Cinéma - «Barbie» : la vague rose submerge les Mauriciens 

Le film « Barbie », lancé le 19 juillet dans les cinémas étrangers et dans les salles de MCine à Maurice, fait sensation. Les jeunes Mauriciens, filles et garçons, succombent à la tendance et se rendent dans les cinémas vêtus conformément au thème. Et le film ne laisse personne indifférent.  Zoom.

Il suffit de taper les mots « le film Barbie » sur Google pour voir son écran se teinter de rose. D’ailleurs, la comédie familiale signée Greta Gerwig, avec Margot Robbie et Ryan Gosling, a réalisé le meilleur lancement de l'année 2023 avec 155 millions de dollars de recettes le week-end dernier, surpassant le biopic sur le concepteur de la bombe atomique, « Oppenheimer » (80,5 millions). L'adaptation en prises de vues réelles de la célèbre poupée Mattel âgée de 63 ans a provoqué une vague rose dans le monde entier. Les Mauriciens ne font pas exception. 

« Nous avons lancé le film dans nos cinémas le 19 juillet, et depuis, les salles sont pleines, malgré les cinq projections par jour. Nous allons continuer à le diffuser pour encore deux ou trois semaines. Les jeunes sont très enthousiastes et viennent habillés en rose », confie Rajeshwar Callicharan, propriétaire de Mont Ida Entertainment Ltd Mauritius et des cinémas MCiné et Novelty.

Du rose pour « Barbie »

Il est indéniable que de nombreux jeunes étaient impatients de visionner « Barbie ». Un groupe de jeunes a même pris l'initiative de réserver une salle de cinéma au MCiné de Trianon le 25 juillet, rassemblant près de 248 jeunes pour cette occasion spéciale. Pratiquement tous étaient habillés en tenue assortie.

« Nous avons décidé de réserver une salle de cinéma et avons invité nos amis, en majorité des étudiants, qui étaient tous enthousiastes à l'idée de voir Barbie. L'idée était de créer un événement communautaire autour de ce film. Le code vestimentaire était assez simple avec juste une touche de rose. Tout le monde s'est prêté au jeu », raconte Rishul Ramdawon, étudiant à la Sir Abdool Raman Osman Academy. Ce dernier a organisé cette projection privée « Barbie » avec le soutien de ses amis, Ayush Beeharry et Hayden Jayce Wong Hing Cheung. Et le jeune homme de 17 ans ne cache pas sa satisfaction.

« J'ai vraiment apprécié le film. Il valorise la femme et questionne sur son rôle et son image, ainsi que sur les normes de beauté. Il s'éloigne de l'image de la poupée créée à la fin des années 50, qui a longtemps symbolisé une femme-objet ou l'idée stéréotypée de l'épouse parfaite », affirme notre interlocuteur.

Ashfaq Ibrahim, âgé de 19 ans, était également présent lors de la projection. Bien qu'il ait globalement apprécié l'expérience, il exprime des regrets concernant l'absence de certains personnages clés du dessin animé, tels que Ryan et Raquelle. « Je ne comprends pas pourquoi ces personnages emblématiques n'apparaissent pas dans le film. De plus, je trouve qu’il est trop féministe. L'adaptation cinématographique n'est pas aussi traditionnelle que la poupée stéréotypée », indique cet habitant de Terre-Rouge.

La place et l’image de la femme et la beauté plastique

Leisha Ramphul, âgée de 18 ans, était également au premier rang pour regarder « Barbie ». Pour coller au thème, elle s'est vêtue en rose. « Aller au cinéma pour voir le film et s'habiller en fonction du thème Barbie, telle est la tendance actuelle chez les jeunes. De plus, il y avait une atmosphère conviviale et festive », confie-t-elle. 

Cette habitante de Camp-Fouquereaux, n'a pas été déçue par le film, le jugeant porteur d'une morale sur la femme et permettant de prendre conscience de la réalité de leur vie. « Le monde de Barbie représente notre enfance, une période où nous étions naïves, en sécurité, et où tout semblait parfait. Le monde réel reflète ce qu'est véritablement être une femme. Il comporte tant de défis auxquels elle doit faire face, engendrant parfois douleur et crainte. À travers le film, nous prenons conscience des sacrifices faits par nos mères et nos grands-mères. J’ai été marquée par cette phrase : Nous, mères, restons immobiles pour que nos filles puissent regarder en arrière et voir jusqu'où elles sont allées ».

Les jeunes ne sont pas les seuls à avoir été touchés par la tendance Barbie. Lorveni Mooneyan, 36 ans, a accompagné sa fille et son fils au cinéma. « Je connaissais le dessin animé, mais le film est différent. J'ai adoré, car cela nous rappelle un peu notre enfance. Barbie s'adresse particulièrement aux adolescents, mais il y a tout de même une morale intéressante. En effet, tout le film repose sur un humour mordant qui dénonce les discriminations de genre et les injonctions faites aux femmes », explique-t-elle.