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Cinq « credits » pour accéder au HSC - Leela Devi Dookun-Luchoomun : «La décision n’a pas été prise à la légère»

Leela Devi Dookun-Luchoomun Pour la ministre, la qualité de l’éducation offerte est en jeu.

Retourner à l’ancienne formule de cinq « credits » au niveau du School Certificate pour accéder au Higher School Certificate. Une décision vivement contestée par des acteurs du monde éducatif. Radio Plus a ouvert l’antenne aux divers protagonistes.

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Pour la ministre de l’Éducation, exiger cinq credits au School Certificate (SC) pour accéder au Higher School Certificate (HSC) fait partie de la réforme enclenchée par le gouvernement pour une éducation de qualité. « À travers le monde, on bouge vers la qualité de l’éducation », dit Leela Devi Dookun-Luchoomun. Elle est d’avis que, si les enfants sont bien encadrés tant par les enseignants que leurs parents, ils pourront facilement avoir les cinq credits exigés. Ils doivent cependant fournir les efforts demandés.

La ministre de l’Éducation explique que « la décision de retourner aux cinq credits est bien réfléchie et contrairement à ce qu’on dit, elle n’a pas été prise au petit bonheur ». Leela Devi Dookun-Luchoomun attire aussi l’attention sur le fait que cette décision prendra effet en 2019 et qu’elle concerne les élèves qui sont en Grade 9.

« Relâchement »

Leela Devi Dookun-Luchoomun soutient que la décision, prise en 2011 pour permettre aux détenteurs de trois credits d’accéder au HSC, a provoqué seulement un relâchement de la part des enseignants, des parents et des élèves. Ce qui explique une baisse au niveau de la réussite aux examens de HSC. Elle fait remarquer que le taux de réussite chez les filles est passé de 82,3 % en 2011 à 79,1 % en 2014. Dans l’ensemble, il est passé de 79 % à 75 %.

Pour justifier cette décision, la ministre attire aussi l’attention sur le fait que la Public Service Commission (PSC) exige cinq credits au niveau du SC pour avoir un emploi dans la Fonction publique. Elle cite le cas de plusieurs jeunes qui ne peuvent intégrer le service civil en dépit de leur HSC, faute d’avoir obtenu cinq credits au SC. « Le gouvernement d’alors n’avait pas modifié les règlements de la PSC », soutient Leela Devi Dookun-Luchoomun.

Que faire des jeunes qui n’auront pas les cinq credits au niveau du SC ? La ministre avance qu’ils pourront repasser les examens ou suivre des cours de formation technique au MITD ou à l’école hôtelière. Ces jeunes auront aussi la possibilité de suivre des formations polytechniques et obtenir un Higher National Diploma. Elle souligne le fait que « plusieurs personnes qui s’opposent aujourd’hui à cette décision, notamment Steven Obeegadoo, Dharam Gokhool, Bashir Taleb, président de l’Union des managers des colleges privés, et  Yaya Parahouty, le président de l’UPSEE, avaient vivement contesté la décision d’admettre les élèves avec trois credits au HSC en 2011 ». « Ils parlaient de décision catastrophique. Je ne suis pas prête à écouter la démagogie des uns et des autres », dit-elle. Soulignons que la ministre Dookun-Luchoomun sera l’invitée du Grand Journal de Radio-Plus, ce lundi.

Vasant Bunwaree : « La formule des cinq ‘credits’ est dépassée »

Pour Vasant Bunwaree, ancien ministre de l’Éducation, le recours à trois credits pour passer en HSC a permis à des milliers de jeunes, dont ceux de la classe défavorisée, de compléter leur HSC. Il souligne que plusieurs d’entre eux ont eu de très bons résultats et ont poursuivi leurs études supérieures. « La formule de cinq credits est dépassée », dit-il, citant l’exemple du système français, où le baccalauréat reste ouvert à tous les élèves. « Il ne faut pas mettre des obstacles pour empêcher les jeunes d’avancer », dit Vasant Bunwaree. À cet effet, il invite la ministre de l’Éducation « à revenir sur sa décision ».

Vasant Bunwaree est aussi en faveur d’une révision des règlements de la PSC pour permettre aux jeunes n’ayant pas cinq credits au SC d’avoir un emploi dans la Fonction publique. Il avance qu’à l’époque, il avait travaillé sur ce dossier, mais que ce travail prend beaucoup de temps. L’ancien ministre fait ressortir que plusieurs jeunes, possédant des diplômes universitaires mais pas cinq credits au SC, ont pu trouver un emploi dans le secteur privé.

Steven Obeegadoo : « Le HSC est révolu »

Steven Obeegadoo, également ancien titulaire au maroquin de l’Éducation, invite Leela Devi Dookun-Luchoomun « à ouvrir les débats avec toutes les parties concernées » et « à venir expliquer à la population la justesse de sa décision ». Pour cela, il faudra publier les résultats des enfants admis au HSC avec trois credits et donner la projection de ceux qui ne pourront monter et le nombre d’enseignants qui seront affectés. Il estime que la qualité de l’éducation n’est pas relative au nombre de credits. « Le système de HSC est complètement révolu », dit Steven Obeegadoo.

Sheila Bunwaree : « Revenez sur cette décision »

La sociologue Sheila Bunwaree invite aussi la ministre « à revenir sur sa décision au nom de la paix et la cohésion sociale ». Elle est d’avis que « le système des cinq credits pour accéder au HSC ne reflète pas la philosophie de la chance égale pour tous, car il exclut des milliers de jeunes à l’éducation supérieure ».

Elle attire l’attention sur le fait que « les Mauriciens ont développé des préjugés sur la filière vocationnelle en la liant avec l’échec au niveau des études académiques. Il ne faut pas que la réussite académique se résume qu’au nombre de crédits obtenu ».

Pour la chargée de cours à l’université de Maurice, la qualité de l’éducation a, certes, baissé, « mais cela n’a aucun lien avec la montée en HSC avec trois credits ».

 

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