Commandité depuis la prison de Beau-Bassin : un bijoutier victime d’extorsion

Mardi, la police a arrêté Fabrice L. et sa cousine Sarajane. Ils sont suspectés d’avoir essayé de soutirer Rs 90 000 à un bijoutier. Le commanditaire de l’arnaque serait un détenu de la prison de Beau-Bassin !

Dimanche, la police de Bambous reçoit un appel. À l’autre bout du fil, quelqu’un se présente comme un responsable de la police criminelle de Port-Louis Sud.

Nou pe rod bizoutie Sanjeev pou enn lanket. Get enn nimero pou li », dit-il avant de raccrocher.

Puisque la bijouterie de Sanjeev se trouve à seulement quelques mètres du poste de police, un officier se rend sur place.

Je n’étais pas là et le policier a informé mon épouse que j’étais recherché par la police, explique Sanjeev. Elle lui en a demandé la raison et on lui a répondu qu’un haut gradé avait dit que c’était pour une affaire d’objets volés. C’est ainsi qu’elle lui a donné mon numéro de portable. »

Une demi-heure plus tard, Sanjeev reçoit un appel.

Enn kiken dir mwa limem Surintendant de police (SP) e ki ena enn warant kont mwa, warant la dan so lamin e se li ki desid tou e ki li ti kapav fer aret mwa depi yer (samedi). »

Il ajoute détenir des renseignements à son sujet.

Linn dire mwa linn get ek stasion Flacq ek Bambous ek linn aprann mo enn bon dimoun, poursuit Sanjeev. Il m’a dit qu’il ne voulait pas me causer d’ennuis et qu’il pouvait remédier à cela. Je lui ai dit que je n’avais commis aucun délit et que je ne comprenais pas la raison de ce mandat d’arrêt contre moi. Il m’a dit que j’aurais plus de détails lors de ma comparution en cour. Li azoute ki li kapav fer enn zafer pou moi. »

Sanjeev raccroche en proie à des doutes.

Usurpateur

Lundi, il reçoit un nouvel appel.

Linn demann mwa Rs 90 000. Monn dire li fer enn pri. Li dir mwa si fer enn pri mo pou al dormi dan kaso. Il s’est montré insistant. J’ai donc décidé de me rendre au poste de police de Bambous. »

Un policier a téléphoné au haut gradé mais celui-ci a fait comprendre qu’il n’avait aucun mandat d’arrêt contre le bijoutier.

C’est clair que Sanjeev a affaire à un usurpateur et les limiers de la CID de Bambous montent une opération afin de le coincer. Il est convenu que Sanjeev prenne contact avec le pseudo SP pour l’informer que l’argent sera prêt mardi.

Il m’a dit de venir lui remettre l’argent dans la région de Ste-Croix mais il s’est ravisé pour me donner rendez-vous en face d’un garage à Grande-Rivière-Nord-Ouest, vers 13 heures. »

Tout le parcours de Sanjeev est suivi de près par des policiers.

Dès que je lui ai tendu l’enveloppe remplie de coupures de journaux, les policiers l’ont encerclé. »

En fait, il s’agissait de Fabrice L., 22 ans, de Goodlands, accompagné de sa cousine, Sarajane M., 18 ans, venus à motocyclette. Conduits dans les locaux de la police criminelle de Bambous, ils ont chacun expliqué leur implication.

C’est un cousin, prisonnier à la prison de Beau-Bassin, qui a monté cette combine, a indiqué Fabrice L. Il m’a seulement téléphoné pour me dire d’aller récupérer une enveloppe. Je ne me suis jamais présenté comme un haut gradé de la police. » 

La jeune femme a, elle, expliqué qu’elle n’a fait que suivre son cousin.

Je ne savais pas qu’il allait récupérer de l’argent. »

Les deux jeunes ont comparu en cour de Bambous, mercredi, sous une charge provisoire d’extorsion. La police a objecté à leur remise en liberté sous caution. Leurs cellulaires sont examinés pour déterminer la provenance des appels. Le détenu, suspecté d’être derrière cette affaire, n’a pas encore été interrogé. Il purge actuellement une peine de prison dans une affaire de drogue.

Quant à Sanjeev, il dit ne pas comprendre pourquoi il a été l’objet de cette arnaque.

Je n’ai jamais eu de problème avec qui que ce soit et je ne vois pas qui pourrait m’en vouloir pour me piéger ainsi… »