En marge de la Journée internationale de lutte contre la corruption, l’émission Au cœur de l’info de mercredi était axée sur la situation à Maurice et ce qu’il faut faire pour mettre un terme à ce fléau. Les invités de Mélanie Duval et d’Al Khirz Ramdin affirment qu’il faut de la volonté, en sus d’une révision du système.
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Lovania Pertab, présidente de Transparency Mauritius, affirme que plusieurs manquements font que Maurice n’arrive pas à maintenir son score ou à faire mieux sur l’indice de perception, notamment l’absence d’une loi pour le financement politique, le whistle blowing ou la freedom of information. Elle concède aussi que les nominations au sein des institutions accentuent la perception de corruption.
« À Maurice, il y a des institutions contre la corruption. Pourtant, celle-ci gangrène le pays. On entend parler que des petits actes de corruption, alors que les enquêtes sur ceux de plus grande envergure ou la corruption politique n’aboutissent pas. Ce qui démontre qu’on ne fait pas face à ce problème de façon intelligente et avec une volonté réelle de l’éliminer », déplore la présidente de Transparency Mauritius.
Pas de plan stratégique
Lovania Pertab dénonce également qu’il n’existe aucun plan stratégique alors que la corruption est « une maladie nationale ». Elle souligne, de plus, que la corruption est présente tant au sein du secteur public que privé.
Ajoutant que la lutte contre la corruption est difficile, Lovania Pertab croit qu’il faut une collaboration avec d’autres pays dans ce combat. Elle préconise aussi que les nominations au sein des institutions, comme la commission anticorruption, entre autres, se fassent de façon « transparente » afin que le public ait confiance.
Éducation
Pour sa part, le Dr Geetanee Napal, Associate Professor à l’Université de Maurice et chercheur en corruption, est d’avis qu’aussi longtemps qu’il n’y aura pas de contrôle strict, la corruption continuera à prendre de l’ampleur. « La corruption ne concerne pas que la personne qui accepte un pot-de-vin, mais aussi la personne qui l’offre », explique-t-elle.
Le Dr Geetanee Napal indique que, pour mettre un frein à la corruption, un changement de mentalité est de rigueur. Selon elle, les lois sont là, mais il faut éduquer les gens. « Il faut pouvoir respecter les lois et avoir une certaine éthique », lance cette dernière.
Le leadership coach, Rajendra Patil Hunma, souligne qu’on entend souvent parler des petites corruptions alors que la corruption systémique est « rare ». « C’est un peu souterrain, alors qu’il y a beaucoup de personnes impliquées. La grosse corruption ou corruption systémique cause d’énormes dégâts. Or, ce n’est pas une simple loi qui va arrêter la corruption qui est rédigée par les mêmes personnes impliquées dans ce système », avance ce dernier.
Rajendra Patil Hunma, comme le Dr Geetanee Napal, met l’accent sur l’éducation qui peut aider dans ce combat. « Cela va prendre du temps avant qu’on puisse éliminer la corruption. Il faut une éducation pour résoudre ce phénomène », estime-t-il.
Roshi Bhadain, ancien directeur des enquêtes à la commission anticorruption et ancien ministre de la Bonne gouvernance, fait une série de propositions pour endiguer la corruption. « Une Financial Crime Commission aurait aidé. On aurait eu tous les acteurs concernés par la corruption sur la même plateforme », déclare ce dernier. Il se dit satisfait qu’il ait pu amener l’unexplained wealth.
Il pense, par ailleurs, que la commission anticorruption doit être « scrapped ». Sinon, Roshi Bhadain souligne qu’il faut revoir la façon de nommer le directeur de cette commission. « Si on veut combattre la corruption, il faut de la volonté politique, des institutions indépendantes, des gens compétents et le budget pour pouvoir enquêter. Puis, il faut faire en sorte que ce soit un délit que les politiciens n’essayent pas d’influencer », recommande-t-il.
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