Commission d’enquête sur la drogue : les lacunes de la GRA décriées par Paul Lam Shang Leen

Un manque de personnel, des inspections limitées, des gagnants de courses hippiques dans des conditions douteuses, des transactions financières qui disparaissent dans certains casinos et maisons de jeux. Autant de manquements que la Commission a déplorés à Chhayan Divya Ringadoo, CEO de la Gambling Regulatory Authority (GRA).

«Nous disposons seulement de six enquêteurs, dont cinq policiers retraités. Deux effectuent des inspections chaque samedi aux courses hippiques, deux autres dans les succursales pour des mises sur le football. » C’est ce qu’a déclaré la CEO de la Gambling Regulatory Authority (GRA), lundi 9 octobre, devant la Commission d’enquête sur la drogue.

La convocation de Chhayan Divya Ringadoo fait suite au cas de blanchiment d’argent noté dans les casinos et maisons de jeux. Le président Paul Lam Shang Leen a dénoncé la complicité de certains bookmakers et casinos pour faciliter les trafiquants de drogue dans leurs tâches. Il a révélé en particulier que le nom d’un bookmaker revient souvent lors des enquêtes de la Commission. L’ancien juge n’a cependant pas cité de nom.

Paul Lam Shang Leen fait ressortir que l’organisme n’a jamais révoqué le permis des casinos ou de bookmakers. Pis : la GRA n’arrive pas à faire respecter la loi sur les transactions financières, ces cinq dernières années. Ce qui faciliterait, souligne la Commission, les cas de blanchiment d’argent. « Avec le nombre d’officiers que nous avons, il nous est difficile de contrôler régulièrement les casinos et les maisons de jeux », affirme Chhayan Divya Ringadoo.

La CEO de la GRA indique que, dans certains cas, l’organisme a de forts doutes de blanchiment d’argent, mais que « faute de preuves, aucune sanction n’est prise ». Chhayan Divya Ringadoo a complété son audition à huis clos pour évoquer le fonctionnement de certains casinos.

Extrait de l’audition

Paul Lam Shang Leen : Comment la GRA mène-t-elle ses inspections ?
Chhayan Divya Ringadoo : Nous avons au total six officiers. Concernant les descentes dans le monde hippique et chez les bookmakers, nous n’avons aucun problème. Par contre, nous n’exerçons pas suffisamment de contrôle sur les casinos et les maisons de jeux.

PLSL : Les transactions financières des casinos pour les cinq dernières années doivent-elles être sauvegardées ?
CDR : C’est exact, mais tous les casinos ne le font pas.

PLSL : Comment peut-on régler ce problème ?
CDR : Probablement en modifiant la loi.

PLSL : Pourtant, la loi stipule déjà que les transactions financières pour les cinq dernières années doivent être disponibles. Il faut faire respecter la loi. Pourquoi la GRA n’arrive-t-elle pas à faire respecter la loi et à prendre des sanctions ?
CDR : Je vous répondrai à huis clos.

PLSL : La GRA n’a-t-elle pas eu des cas suspects ?
CDR : Nous avons eu des doutes, mais nous n’avons pas assez de preuves pour effectuer le suivi.

PLSL : Comment se fait-il que les parieurs détiennent-ils une copie du reçu gagnant? Ces reçus ne doivent-ils pas être en possession du bookmaker ?
CDR : C’est exact.

PLSL : Sur les copies de reçus que des personnes nous ont présentées, notre enquête démontre que le nom d’un bookmaker est cité régulièrement. Avez-vous constaté cela à la GRA ?
CDR : Non, malheureusement.

PLSL : Comment se font les inspections ?
CDR : Chaque samedi, deux officiers se rendent au Champ-de-Mars et chez les Bookmakers. Y compris les mises sur le foot.

PLSL : Pensez-vous que cela suffit ?
CDR : Nous faisons de notre mieux avec les moyens que nous avons.

Ravind Domun : Faites-vous des visites régulières ? Avez-vous déjà mis les pieds dans un casino ou des maisons de jeux ?
CDR : Bien sûr, à plusieurs reprises.

RD : Des déplacements, pas en tant que parieur, je suppose ? Mais en tant qu’observatrice ?
CDR : Oui (répond-elle en souriant).

RD : Comment peut-on blanchir facilement son argent ? Par la roulette ou les machines ?
CDR : Les deux, mais avec la roulette, c’est plus facile.

RD : Certains noms sont modifiés lors des mises. Visionnez-vous les images des caméras de  surveillance CCTV pour vos enquêtes ?
CDR : Je répondrai à cela à huis clos.

RD : Êtes-vous déjà allée dans les casinos de Hong-Kong ou de Las Vegas ?
CDR : Non, jamais (rire)…

Sam Lauthan : Les chevaux gagnants après une longue période de repos n’éveillent-ils pas les soupçons de la GRA  ?
CDR : Effectivement, nous avons été surpris par la course de Black Gambit. Nous avons questionné le Mauritius Turf Club. Il ne nous a pas donné sa version.

SL : Ne joue-t-on pas avec la vie de ces animaux ?
CDR : Nous nous penchons sur les cas de ces chevaux.