Commerce régional : Maurice sous l’influence de la crise sud-africaine

Avec un président qui change de ministre des Finances sur une base régulière et qui consolide sa mainmise sur le gouvernement en nommant des personnes à sa cause, l’Afrique du Sud est en fâcheuse posture. Le premier partenaire commercial de Maurice n’est certes pas à genoux. Mais une prolongation de la présente situation risque de compliquer les échanges.

Pourquoi Maurice est-il concerné par ces évènements au pays de Mandela ? Il est bon de rappeler que l’Afrique du Sud est le premier partenaire commercial régional du pays, que ce soit en termes d’importations, exportations ou arrivées touristiques. L’année dernière, les entreprises mauriciennes ont vendu des produits pour un montant de Rs 6,4 milliards. Nos importations de l’Afrique du Sud ont été de Rs 12,4 milliards. Selon Statistics Mauritius, les arrivées touristiques ont été de 104 834, faisant de ce pays notre quatrième source de visiteurs.

« Les relations commerciales avec l’Afrique du Sud ne seront pas affectées. Car nos exchanges tombent sous le protocole d’accord de la Southern African Development Community, dont les deux pays sont membres. Cependant, par extrapolation, dans tout pays où il existe une instabilité politique et des effets sur l’activité économique, on devrait s’attendre à un impact sur la consommation. Et quand la monnaie de ce pays prend la pente, l’incidence sur le niveau d’importation de ce pays et l’exportation vers ce pays est quasi-immédiate. Les factures sont plus élevées », fait ressortir un spécialiste du commerce international sous le couvert de l’anonymat.

Pays le plus industrialisé du continent, l’Afrique du Sud fait face depuis la semaine écoulée à une crise au sommet de l’État. La décision du président Jacob Zuma de changer de ministre des Finances – le quatrième en moins de 18 mois – a soulevé une vague de protestations venant de son vice-président, Cyril Ramaphosa et d’autres membres influents de l’African National Congress, parti au pouvoir depuis le retour à la démocratie en 1994. Le précédent titulaire de ce strapontin, Pravind Gordhan, est respecté tant par la communauté des affaires que les investisseurs étrangers. Et le nouveau, Malusi Gigaba, n’a aucune expérience dans la gestion de la Trésorerie publique.

Le lundi 3 avril, l’agence américaine de notation Standard and Poor’s, qui a rétrogradé la note de ce pays dans une catégorie spéculative, signifiant que les investissements dans ce pays (achat des obligations d’État) sont plus risqués qu’auparavant. Les agences Moody’s Investors Service et Fitch Ratings pourraient emboîter le pas à Standard and Poor’s. Ce changement a entraîné une dépréciation accélérée du rand - monnaie sud-africaine -vis-à-vis du dollar et de la roupie mauricienne.

Par rapport au dollar américain, le rand s’échange à son niveau le plus bas depuis trois ans. La semaine dernière, le rand a perdu environ 10,6 % de sa valeur face à la roupie mauricienne.  Dans son bulletin quotidien sur les devises, le groupe MCB a indiqué que le mardi 4 avril, le rand a chuté de 10 sous. La situation risque de se compliquer au cours des six premiers mois avec le rand passant sous la barre des Rs 2,50 à la vente.