Commerce : des ventes qualifiées de mi-figue mi-raisin

Si les commerçants sont satisfaits de leurs ventes de décembre et en ce début de janvier, par contre, d’autres trouvent qu’elles sont au-deçà de leurs espérances.

Hydar Ryman, président de la Street Vendors Association : «On est satisfait»

Pour le président de la Street Vendors Association, Hydar Ryman, les premières fêtes de fin d’année que des marchands ambulants ont passé au Victoria Urban Terminal, à Port-Louis, ont été un succès. Ils envisagent maintenant l’avenir avec sérénité. Certes, les débuts ont été très difficiles avec des ventes en dents de scie, mais le vent a à tourner en leur faveur à partir du 20 décembre dernier grâce à un afflux de visiteurs au Victoria Urban Terminal. Une situation qui a perduré jusqu’à la première semaine de janvier 2023. 

En fait, c’est le Metro Express qui a énormément contribué à faire connaître le Victoria Urban Terminal aux Mauriciens de toutes les couches de la société et, par conséquent, les marchands ambulants. «  C’est un passage obligé pour les passagers qui voyagent par le Métro. De plus, en décembre, grâce aux différentes animations, d’autres personnes sont venues en famille pour visiter les lieux et ont profité pour faire leurs achats », poursuit Hydar Ryman. Ce dernier affirme qu’ils ont accueilli des clients qui, d’habitude, ne fréquentaient pas les marchands ambulants quand ils étaient encore sur les routes. Il cite, notamment, les hauts cadres du secteur privé et des hauts fonctionnaires, entre autres. « Cette situation va nous pousser à mettre aussi sur le marché des produits haut de gamme pour attirer cette nouvelle catégorie de clientèle. Cependant, ce n’est pas pour autant que nous délaissons la classe moyenne qui nous a soutenus durant les longues années difficiles quand nous étions sur les routes pour gagner notre vie », explique-t-il.

Concernant les ventes, il reconnaît qu’il y a eu des progrès, mais concède qu’elles ont été éparpillées entre les quelque 700 marchands qui y travaillent. « Quand nous étions à la foire municipale, on n’était qu’à 200 ou 300 marchands et maintenant ces chiffres ont plus que doublé. Ce qui explique qu’il y a une baisse des revenus au niveau individuel par rapport aux années précédentes, mais, globalement, le succès a été au rendez-vous pour les marchands durant leur première année au Victoria Urban Terminal », indique notre interlocuteur. Il se dit aussi satisfait que depuis décembre dernier, ils ont plus de visibilité, ce qui est de bon augure pour l’avenir.  «  Nous pensons que le flot de visiteurs ira en augmentant dans les mois à venir.  Il explique que 75 % des marchands ont déjà écoulé leurs stocks et les autres le feront d’ici la troisième semaine de janvier. »

Raakesh Bhageerutty, directeur de Simla Way : «En-dessous de nos espérances»

Une situation qui contraste avec celle qui prévaut chez Simla Way. Selon son directeur, Raakesh Bhageerutty, les ventes en décembre dernier n’ont pas été au niveau de ses espérances. « Nous nous attendions à une explosion des ventes après deux ans de restrictions sanitaires, mais malheureusement, cela n’a pas été le cas », indique-t-il. Selon lui, cette situation s’explique par le fait que les Mauriciens se montrent plus prudents au niveau de leurs achats. «  Une bonne partie de la population a contracté des emprunts bancaires et avec la hausse du Repo rate, les remboursements ont aussi augmenté. Ce qui a une répercussion  certaine sur leur pouvoir d’achat », fait-il remarquer.  Il constate que même ses prévisions sur la vente des produits alimentaires ont été au-deçà de ses attentes. « Je peux vous affirmer que nos ventes de décembre 2021 ont été meilleures que celles de décembre dernier », soutient-il. 

De plus, il attribue aussi cette mauvaise performance par le fait que les prix continuent à augmenter dans le commerce. Cela dit, il s’attend à ce que le Petroleum Pricing Committee (PPC), qui va se réunir bientôt, opte pour une baisse de l’essence et du diesel. «  Ce qui soulagera la population à travers une baisse des prix dans le commerce. Si c’est le contraire, je crains que le pire soit à venir. J’appréhende le fait que 2023 pourrait être plus difficile que 2020-2021 », dit-il.

Varouna Renghen, marchand-artisan : «Je ne m’attendais pas à une remontée aussi fulgurante»

Le marchand-artisan, Varouna Renghen, est satisfait des ventes de décembre dernier. «  Les ventes ont connu une hausse de plus de 70 % par rapport à ces deux dernières années. Je ne m’attendais pas à une remontée aussi fulgurante », avoue-t-il. Cette progression est due, précise-t-il, à un flux dans les arrivées touristiques et par le fait que les Mauriciens qui se rendent à l’étranger achètent des produits artisanaux pour offrir à leurs proches et connaissances. «  J’envisage l’avenir avec sérénité », indique-t-il. Par ailleurs, il souhaite que le gouvernement accorde plus de soutien aux artisans mauriciens, notamment au niveau de la formation, car c’est un secteur qui fait vivre des milliers de familles.

Raj Appadu, président du Front Commun des commerçants de l’île Maurice : «Des ventes plus ou moins moroses»

Le président du Front Commun des commerçants de l’île Maurice, Raj Appadu, se plaint que les ventes dans les petits commerces ont été plus ou moins moroses en décembre dernier. «  Certes, des magasins de prêts-à-porter ont pu, plus ou moins, tirer leur épingle du jeu. Cependant, dans l’ensemble, les ventes n’ont pas atteint le même niveau que dans le passé », dit-il.  Il explique cette situation par la paupérisation graduelle de la classe moyenne.

Il regrette que le gouvernement ne prenne aucune décision pour relancer les commerces à Maurice. De plus, il condamne le fait que malgré ses nombreux appels, les autorités ne font rien pour protéger les petits commerçants contre les prix des loyers qu’il juge abusifs. Pour lui, les petits commerces se dirigent invariablement vers une mort lente.