
Israël et l'Iran ont échangé barrages de missiles et menaces guerrières pour la cinquième nuit consécutive mardi malgré les appels à la désescalade des grandes puissances, Donald Trump appelant face à la confrontation à "évacuer Téhéran immédiatement".
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Les ennemis jurés ont une fois de plus activé dans la nuit leurs systèmes de défense anti-aérienne alors que Téhéran a promis de bombarder son ennemi juré "aussi longtemps qu'il le faudra" pour mettre fin à l'attaque sans précédent menée depuis vendredi avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de la bombe atomique.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de son côté affirmé changer "la face du Moyen-Orient" avec cette offensive qui a visé des centaines de sites militaires et nucléaires, tué plusieurs haut gradés et interrompu brièvement les programmes en direct de la télévision nationale iranienne, donnant lieu à des images qui ont fait le tour du monde.
Les sirènes d'alerte ont retenti à deux reprises mardi à l'aube dans plusieurs points d'Israël, notamment dans le nord, après que l'armée a annoncé avoir "identifié des missiles lancés depuis l'Iran vers le territoire de l'Etat d'Israël". Mais dans les deux cas, les habitants ont été autorisés à quitter les abris quelques instants plus tard.
Les autorités n'ont fait pour l'instant état d'aucune victime.
"Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement", a déclaré Donald Trump, qui a quitté prématurément, dès lundi soir, le sommet des pays riches du G7 au Canada, pour se consacrer à l'évolution du conflit, après avoir estimé qu'un "accord" pouvait être trouvé.
"Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose", a estimé le président français Emmanuel Macron en marge de la rencontre. "A ce stade, de manière objective, rien ne me laisse espérer que dans les prochaines heures les choses bougent".
Le républicain avait relancé récemment les négociations avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien. Mais la République islamique, qui dément vouloir fabriquer l'arme atomique et défend son droit à enrichir de l'uranium afin de développer un programme nucléaire civil, s'est retirée de ces pourparlers en raison des attaques israéliennes.
- Porte-avions américain -
Selon le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les représailles iraniennes ont fait au moins 24 morts depuis vendredi.
Du côté iranien, les frappes israéliennes, qui ont visé des centaines de sites militaires et nucléaires, ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés depuis vendredi, selon un bilan officiel établi dimanche.
Sans appeler à la fin immédiate des hostilités comme les président russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, les dirigeants du G7 ont appelé dans une déclaration commune à "protéger les civils", affirmant le droit d'Israël à "se défendre" et qualifiant "l'Iran de "principale source d'instabilité et de terrorisme dans la région".
"Nous demandons instamment que la résolution de la crise en Iran aboutisse à une désescalade plus vaste des hostilités au Moyen-Orient, y compris à un cessez-le-feu à Gaza", ont-t-il écrit.
Face à cet embrasement, la Chine, via son ambassade, a pressé ses ressortissants à quitter Israël au plus vite tandis que les Etats-Unis ont annoncé déployer des "ressources supplémentaires" au Moyen-Orient pour y renforcer leur "dispositif défensif", selon le ministre de la Défense Peter Hegseth.
Le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, selon le Pentagone.
- Grand Bazar fermé -
Trois secouristes du Croissant-Rouge iranien ont été tués lundi à Téhéran dans un bombardement durant leur travail, a annoncé l'organisation. Et les émissions de la télévision publique iranienne ont été brièvement interrompues par une attaque israélienne contre son bâtiment.
Cette attaque s'est produite alors qu'une présentatrice critiquait vivement Israël à l'antenne. Elle a été vue quittant précipitamment le plateau dans un nuage de poussière, tandis que des débris du plafond tombaient autour d'elle.
Téhéran a condamné "un acte ignoble et un crime de guerre", et a appelé deux chaînes de télévision israéliennes a évacuer leurs locaux.
Le Grand Bazar, le principal marché de Téhéran, est resté fermé lundi. Les rues de la capitale étaient pour la plupart désertes, les magasins fermés à l'exception de quelques épiceries, et de nombreux automobilistes faisaient la queue aux stations-service.
Un vendeur a signalé une augmentation des achats compulsifs, disant que son magasin "était en rupture de stocks d'eau".
Israël affirme avoir détruit "la principale installation" du site d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a cependant affirmé qu'il n'y a "pas d'indication d'attaque" contre la partie souterraine du site, qui abrite la principale usine d'enrichissement.
Au delà du programme nucléaire, le Premier ministre israélien, dans plusieurs interviews à des médias internationaux, a lancé un appel au peuple iranien pour qu'il se soulève contre la "tyrannie" et estimé qu'assassiner le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, mettrait "fin au conflit".
Selon un responsable américain, Donald Trump s'est opposé à un plan israélien visant à éliminer l'ayatollah Ali Khamenei, à la tête de l'Iran depuis 1989, et Emmanuel Macron a estimé lundi que vouloir changer le régime en Iran par la force serait une "erreur stratégique".
"Il suffit d'un seul coup de téléphone de Washington pour museler quelqu'un comme Netanyahu", a estimé sur X, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, de demandant si Donald Trump "prend au sérieux la diplomatie et est intéressé d'arrêter la guerre".
© Agence France-Presse

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