Sierra Leone. J’exerçais comme professeur de français pendant trois ans.
Ravin Kumar Doomun lui a alors demandé à qui il a donné le cellulaire car, en 3 jours, il y a eu 96 communications. « L’humain oublie », a-t-il répondu.

 

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