La cité Sainte-Claire s’est fait tristement connaître pour les déboires de certains de ses habitants avec la police. Entre les Rs 5 millions saisies chez un présumé dealer et des jeunes surpris en train de vendre de la drogue synthétique en pleine rue, cette localité de Goodlands semble devenir le nouveau relais de la drogue à Maurice. Zoom.
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Pour s’y rendre, la police doit s’armer jusqu’aux dents. Ste-Claire est une petite agglomération de Goodlands, située à dix minutes de la route principale. Derrière le développement commercial de ce village du nord-nord-est du pays, se cache un quartier qui se retrouve sous les feux des projecteurs pour les frasques de certains de ses habitants. Il est devenu, depuis quelque temps, la bête noire des policiers, plus précisément des limiers de la brigade anti-drogue.
Et pour cause, des officiers de police y ont régulièrement été pris à partie lors des descentes dans cette cité. « Au cours de nos précédentes opérations à Cité Ste-Claire, certains habitants de la localité avaient endommagé nos véhicules. Depuis, nous nous faisons accompagner par les commandos lors de nos descentes dans cette région », indique un enquêteur de l’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu), qui a dû battre en retraite à plusieurs occasions.
Aux Casernes centrales, l’on soupçonne que le trafic de drogue bat son plein dans cette cité ouvrière. D’ailleurs, une somme de plus de Rs 5 millions avait été saisie au domicile d’un présumé trafiquant de drogue, John Brant Vivien, en début de ce mois. Le vendredi 18 novembre, une bande de jeunes a été surprise en pleine route tentant d’écouler de la drogue synthétique. « La drogue existe bel et bien dans le quartier, mais je ne sais pas où est la source exacte », reconnaît Nicolas, un habitant de la localité.
Vigilance policière
Certains policiers qui connaissent la région, indiquent que cela fait un peu plus d’une dizaine d’années que la drogue gagne du terrain à Cité Ste-Claire. « J’ai fréquenté l’école primaire de la région. Auparavant, la drogue n’existait même pas dans ce quartier. C’est surtout avec la jeune génération qu’elle y a pris de l’ampleur », nous confie notre interlocuteur.
Aujourd’hui, la police a fort à faire dans ce quartier. En sus du trafic de drogue, les agents de l’ordre doivent faire face à l’hostilité de certains habitants.
D’aucuns s’accordent même à dire que des trafiquants de drogue auraient soudoyé des habitants. « Ena bann trafikan ki donn larzan kan ena laniverser, lamor, eksetera. Zot kit enn ti kas ek zot pou pey lalimier, delo... bann la ed zot. Bann trafikan-la inn kre enn ti geto. Lerla, kan lapolis vini, bann abitan-la protez zot. Cité Ste-Claire ti pe vinn enn plas kot lapolis pa ti pe kapav rantre, zot bat gard ek kraz van », raconte un policier qui a participé à plusieurs opérations dans cette région.
Mais pour Nicolas, c’est la police qui est responsable d’une telle situation. « Nous ignorons pourquoi des membres de la force policière terrorisent les habitants de la sorte. Si les forces de l’ordre agissent amicalement, cela ne va pas créer un sentiment de révolte chez les habitants. » Pour lui, « lapolis bizin aret bat kout matrak ek zour dimoun. » Priscille, une autre habitante de Cité Ste-Claire, abonde dans le même sens. « Nous ne sommes pas violents ! Mais tout dépend de la façon d’agir de la police », martèle la jeune femme.
Les opérations d’Adsu se poursuivent dans ce quartier qualifié de « haut risque » pour y ramener l’ordre et la paix. « Nous maintenons la vigilance à Cité Ste-Claire. Si besoin est, la police montera de nouvelles opérations. Je demande aux habitants de collaborer pleinement avec la police ; s’ils détiennent des informations sur les trafics de drogue, ils peuvent contacter l’Adsu. La confidentialité est assurée », affirme le Deputy Commissionner of Police, Choolun Bhojoo, directeur de cette unité.
Coups de feu entre gangs rivaux
John Brant Vivien n’en est pas à son premier démêlé avec la police. Le 12 décembre 2015, il s’était retrouvé impliqué dans une bagarre à Cité Ste-Claire. Des coups de feu et des cocktails Molotov avaient été échangés entre les deux groupes. Il avait eu une altercation avec un dénommé Karl Permesse. La police soupçonne qu’il s’agissait d’une dispute entre gangs rivaux.
John Brant Vivien hors jeu
Il était dans les collimateurs de l’Adsu depuis des années. Louis John Brant Vivien a été arrêté le jeudi 3 novembre, lors d’une descente de l’Adsu. Lors d’une opération musclée, la brigade antidrogue, bénéficiant du soutien de l’Helicopter Squadron, de commandos et de la Special Support Unit, entre autres, a investi plusieurs maisons en simultané. Dans celle du suspect, une somme de Rs 5 078 182.20 a été retrouvée dans un meuble que les limiers ont dû démonter, intrigués par son poids. Ils ont également démoli une table en béton qui contenait Rs 185 000 en pièces. « Ti kouma dir enn bwat kondane en beton », précise un témoin de la scène. Après cette découverte, John Brant Vivien a été conduit au quartier général de l’Adsu. Interrogé sur la provenance de cet argent, il a déclaré que c’est le fruit de son labeur. Les limiers de l’Adsu ont des raisons de croire que ce tailleur de pierre pourrait être mêlé au trafic de drogue.
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