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Combat contre la drogue : rivalité entre l’Adsu et la MRA

Adsu et la MRA au Casernes centrales. Les principaux responsables de l’Adsu et de la MRA au Casernes centrales.

Depuis la saisie des trois cargaisons de drogue, estimées à Rs 2,4 milliards, dans le port en mars dernier, la guerre entre la Narcotics Section de la Mauritius Revenue Authority et l’Anti-Drug and Smuggling Unit est plus que jamais évidente.

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Clash entre la Narcotics Section de la Mauritius Revenue Authority (MRA) et l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). Le différend porte sur les communiqués de la MRA informant la presse d’une saisie de drogue, avec tous les détails relatifs aux opérations menées par ses douaniers. C’est le timing de ces press releases qui dérange la brigade anti-drogue. En effet, les enquêteurs déplorent que l’affaire soit étalée au grand jour tant que toutes les données n’ont pas été compilées et les éventuelles arrestations effectuées.

Plusieurs sessions de travail entre les deux entités ont eu lieu en vue de permettre une meilleure collaboration. Toujours est-il qu’il existe une certaine tension, même si les directeurs de ces deux unités disent être sur la même longueur d’onde. L’idée de réunir les éléments de la MRA et de l’Adsu autour d’une même table vient de l’Independent Commission against Corruption (Icac). Une ligne de démarcation avait été établie pour situer les rôles distincts de chacun.

Des saisies effectuées par les deux équipes.

Mais sur le terrain, est-ce le cas ? Non, répondent nos sources proches des deux unités. Les douaniers sont avantagés, car ils sont chargés d’établir le premier contact avec les voyageurs entrant au pays, lors des border controls. Ce n’est qu’après cette étape que l’Adsu entre en jeu, s’il y a un quelconque soupçon.

Par contre, l’exercice de profiling est mené par les officiers de la MRA, ainsi que par ceux de l’Adsu. Dans certains cas, une interpellation pour une vérification ou fouille se fait de manière conjointe. La tâche de l’Adsu démarre là où s’arrête celle de l’Anti-Narcotics Section. Cependant, les douaniers ne bénéficient pas du système de primes comme celle allouée aux policiers. « Les douaniers sont rémunérés de manière appropriée », indique-t-on dans le milieu.

Avec la mise en application de la Customs Act, les  douaniers peuvent désormais procéder à l’arrestation des présumés trafiquants ou passeurs, enquêter et placer des suspects en détention. L’Adsu, de son côté, fait de son mieux pour détecter tout trafic de drogue, sur la base de ses renseignements. Ces informations ne sont pas obtenues si facilement.

Pour le commissaire de police adjoint Choolun Bhojoo, patron de l’Adsu, il n’y a pas de compétition. L’Adsu, l’Icac et la douane ont le même objectif. Il se justifie en évoquant les échanges d’informations régulières. À titre d’exemple, avant l’arrestation de Westley Badhoodeenkhan par l’Adsu, l’Icac était sur sa piste concernant un cas de blanchiment d’argent.

Et les médias…

À plusieurs reprises, comme lors de la saisie de 1,2 kg d’héroïne en juin, l’Adsu a reproché à la MRA d’avoir fait capoter ses opérations, en émettant des avis de presse, alors que leurs opérations étaient toujours en cours. Selon les procédures établies, la MRA doit avoir obtenu l’aval du bureau de l’Adsu avant de faire circuler les informations. Cependant, dans les couloirs de l’Adsu, on laisse entendre qu’à de nombreuses reprises, les journalistes sont déjà au courant de l’affaire, alors que les éléments de l’Adsu sont toujours à pied d’œuvre sur le terrain.

Cette confusion serait due à une mauvaise coordination. « Les opérations conjointes doivent être reflétées dans la presse », soutiennent nos sources à la douane. Mais, selon le patron de l’Adsu, le release se fait de manière prématurée. « Des fois, nous sommes toujours sur un dossier et l’histoire est déjà dans les médias, avant même que les suspects ne soient arrêtés. Toutefois, la situation s’est améliorée depuis quelque temps. »

Le « reward money »

Au sein de l’Adsu, le système de reward money est une véritable source de motivation. Il s’agit d’une prime perçue par les policiers ayant participé à des opérations menant à une saisie de drogue. Nos sources à la brigade anti-drogue expliquent que le travail de l’Adsu se fait principalement en se basant sur les informations obtenues.

L’autre étape est la vérification de l’information avant la mise sur pied d’une opération, suivie de l’enquête. Les cas de trafic de drogue et de contrebande sont différents des cas que traitent les autres unités de police, nous expliquent nos sources à l’Adsu. Un gradé de la brigade anti-drogue ne cache pas ses doutes quant à la capacité de la MRA de mener une enquête portant sur le trafic de drogue. « Zot pena lexperians, kapasite, ni savwar fer », soutient-il.

 

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