Ça y est ! Comme annoncé par le Conseil des ministres, le vendredi 14 avril, l’abolition de la taxe municipale immobilière sera promulguée ce mois-ci. Une décision qui réjouit les citadins et qui n’aura aucun effet négatif sur le développement des villes, à en croire les mairies de Port-Louis, Beau-Bassin/Rose-Hill et Vacoas/Phœnix.
Cette mesure, qui figurait dans le manifeste électoral du MSM/ML en 2019, a pris du retard en raison de la pandémie de Covid-19. Le 7 juin 2022, le ministre des Finances Renganaden Padayachy avait annoncé, lors de la présentation du Budget 2022-23, que la taxe municipale serait abolie. Une réforme sur laquelle le gouvernement avait commencé à travailler depuis 2019, avait ajouté le ministre. « Nounn prefer anlev sa mezir inzis-la parski nounn vinn avek enn reform fiskal an 2020 », avait ajouté Renganaden Padayachy, en faisant ressortir que sans la pandémie, « la taxe municipale aurait été enlevée en 2021 ».
Le gouvernement versera presque Rs 300 millions aux municipalités pour le manque à gagner après cette annonce. « Un changement qui ne bouleversera en aucun cas les projets de développement dans les villes », souligne le lord-maire Mahfooz Moussa Cadersaib. « C’est une décision qui a eu de l’effet auprès des citadins. Ceux qui ont déjà payé la taxe municipale cette année-ci seront remboursés », précise-t-il. Cependant, le lord-maire explique que l’abolition de la taxe municipale concerne uniquement un foyer. « Si une personne est propriétaire de plus d’un logement, seule l’adresse où elle vit sera exemptée de la taxe. La taxe devra être payée pour ses autres résidences », précise-t-il.
Quid de la somme que ramenait la taxe dans les caisses de la municipalité de Port-Louis ? « Je ne l’ai pas en tête malheureusement », répond Mahfooz Moussa Cadersaib.
David Utile : « Une décision qui aurait dû être prise depuis longtemps »
David Utile, le maire de Beau-Bassin / Rose-Hill, estime que la taxe municipale aurait dû être abolie depuis longtemps. Il considère que cette taxe créait une disparité entre les villes et les villages. « Cette mesure est fort louable, car elle permettra de soulager les citadins qui éprouvent des difficultés financières. De nombreux citadins venaient me voir pour demander un moratoire ou une exemption de paiement de cette taxe. Depuis que cette décision a été annoncée il y a un an, beaucoup d’entre eux l’attendaient impatiemment. Cette mesure va être un grand soulagement, en particulier pour ceux qui gagnent le salaire minimum », déclare-t-il.
Le maire explique que la taxe municipale représentait environ Rs 28 millions par an et la taxe commerciale environ Rs 12 millions supplémentaires. Ce qui porte le total à environ Rs 40 millions. « Bien que la taxe résidentielle ait été abolie, il n’y aura pas d’exemption pour la taxe commerciale», souligne-t-il. Pour lui, ce manque à gagner n’aura aucun effet négatif sur les projets de développement à Beau-Bassin / Rose-Hill. Le gouvernement prendra désormais en charge le financement de la taxation résidentielle à travers le programme de relance économique (ERP), entre autres, rappelle David Utile.
Les arrérages devront être réglés
« Les citadins ayant des arrérages antérieurs à 2022 devront les régler », souligne Pravind Kumar Ramburn, maire de Vacoas / Phoenix. Il confie également que les remboursements pour ceux qui ont déjà payé la taxe pour l’année 2023 ont déjà été entamés. Selon lui, l’abolition de la taxe municipale permettra aux citadins de réaliser des économies, même si le manque à gagner avoisinera
Rs 32 à 42 millions.
Le premier magistrat de la ville affirme que la suppression de la taxe résidentielle n’aura aucun impact sur les projets de développement en cours. « Le ministère des Finances a prévu d’accorder des subventions aux municipalités pour les aider à préparer leur budget », indique-t-il.
La rédaction a tenté de contacter le maire de Curepipe, Hans Margueritte, pour obtenir une déclaration concernant cette décision, mais en vain. Quant au maire de Quatre-Bornes, Nagen Mootoosamy, il se trouve actuellement hors du pays. Son adjoint, Dooshiant Ramluckhun, a également été contacté, mais il n’a pas répondu.
Témoignages de quelques citadins
Marie-Josée, une retraitée de 62 ans, Quatre-Bornes :
« Sa pou soulaz nou lamizer. Je trouve qu’il était injuste que les villageois soient exemptés de payer la taxe. Je salue donc cette décision, mais j’espère qu’elle n’affectera pas la qualité des services municipaux déjà lamentables. Je suis personnellement en attente d’une poubelle de la municipalité de Quatre-Bornes depuis des années. J’espère que cette initiative sera suivie par d’autres mesures pour inciter les commerçants à rénover leurs bâtiments, entre autres améliorations. Ena Metro, pa kapav ena vie batiman ek vie lapintir. »
Samir, 35 ans, Vacoas, expert dans le domaine de la communication :
« Bien que nous chantions tous ensemble ‘Enn sel lepep, enn sel nasion’, la différence de traitement en matière de taxe entre les citadins et les villageois m’a toujours rendu perplexe. À mon avis, si l’on avait décidé de maintenir cette taxe résidentielle, il aurait été juste de l’appliquer également aux villages. Met enn rate rezonab ek fer zot tou paye. Imazinn ou komie kass e devlopma ti pou amene san det. Si cinq villes ramenaient autour de Rs 100 millions annuellement, mazine vilaz ki kapav fer. »
Ramesh, 47 ans, Curepipe, cordonnier de profession :
« Se enn bon zafer ki gouvernma inn fer. Li enn soulazman pou ban ti-dimoun. Avec les difficultés financières que nous rencontrons aujourd’hui, cela nous permettra de réduire une dépense. Il serait également souhaitable que le gouvernement puisse diminuer le coût du panier de la ménagère. »
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