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Cité Ste-Claire, bête noire des officiers de l’Adsu

Les limiers de l’Adsu doivent souvent être épaulés par d’autres unités, dont le GIPM, lors de descentes dans les « hotbeds ».
  • Plusieurs quartiers chauds dans le collimateur 

Mardi encore, des limiers de la brigade antidrogue ont été malmenés lors d’une descente. Des habitants de certains quartiers dits « chauds » leur donnent, en effet, du fil à retordre, sous l’impulsion de trafiquants. C’est notamment le cas à Cité Ste-Claire.

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Menottes aux poignets, des dealers présumés sautent de la fourgonnette de la police, dont la porte a été forcée par des individus venus à leur rescousse. Entre-temps, des policiers sont malmenés par les badauds… 

Scène digne d’un film d’action. Et pourtant, c’est l’expérience qu’ont vécue les limiers de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) cette semaine (voir encadré). D’ailleurs, ils sont souvent mis à l’épreuve dans les quartiers dits « chauds » où, à intervalles réguliers, ils font face à de la résistance sur le terrain. 

Un des limiers engagés dans le combat sur le terrain pour traquer les caïds et autres dealers, soutient que le métier d’agent antidrogue n’est guère aisé. « Li pa fasil ditou parski la ou pe al tous zot liberte, zot kas ek zot dibien. » D’où la résistance à laquelle sont confrontés les policiers lors des différentes opérations à travers le pays. « La drogue est un business très lucratif. To pa bizin travay boukou, ni gro transpirasion, selma gagn boukou kas », déclare-t-il. 

CID kapav rantre, me Adsu gagn boukou difikilte parski ou pe al tous zot gard manze»

L’Adsu a dressé une liste de ces hotbeds. Le quartier de Cité Ste-Claire notamment y figure en bonne position. Cette petite agglomération de Goodlands est située à dix minutes de la route principale. Derrière le développement commercial de ce village, ce quartier se retrouve bien souvent sous le feu des projecteurs pour les frasques de certains de ses habitants. Il est devenu, depuis quelque temps, la bête noire des policiers, plus précisément des limiers de la brigade antidrogue. Lors des opérations, la police est souvent confrontée à des jets de pierre et autres scènes de tension. 

Un élément de la Criminal Investigation Division de Goodlands comptant plus de dix ans d’expérience affirme que c’est la coopération entre différents trafiquants qui rend la tâche des policiers compliquée. « CID kapav rantre, me Adsu gagn boukou difikilte parski ou pe al tous zot gard manze. » 

Et d’ajouter : « Dan sa site-la, preske sak fami bizin ena enn pwin de vant ladrog. Lor 100 dimoun, kapav zis de dimoun ki travay. Lontan kan nou al rod enn ranseignman, zot diman nou Rs 200. Aster zot ena gro gro biye. » 

Les trafiquants opérant sur place ont acquis une bonne partie des habitants à leur cause, poursuit-il. Pour soutenir ses dires, il rappelle l’épisode de la distribution des coupures de billets de banque en public. En mai 2020, lors de la veillée mortuaire de Jean Cael Permesse, un vidéo clip avait fait le buzz sur la toile. Un individu se trouvant sur un camion avait lancé une importante quantité de billets dans la foule. 

Laba kan ena laniverser ou lanterman, ou pa bizin pey nanye, trafikan lamem sponsor tou zot depans»

« Laba, kan ena laniverser ou lanterman, ou pa bizin pey nanye, trafikan lamem sponsor tou zot depans e osi pou Nwel e lane, bann trafikan organiz fet dan site e tir rasion dimoun e partaz kado », renchérit un limier de l’Adsu. Une scène qui se répète dans divers quartiers du pays où les barons de la drogue ont marqué leur territoire.

Il précise que les bénéficiaires de ces « aides » de la part des trafiquants leur sont redevables. « Kouma nou debark dan site pou fer crackdown e kouma nou aret dimoun, zot fer obstriksion. Ou trouv madam pran zanfan vinn devan van lapolis blok nou sime e lot kote zot avoy kout ros », martèle un sergent d’une unité de l’Adsu du Nord. Ce qui pousse les policiers à s’armer jusqu’aux dents, épaulés par des commandos du GIPM (Groupement d’intervention de la police mauricienne) et du Marcoss pour mener à bien les descentes. 

Un policier à la retraite, qui était affecté pendant des années à la brigade antidrogue, soutient que cette situation de tension est engendrée par plusieurs facteurs. « Là où il y a beaucoup de trafiquants, il y a beaucoup de gangs. » Justement, en 2015, des affrontements avaient éclaté entre des gangs rivaux à Cité Ste-Claire sur fond de trafic de drogue. Bilan : deux personnes avaient été blessées par balles. Le mobile derrière ces affrontements portait sur le vol d’un colis de drogue de synthèse. Des cocktails Molotov avaient aussi été lancés sur une maison lors de cette rixe.

Autre facteur avancé par l’ancien gradé de l’Adsu : « La police a trop délaissé Cité Ste-Claire. Samem bann-la nepli per lapolis. » Il fait remarquer, dans la foulée, que si les méthodes employées par les trafiquants ont évolué, en revanche « l’Adsu so bann moyen tro limite ». « Les trafiquants ont plusieurs longueurs d’avance sur la police. Kan aret enn trafikan, ou gagn dix ki pran la relev. ena tro boukou ladrog lor marse. » 

Outre Résidence Ste-Claire, au sein du quartier général de l’Adsu, on évoque plusieurs autres poudrières où les agents sont confrontés à des situations très tendues. Les régions citées avec insistance sont Sinfat à Grand-Gaube, Résidence Florida à Baie-du-Tombeau, Karo Kalyptus et Cité Roche-Bois, Résidence kennedy, Residence Barkly, African Town à Riambel, Dilo Pouri au Morne, Argy à Flacq, entre autres. 

Dans ces endroits, le modus operandi privilégié par les barons de drogue semble être le même. « Zot fann zoke e zot bann zom de min partou pou fer obstriksion travay lapolis. »

Des officiers malmenés à Résidence Kennedy mardi

Cette semaine, la brigade antidrogue de l’Ouest a eu d’énormes difficultés à mener une opération à Résidence Kennedy, Quatre-Bornes. Le mardi 3 janvier, deux véhicules de l’Adsu de la Western Division ont été endommagés et plusieurs policiers ont été malmenés. 

La police surveillait une voiture à bord de laquelle se trouvaient quatre individus. Alors que la police a informé le conducteur que le véhicule allait être fouillé, il a fait de la résistance... avant d’inciter des badauds à s’élever contre les policiers. Quelques secondes plus tard, environ une centaine de personnes se sont attroupées et ont menacé les policiers.

Entre-temps, des individus ont pu forcer la porte d’une fourgonnette pour permettre aux suspects de prendre la fuite.

 

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