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Collèges d’Etat : le manque de contrôle du travail des enseignants déploré

Les examens de fin d’année des Grade 7 à 10 débutent la semaine prochaine. À quelques jours de ces épreuves, une cruelle réalité fait surface : l’absence de contrôle du travail des enseignants, surtout dans les collèges d’État. 

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« Depuis un mois, les requêtes pour des précisions émanant des étudiants pleuvent. Ils se plaignent que leurs enseignants au collège ont bâclé le travail durant toute l’année. Pratiquement tous les jours, j’ai une classe supplémentaire dédiée à ces étudiants qui ne peuvent se fier qu’aux leçons particulières », souligne un enseignant très réputé pour les leçons particulières dans les hautes Plaines-Wilhems. 

Un autre enseignant très convoité pour les leçons de mathématiques fulmine contre le ministère de l’Éducation. « L’absence de contrôle du travail des enseignants est un crime contre les étudiants dont les parents ne peuvent se permettre de leur payer des leçonsnparticulières. Je suis offusqué par l’amateurisme de quelques collègues. Dans un collège d’État de Port-Louis, les étudiantes n’ont presque rien compris des cours d’un enseignant d’Add Maths. S’il y avait un contrôle, tel n’aurait pas été le cas », fait-il ressortir. 

Jalesh est en Grade 9 dans un collège d'État de Phœnix. Il avait confié à son père, en début d'année, que son enseignant de mathématiques, faisait la pluie et le beau temps en classe. « Nous n'avons pas complété le syllabus à l'école » dit Ricardo. Ce père explique qu'après de telles révélations, il s'est rendu au collège pour en parler au recteur. « Je fais confiance à mon fils. Quand j'ai vu son cahier, je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de devoirs qui n'avaient pas été corrigés. Je lui ai posé quelques questions. Il m'a répondu qu'il ne comprenait pas toujours les explications du prof et que ce dernier ne corrigeait pas les devoirs », s’indigne-t-il.

Karishma est, elle, en Grade 8. Sa mère Priya n'en peut plus à tel point qu'elle a décidé de lui donner des leçons de mathématiques, d’anglais, de français, de science et de littérature anglaise. « Je ne fais pas confiance aux enseignants de ma fille. Quand je vérifie les cahiers, c'est horrible. Les devoirs ne sont pas corrigés, le syllabus n’est pas complété. Je pense même demander un transfert vers un collège privé pour 2020. L’avenir de ma fille est en jeu », dit-elle.

Suivi pendant toute l’année

Marine est une mère célibataire. Sa fille Élodie est en Grade 10 dans un collège d’État de la capitale. Elle confie qu'elle a à cœur le parcours académique de son enfant parce qu'elle souhaite qu'elle fasse des études supérieures. « J’ai toujours vérifié ses cahiers depuis le début de sa scolarité. J'allais à l'école à chaque fois que l'occasion me le permettait. Aujourd'hui encore, je le fais », dit-elle. 


Yugeshwur Kisto : «Trop facile de tout balancer sur notre dos»

Yugeshwur Kisto, président de la Government Secondary School Teachers Union (GSSTU), soutient qu’il est facile de juger un prof qui ne travaille pas. Il insiste qu’il « est temps pour que chacun assume ses responsabilités ». « Il faut bien voir la source du déclin dans l'éducation. C'est trop facile de tout balancer sur les dos des profs. Le prof, celui qui forme la relève, est trop souvent montré du doigt », dit le syndicaliste. Quid de la vérification du travail des enseignants ? Yugeshwur Kisto ajoute : « Il y a le recteur, les administrateurs du ministère et la Quality Assurance and Inspection Division (QAID) qui s'assure que si le travail est bien fait. Ils sont présents en cas de problème. » 

Sooryadanand Meetooa, président de l'Education Officers' Union (EOU), prône, lui, le dialogue à tous les niveaux. Il soutient que lorsqu’il y a un problème, il faut s’asseoir et discuter pour trouver une solution. Le nouveau président de l’EOU soutient n’avoir reçu aucune critique concernant le travail d’un enseignant. « Le métier de l’enseignant est noble. S’il arrive que certains enseignants ne se montrent pas à la hauteur, je pense que ce sont des cas isolés. Nous encourageons les élèves à venir vers nous, même pendant les vacances scolaires, et nous répondrons à leurs questions ».


Soondress Sawmynaden : «Le rôle du recteur est de tout vérifier avant d’agir»

Soondress Sawmynaden, président de l’Union des recteurs et des assistants-recteurs, met en exergue le rôle des recteurs au sein d’un établissement secondaire. Il explique qu’un questionnaire est préparé par les enseignants pour un grade spécifique. Il est préparé en fonction des chapitres complétés en classe. Le recteur fait ressortir que toutes les plaintes reçues sont prises en considération. « Il est de la responsabilité du parent de faire un suivi des études de son enfant tout au long de l’année et ne pas attendre la veille des examens pour le faire. » Soondress Sawmynaden confie avoir déjà reçu des plaintes des parents. « Le rôle du recteur est de tout vérifier avant d’agir. Lorsqu’il y a une plainte, le recteur demande une explication à l’enseignant en question et le rappelle à l’ordre si besoin est. Il faut trouver un compromis entre l’élève et l’enseignant pour qu’au final, le travail se fasse dans les meilleures conditions », dit-il. 

Sa responsabilité, dit le recteur, ne se limite pas qu’à l’administration de son établissement. « Un recteur peut entrer dans une salle de classe à tout moment de la journée, assister aux cours et vérifier les cahiers, entre autres. S’il note la moindre anomalie, le recteur peut en parler avec l’enseignant » dit Soondress Sawmynaden, qui ajoute que « chaque enseignant doit soumettre son Weekly Plan au début de la semaine ». À partir de ce document, le recteur peut se faire une idée de ce qui est fait en classe.


Selon le ministère de l’Éducation : une quarantaine d’officiers de QAID à l’œuvre 

Au ministère de l’Éducation, on insiste que la formation des enseignants est importante. Un préposé confie : « Tous les enseignants du primaire et du secondaire sont dûment formés pour enseigner. Cette formation met l’accent sur l’adaptation de la méthode d’enseignement par rapport au rythme d’apprentissage des élèves, sur le programme d’études et sur le calendrier à respecter en termes de complétion du programme d’études, des travaux de remédiation-rattrapage et de révision. »

Avec la réforme éducative, la formation continue des enseignants se fait au Mauritius Institute of Education (MIE). En d’autres mots, le ministère s’assure qu’il y ait une mise à jour régulière pour que l’enseignement demeure dynamique et proactif. L’accent, apprenons-nous, est surtout mis sur les pédagogies novatrices.

En se joignant au système, l’enseignant est déjà avisé des difficultés qu’il peut rencontrer, notamment avec les élèves ayant des soucis d’apprentissage et il est formé en conséquent. En sus, il sait comment adapter ses méthodes et son approche pour aider l’élève à surmonter ces difficultés. 

Notre interlocuteur ajoute que l’enseignant est pleinement conscient de ses différentes responsabilités. « Tout enseignant refusant d’aider un élève en classe s’expose à de graves sanctions, si jamais il s’avère qu’il ne respecte pas les clauses régissant son contrat d’emploi. »

Il précise également que les cahiers des élèves doivent être vérifiés. Pour ce faire, il y a les recteurs, les Heads of Department par matière et aussi les officiers de la QAID. Ces derniers (une quarantaine au total) doivent s’assurer d’un environnement propice à l’enseignement à l’école, incluant la formation, les infrastructures, et l’administration, entre autres.

 

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