Après une période de ruptures de stocks et de « panic buying », la disponibilité des œufs est revenue à la normale dans la majorité des points de vente. Les grandes surfaces sont approvisionnées et disposent de stocks suffisants pour satisfaire la demande. Toutefois, certains petits commerçants achètent en grande quantité, vidant les rayons, puis revendent les œufs au détail à des prix plus élevés.
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La pénurie d’œufs a inquiété les consommateurs ces dernières semaines. Les rayons, autrefois vides, sont maintenant à nouveau bien remplis dans la plupart des points de vente. Cette crise temporaire a engendré une vague de « panic buying », exacerbant le manque sur le marché. Selon des grandes surfaces, les producteurs et distributeurs ont réagi rapidement, ce qui a permis de stabiliser l’approvisionnement.
Chez Intermart, Ignace Lam indique que l’approvisionnement des œufs se fait normalement. « Dès qu’on remplit les étagères, certains petits commerçants en achètent par grande quantité pour ensuite les revendre au détail à des prix plus élevés », explique le CEO d’Intermart.
Selon lui, cette pratique est en dehors du contrôle des gérants de grandes surfaces. « Il n’y a pas de limitation, comme c'était le cas pour l’huile il y a quelque temps. Nous ne savons pas comment résoudre ce problème. Nous respectons les prix et avons un bon approvisionnement. Le problème persiste avec les petits revendeurs qui retirent les produits des rayons et les revendent plus chers », précise ce dernier.
Ignace Lam pense que le ministère du Commerce doit agir. « Nos commandes sont les mêmes, mais il y a de nouveaux acheteurs qui vident les rayons et déséquilibrent la vente. Les citoyens en pâtissent », fait-il ressortir.
Du côté de Lolo Hyper, Yusuf Sambon abonde dans le même sens. « Il y a un problème avec les œufs. Dès qu’on les met sur les étagères, les stocks sont pris d’assaut et les étagères se vident aussitôt », souligne notre interlocuteur. Il précise que des consommateurs peuvent acheter deux ou trois plateaux d’œufs, craignant qu’il n’y ait une rupture. Ce qui est au détriment d’autres consommateurs. Comme Ignace Lam, il explique aussi que les petits commerçants achètent en plus grande quantité, car il n’y a aucun contrôle sur les œufs.
« Les petits commerçants achètent en grande quantité et revendent à des prix plus élevés. Il y a aussi des snacks et des restaurants qui en achètent beaucoup. Les quantités disponibles s’épuisent rapidement. Par exemple, si je commande 1 000 cartons, le distributeur me donne 1 200, et même en mettant 3 000, c’est insuffisant avec les ventes actuelles », explique Yusuf Sambon. Il fait le parallèle avec la pandémie de covid-19 qui avait engendré le « panic buying » et en grande quantité.
Le ministère du Commerce persiste et signe
Au niveau du ministère du Commerce, on rassure qu’il n’y a aucune pénurie d’œufs sur le marché. Ce qui a conduit à une situation dans laquelle les consommateurs, pensant à tort qu’il y a une pénurie, se sont livrés au « panic buying ». On indique aussi que la différence dans les prix de ventes entre certains petits commerces et les grandes surfaces n'est pas une nouveauté. « Le phénomène d’écart de prix entre les grandes surfaces et les petits commerçants existe depuis longtemps. Les petits commerçants, qui revendent les œufs, ont des frais de transport et d’autres frais. Ils ne peuvent pas se permettre de vendre à perte », indique-t-on du côté du ministère.
On précise de plus que trois gros producteurs d’œufs dominent le marché, couvrant 80 % de celui-ci, tandis que les petits acteurs se partagent les 20 % restants. « Les producteurs et distributeurs principaux insistent sur le fait que les prix n’ont pas été augmentés », ajoute-t-on.
Le ministère du Commerce fait observer que les œufs sont des produits périssables avec une date d’expiration. Et ils font face à un phénomène de « panic buying » qui n’a pas de raison réelle. « La situation devrait revenir à la normale d'ici à la fin du mois », rassure-t-on.
Pas de quota
Le ministère du Commerce explique qu’aucune directive n’a été donnée aux revendeurs pour qu’un rationnement soit applicable sur la vente d’œufs. Tout quota imposé sur la vente d’un produit sans l’aval du ministère du Commerce n’est pas conforme à la loi.
Jayen Chellum plaide pour une tarification des œufs
Le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) révèle une « hausse alarmante » de 33 % du prix des œufs en seulement un mois. Cette augmentation a été observée à la suite d’enquêtes menées dans plus de 126 boutiques et tabagies à travers l’île.
Il y a des petits commerçants qui vident les grandes surfaces. C’est ce qui est à l’origine de cette pénurie artificielle des œufs. Ils les revendent ensuite à des prix plus élevés.
Face à cette flambée des prix, Jayen Chellum, lance un appel à la ministre du Commerce, Dorine Chukowry, pour qu’elle prenne des mesures immédiates, afin de stabiliser les prix des œufs. « Il faut une tarification des œufs basée sur leur poids, permettant ainsi une différenciation des prix selon leur taille », estime ce dernier.
Selon lui, pour chaque catégorie, les prix ne doivent pas dépasser un certain seuil. « Actuellement, certains achètent en grande quantité dans les supermarchés pour revendre à des prix allant de Rs 12 à 13. Appliquer une tarification pour chaque poids permettrait de réguler le marché. » La façon d’agir des petits commerçants crée des déséquilibres. « Les supermarchés ne sont pas en cause. Le problème se situe dans les petits commerces où les abus sont fréquents. Des actions auraient dû être prises plus tôt, comme imposer un quota de vente (pas plus qu’un plateau de 30 ou deux boîtes de 12). La pénurie est donc artificielle », soutient Jayen Chellum.
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