Khan Younès, dans le sud de Gaza, est le théâtre mercredi de combats meurtriers entre le Hamas et l'armée israélienne, qui poussent les habitants à fuir et menacent les hôpitaux, au moment où les pays médiateurs tentent de parvenir à une nouvelle trêve dans le territoire palestinien dévasté.
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Des frappes nourries et des tirs de chars, selon un correspondant de l'AFP, ont encore visé Khan Younès, une ville en grande partie détruite, devenue l'épicentre de la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante du mouvement palestinien contre Israël.
L'armée israélienne avait admis mardi avoir commencé à inonder les tunnels creusés par le Hamas dans le sous-sol de Gaza, un des grands objectifs tactiques de la guerre.
Ce vaste réseau de couloirs bétonnés constitue un piège pour les soldats et plusieurs otages y ont été retenus. Israël accuse le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, de les avoir construits notamment sous des hôpitaux et d'autres bâtiments civils, justifiant ainsi ses bombardements.
Après bientôt quatre mois de guerre, les Etats-Unis, l'Egypte et le Qatar s'activent en coulisses pour tenter de convaincre Israël et le Hamas de s'engager dans une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages à Gaza et de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.
- Réunion au Caire -
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en exil au Qatar, est attendu mercredi ou jeudi au Caire pour des discussions sur un projet de trêve.
Sa délégation doit rencontrer "des responsables du renseignement égyptien", a déclaré à l'AFP un responsable du mouvement à Gaza, pour discuter d'une proposition formulée lors d'une récente réunion à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.
Le Hamas réclame cependant un cessez-le-feu total en préalable à tout accord, notamment sur la libération des otages israéliens.
Israël de son côté refuse tout arrêt des combats tant que le mouvement, qu'il considère comme une organisation terroriste tout comme les Etats-Unis et l'Union européenne, ne sera pas éliminé.
Le Hamas "insistera sur la nécessité d'un arrêt total de l'agression" israélienne, "d'un retrait des forces d'occupation et du retour des déplacés dans le nord de la bande de Gaza", a ajouté ce responsable, affirmant que le mouvement rejetait "toute proposition" d'Israël qui porterait sur "un cessez-le-feu partiel et temporaire".
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Au total, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza. Selon les autorités israéliennes, 132 otages y restent détenus, dont 29 seraient morts.
En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et lancé une vaste opération militaire qui a fait 26.900 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.
- "Livrés à nous-mêmes" -
Les combats et les bombardements ont fait 150 morts en 24 heures à travers le territoire, a annoncé mercredi le ministère de la Santé du Hamas.
"Des dizaines de raids" de l'aviation israélienne ont visé le centre et l'ouest de Khan Younès, "faisant des dizaines de morts et de blessés", a déclaré le gouvernement du Hamas.
Selon l'armée, "des dizaines de terroristes" ont été tués lors d'un raid contre des installations du Jihad islamique, un autre groupe armé palestinien, dans l'ouest de la ville.
"Un atelier de fabrication d'armes, y compris de roquettes à longue portée, de missiles antichars, de mines et d'explosifs" a été détruit, de même qu'une "voie souterraine située dans un tunnel", a ajouté l'armée.
Mercredi matin, selon des témoins, des tirs d'artillerie ont visé l'hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud du territoire.
Des milliers de civils y sont réfugiés tout comme dans l'hôpital du Croissant-Rouge palestinien, al-Amal, près duquel le personnel a signalé des combats tandis que la nourriture manquait.
"Nous avons quitté l'hôpital Nasser sans matelas, sous les bombardements et frappes aériennes. Nous ne savions pas où aller. Nous sommes dans le froid, livrés à nous-mêmes, sans tentes et sans rien pour survivre", a témoigné une femme qui a fui pour Rafah, à une vingtaine de kilomètres plus au sud.
Dans le territoire assiégé par Israël, en proie à une crise humanitaire majeure, les bombardements ont poussé 1,7 million de Palestiniens, selon l'ONU, sur un total de 2,4 millions d'habitants, à fuir leur foyer.
La plupart se sont dirigés vers le sud à mesure que les combats s'étendaient. Plus d'1,3 million de déplacés, selon l'ONU, s'entassent à présent à Rafah, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte.
Ajoutant à la détresse de la population, les opérations d'aide aux civils de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) sont menacées après qu'Israël a accusé 12 des 30.000 employés régionaux de l'agence d'implication dans l'attaque du 7 octobre.
Treize pays ont suspendu leurs financements à cette agence.
Le retrait des fonds à l'Unrwa "entraînerait l'effondrement du système humanitaire à Gaza, ce qui aurait des conséquences considérables", ont mis en garde des chefs de plusieurs agences de l'ONU.
Face au risque d'un embrasement au Moyen-Orient, la Maison Blanche a affirmé que la réponse des Etats-Unis serait probablement "graduée", après la mort de trois soldats américains dimanche en Jordanie, dans une frappe de drone attribuée à des groupes pro-Iran.
© Agence France-Presse
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