Alors que la polémique enfle autour d’une éventuelle augmentation du tarif d’eau, la Central Water Authority (CWA) s’évertue à renflouer ses caisses en imposant le tarif commercial aux boutiquiers dont le commerce est annexé à leur résidence. Du coup, leurs factures d’eau ont presque doublé.
Incompréhension totale de certains boutiquiers de Port-Louis. Depuis quelques mois, leurs factures de la Central Water Authority (CWA) ont presque doublé sans consommation additionnelle d’eau. Ils avaient cru au départ que la CWA avait revu à la hausse son tarif sans annonce officielle.
C’est en allant aux renseignements qu’ils ont appris que la CWA a changé son régime tarifaire, appliquant un tarif commercial au lieu de domestique à tous consommateurs dont le commerce est annexé à leur domicile. Du coup, ils doivent s’acquitter également de la facture pour le tout-à-l’égout (Wastewater Management Authority).
Action arbitraire alléguée
Pour les boutiquiers touchés par cette mesure, la CWA a agi de façon arbitraire à leur égard pour trois raisons. Primo, ils n’ont pas été informés du changement de régime tarifaire. Secundo, la CWA n’a pas daigné faire un « survey » pour déterminer si leur consommation d’eau est d’usage domestique ou commercial.
Tertio, on ne leur a pas conseillé de faire une demande pour obtenir un compteur séparé pour leur commerce. « Les petits sont toujours les plus vulnérables. On leur impose toutes sortes de mesures, sachant qu’ils n’ont pas les moyens de réagir. La presse est notre seule planche de salut », font ressortir nos interlocuteurs. L’un d’eux, dont la boutique a été ouverte par son grand-père il y a plus de 60 ans, a tenu à apporter une précision. Il a affirmé que, de tout temps, les boutiques annexées aux résidences étaient facturées sous le régime domestique.
Sentiment d’injustice
Certains boutiquiers estiment que la CWA est en train de les dépouiller en leur faisant payer l’eau à consommation domestique sous un régime commercial. « Vu que notre commerce est annexé à notre maison, la consommation d’eau domestique est de 99 %. C’est injuste de nous imposer le régime commercial, qui double notre facture. Pire, simultanément, notre facture de la WMA a été doublée. C’est une injustice », déplorent-ils.
« Écrasés par la concurrence »
La CWA, fustigent-ils, les contraint à faire une demande pour un deuxième compteur. « C’est un coût additionnel pour des boutiques qui sont en voie de disparition face à la baisse drastique de leur chiffre d’affaires. Pour un deuxième compteur, nous devons débourser environ Rs 2 700. Déjà, nous sommes écrasés par la concurrence des supermarchés. Cette mesure de la CWA va accélérer le processus de la mise à mort des petites boutiques de coin de rue », font-ils ressortir.
Deux poids deux mesures
Ces boutiquiers disent être victimes d’une politique de deux poids deux mesures de la CWA. « On nous fait payer l’eau à usage domestique sur un tarif commercial, alors que la CWA n’arrive pas à résoudre le problème de vol d’eau par des opérateurs économiques. Le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, a d’ailleurs révélé au Parlement que 20 % du non revenue water sont attribués au « water theft ». Donc, ceux qui paient se font plumés alors que ceux qui volent demeurent impunis », dénoncent-ils.
À leur avis, si la CWA est en quête urgente de revenus supplémentaires, elle aurait dû se tourner vers le gros capital en révisant « leurs concessions d’eau et le Water Right qui font entrer dans les caisses de la CWA des millions de roupies mensuellement. »
Ils n’arrivent pas à comprendre pourquoi la CWA s’acharne sur les petits boutiquiers pour fermer les yeux sur les privilèges accordés au gros capital, qui engrange des milliards de roupies de profits par an.
Les boutiquiers estiment que la CWA aurait dû leur accorder un délai pour faire une demande pour un compteur séparé pour leur commerce. Ils soutiennent ainsi que cet organisme a le devoir de rembourser le surplus qu’ils ont payé.
L’organisme justifie cette mesure
La direction de la Central Water Authority indique n’avoir reçu aucune plainte des boutiquiers dont le commerce est annexé à leur résidence. Le changement de catégorie (de résidentielle à commerciale) a été fait en accord avec les Central Water Authority Regulations de 2011. Les résidences concernées par ces changements ont été informées en bonne et due forme. Conformément à la réglementation de 2011 de la Central Water Authority, la section 18 (Water for Domestic Purpose) stipule : « Where a consumer uses water supplied to him for domestic purposes for another purpose, the water charges payable by him shall be calculated using the water rate which is the higher of the rate for domestic purposes and the other purpose ». Le changement de catégories, de résidentielle à commerciale, est un exercice couvrant toute l’île. La direction de la Central Water Authority insiste que le water theft et le changement de catégories ne sont pas liés. Les abonnés sont simplement facturés sur la base de leur consommation. Pour réduire le non revenue water, la brigade anti-fraude est sur le terrain tous les jours à travers le pays afin d’identifier toute infraction.
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