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Collégien refoulé à cause de ses dreadlocks : Jaho Yonzha Collet et ses parents disent non à la discrimination 

Dorothée Quirin encadre son fils, qui est un élève brillant, pour qu’il reste motivé. Il veut devenir pilote.

À 14 ans, Jaho Yonzha Collet rêve d’être pilote. Brillant élève, il voulait marcher sur les traces de son père et être admis au Rodrigues College. Cependant, son rêve ne deviendra pas réalité. Raison : la direction a refusé de procéder à son admission à ce collège à cause de ces dreadlocks. Depuis, ses parents et lui mènent un combat pour lutter contre la discrimination. 

C’est une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et qui a soulevé un tollé sur la Toile. Les internautes ont été nombreux à partager la photo de Jaho Yonzha Collet sur leur profil Facebook, accompagné de messages de soutien. Ils sont indignés de la décision du Rodrigues College de ne pas admettre un enfant à cause de ses dreadlocks. 

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Sa mère Dorothée Quirin indique que c’est lors des procédures d’admission en décembre 2022 qu’elle s’est retrouvée face à cette situation. « Nous avons habité pendant cinq ans à Maurice avant de rentrer à Rodrigues pour qu’ils puissent prendre part aux examens du Primary School Achievement Certificate. Il a bien travaillé. Il a décroché quatre unités. Il était content de savoir qu’il était éligible pour une admission au Rodrigues College », explique-t-elle. 

Cependant, sa joie a été de courte durée. « Je suis allée rencontrer le recteur. Je l’ai informé que mon fils avait des dreads. C’est là que son attitude a changé. Il m’a dit que si je voulais qu’il soit admis, il fallait que je lui coupe les cheveux. Je lui ai expliqué qu’il est né avec ces cheveux et qu’il les a toujours eus ainsi. Le recteur n’a rien voulu entendre. »

Face à cette attitude, elle est allée frapper à la porte du collège Le Chou. « C’est un monde de différence. Je ne trouve pas les mots tellement je suis touchée par l’attitude du responsable du collège et son envie d’accueillir mon fils. » Elle explique que son enfant a été admis dans ce collège où il a fait ses premiers jours le 9 janvier. « Il me dit qu’il s’est fait des amis et que tout se passe bien. Je suis contente pour lui. » 

Même si elle dit ne plus vouloir une admission au Rodrigues College pour son fils, elle ne compte pas laisser passer cette affaire. « Mon fils est né avec ces cheveux. À l’âge d’un an, nous les lui avons coupés, mais ils ont repoussé de la même manière. Depuis, lui non plus ne veut pas se les couper. Cela n’a jamais été un problème pour aucun des établissements scolaires qu’il a fréquentés. » 

Le souhait de cette mère aujourd’hui : sensibiliser les gens et solliciter des réactions de la part des autorités. Elle avance que sur le papier remis par le collège, il a été mentionné que c’est à la demande des parents que ce transfert a été fait. « C’est totalement faux. C’est quand nous avons mentionné les vraies raisons de ce transfert que l’affaire a été rendue publique par des personnes indignées », précise Dorothée Quirin. 

Le Défi Plus a également sollicité une réaction de la part du responsable du Rodrigues College. Un enseignant a dit ceci : « Ce n’est pas de la discrimination. Les règles du collège ont été expliquées aux parents, de même que l’importance de n’accorder aucun privilège à qui que ce soit. Les parents ont ensuite pris leur décision. » 

Quant au recteur, il était en réunion avec le personnel du collège lorsque nous l’avons contacté. Nous l’avons par la suite de nouveau sollicité. Mais il n’a pas retourné nos appels. 

Henrisson Azie, recteur du collège Le Chou : « On ne s’est pas attardé sur son physique » 

Sollicité pour une réaction, le recteur du collège Le Chou, Henrisson Azie, avance qu’il était loin de se douter que cette affaire allait faire polémique. « Les parents sont venus nous voir pour demander que leur fils soit admis au collège. Nous avons suivi la procédure habituelle. Le garçon est allé en classe le 9 janvier et tout se passe bien. » 

Il ajoute que comme tous les collèges, ils ont des règlements que les élèves se doivent de respecter. « Cependant, on ne s’est pas attardé sur son aspect physique. Cela ne cause aucun problème, que ce soit pour les membres du personnel que pour les élèves. »

Le ministère de l’Éducation : « Un malheureux incident » 

Si les parents de l’adolescent avaient pensé s’adresser aussi au ministère de l’Éducation, celui-ci, à en croire son attaché de presse Elvissen Adaken, ne peut pas intervenir dans ce qui a trait aux admissions dans les collèges de Rodrigues. Cependant, il qualifie cette situation de « malheureux incident ». Pour lui, c’est un cas isolé où il s’avère que l’enfant est né ainsi. Il dit espérer que les responsables reviendront à de meilleurs sentiments dans le meilleur intérêt de l’enfant. « Il est important de ne pas refuser l’accès à l’éducation à un enfant en se basant sur son physique. De plus, c’est un élève brillant. Il faut l’encadrer pour qu’il puisse donner le meilleur de lui-même au lieu de le décourager. » 

Le geste du Chef commissaire salué 

Les commentaires des internautes étaient mitigés suivant la photo du Chef commissaire Johnson Roussety portant une perruque de dreadlocks le mercredi 11 janvier 2023. Or, les proches de l’adolescent semblent avoir apprécié ce geste. Le principal concerné a affirmé dans une vidéo qui a fait le buzz sur le Net qu’il portait cette perruque à l’Assemblée régionale ce jour-là pour soutenir le collégien. Dorothée Quirin salue le Chef commissaire pour son action. « Sa zes la bien meaningful. Linn montre ki li respekte tou dimounn pe inport kouma li ete. » Elle avance aussi qu’elle souhaiterait rencontrer Johnson Roussety pour parler de cet incident. 

Rita Venkatasawmy prône le droit à la différence 

L’Ombudsperson for Children de la République de Maurice explique que son bureau a suivi cette affaire de près. « Dans le processus éducatif, il faut apprendre aux enfants à accepter les autres avec leurs différences. Nous vivons dans un monde où nous sommes tous différents. Ce sont les diverses fleurs qui font la beauté d’un jardin. Le droit d’être différent est un droit fondamental », a-t-elle réagi. Pour Rita Venkatasawmy, la position de la direction donne matière à réfléchir. « Cela envoie un mauvais signal aux élèves. Éducation ne signifie pas uniquement les performances académiques. » Elle tient à saluer la position du Chef commissaire. « Il a osé. Ce geste est très apprécié. » 

 

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