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Ciseaux acérés, enjeux serrés : les dessous du métier de coiffeur 

Ritesh et Anisah Mahadooa (à g.), de Tesh Hair Club, et leur équipe. Les métiers manuels sont souvent délaissés au profit des carrières plus académiques. Reza Emamdhully, gérant de Rezah Hairway.

Les salons de coiffure à Maurice sont des lieux où l’art rencontre la routine, où chaque coup de ciseaux façonne non seulement des coiffures, mais aussi des histoires. Pourtant, derrière les sourires accueillants et les transformations capillaires se cachent des défis importants auxquels les coiffeurs sont confrontés au quotidien. Rencontre avec Anisah Mahadooa, esthéticienne et coiffeuse chez Tesh Hair Club, et Rezah Emamdhully, gérant de Rezah Hairway.  

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Pour beaucoup de coiffeurs à Maurice, ce métier est avant tout une vocation. Il ne s’agit pas simplement de couper ou colorer des cheveux, mais cela consiste aussi à transformer l’apparence et parfois même la perception de soi de leurs clients. 

Anisah Mahadooa explique que chez Tesh Hair Club, dont le  gérant est son époux Ritesh, la relation avec les clients va bien au-delà d’une simple prestation de service : « Nos clients sont plus que des clients. Ils font partie de la famille. Quand ils viennent chez nous, nous partageons notre énergie positive. Ils apprécient vraiment cette ambiance conviviale. » Cette approche crée un lien fort qui fidélise la clientèle et renforce l’atmosphère chaleureuse du salon.

Rezah Emamdhully, qui s’est lancé dans la coiffure à l’âge de 14 ans et qui dirige maintenant Rezah Hairway, partage cette même passion. Il insiste sur l’importance de la formation continue : « Il faut constamment se perfectionner et les résultats en valent la peine. Chaque année, j’invite des formateurs étrangers pour enseigner à mes élèves. C’est un échange de connaissances essentiel pour rester compétitif. » 

Les deux professionnels s’accordent sur le fait que l’éducation et la passion sont des éléments essentiels pour réussir dans ce secteur. L’un des principaux défis auxquels les coiffeurs mauriciens sont confrontés est d’ordre économique. Ils doivent jongler entre offrir des prix compétitifs et maintenir une qualité de service qui justifie ces tarifs. 

Anisah Mahadooa souligne que la disponibilité des produits est aussi une difficulté courante : « Depuis la pandémie de COVID-19, de nombreux produits sont en rupture de stock. Nous devons souvent nous tourner vers l’étranger pour nous approvisionner. » 

Un autre défi commun est le taux de turnover du personnel. « Les apprentis coiffeurs viennent se former chez moi, mais ils finissent par partir. Il faut alors tout recommencer à zéro avec de nouveaux futurs employés », explique Rezah Emamdhully. Cette situation nécessite une gestion stratégique pour assurer la continuité du service et la qualité. 

La concurrence et les attentes des clients 

La concurrence dans le secteur est intense. Les salons de coiffure se multiplient, chacun offrant des promotions et des services diversifiés pour attirer les clients. Anisah Mahadooa observe que « la nouvelle génération de clients est à la recherche de styles plus modernes et de lieux plus luxueux. Mais pour moi, ce qui compte vraiment, c’est la qualité du service que nous offrons. » Rezah Emamdhully complète cette idée en affirmant que « si on maîtrise son métier, il n’y a pas lieu de craindre la concurrence ». 

Les attentes des clients ont également évolué avec l’essor des réseaux sociaux. « Aujourd’hui, les clients nous montrent des vidéos en ligne et attendent exactement le même résultat. Mais nous préférons d’abord diagnostiquer l’état des cheveux avant de proposer une coupe ou une couleur », fait ressortir Rezah Emamdhully. Anisah Mahadooa ajoute que chez Tesh Hair Club, ils prennent le temps de conseiller les clients en fonction de leurs besoins réels et de la faisabilité des demandes.

La pandémie de COVID-19 a été un coup dur pour le secteur de la coiffure. Les confinements successifs ont contraint de nombreux salons à fermer temporairement et la réduction du pouvoir d’achat a poussé certains clients à espacer leurs visites ou à opter pour des solutions maison.  « Nous avons tous été affectés par la pandémie. Avant, nos clients venaient sans rendez-vous, mais avec la COVID-19, nous avons dû adapter notre fonctionnement et passer aux rendez-vous uniquement »,se souvient Anisah Mahadooa. Rezah Emamdhully a également dû innover pour maintenir son activité malgré les restrictions. 

L’importance des métiers manuels

Le patron de Rezah Hairway souligne également la nécessité de valoriser les métiers manuels, souvent délaissés au profit des carrières plus académiques : « Tout le monde ne peut pas devenir cadre ou médecin. Nous avons aussi besoin de travailleurs manuels. Il est crucial de maintenir ces métiers vivants. » 

Cette réflexion met en lumière un enjeu majeur dans l’éducation et l’orientation professionnelle : la reconnaissance de l’importance ainsi que de la valeur des métiers manuels. Le métier de coiffeur, bien que parsemé de défis, reste une passion pour beaucoup. La capacité à s’adapter, à innover, et à offrir un service personnalisé est la clé du succès dans ce secteur. 

Anisah Mahadooa et Rezah Emamdhully partagent une vision commune sur l’importance de l’engagement et de la qualité dans le métier. Comme l’affirme la coiffeuse et esthéticienne, « il faut mettre beaucoup d’amour et de passion dans ce que l’on fait ». 

Pour Rezah Emamdhully, « rien n’arrive par hasard. Tout repose sur l’éducation ».

Leur engagement commun à surmonter les défis tout en restant fidèles à leur passion est ce qui les distingue dans l’univers dynamique de la coiffure.

 

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