Les cimetières se veulent un lieu de repos pour les défunts et de recueil pour les proches affligés. Mais force est de constater que ceux sous la responsabilité de la municipalité de Port-Louis sont devenus un terrain de jeu pour les vandales et autres toxicomanes.
Publicité
Bouteilles en plastique, montagne d’ordures, tombes fissurées voire déterrées, présence de métaux rouillés… Bienvenue au cimetière St-Georges, à Petite-Rivière. Malgré la présence quotidienne des « labourer simitier » qui disent s’atteler à la tâche 7 jours sur 7, de 9 heures à 17 heures, pour nettoyer les lieux, difficile de faire l’impasse sur l’état de délabrement et de désolation…
Claude fait ce métier depuis 19 ans. Il montre du doigt le comportement de certains visiteurs. « Les déchets que l’on récupère le plus souvent sont les bouteilles en plastique. J’invite les visiteurs à ramasser leurs déchets avant de quitter le cimetière. Quant à nous, nous nous chargeons de l’entretien au quotidien », maintient-il.
Du côté du cimetière de Les Salines, c’est pire. Passé le portail, le spectacle est affligeant. Les lieux semblent être un repaire pour les toxicomanes et autres « noceurs » plutôt qu’un lieu de repos pour les défunts. Flacons de méthadone, cannettes de bière et boîtes de cigarettes jonchent le sol çà et là…
Ces malfrats détruisent des caveaux pour extirper tout le plomb qui s’y trouve, laissant derrière eux les os des défunts sur le sol. C’est inhumain !»
La situation n’est guère mieux au cimetière de Roche-Bois. Les tombes saccagées, abandonnées et les métaux rouillés fondent dans le décor. Plus loin, l’érosion profane les tombes et fait se soulever les pierres tombales. À la place des gerbes, les défunts ont droit à une forêt de mauvaises herbes et un lit sur un tas d’ordures. Il est 13 h 30 et pas le moindre signe de vie dans les parages pour s’occuper de l’entretien des lieux.
Au cimetière de l’Ouest, l’on ne respecte pas les morts. Ce lieu empreint d’Histoire paie le prix fort du mépris de certains vandales. On peut y apercevoir plusieurs tombes déterrées et vandalisées. Selon Vel Vyavooree, tombaliste et graveur dont l’atelier est situé en face, les cas se multiplient.
« Ces malfrats n’ont aucune pitié. Les morts ne sont pas épargnés. Ils commencent leurs tournées dès le matin, sous le regard des gens impuissants qui sont gagnés par la crainte. Ils détruisent des caveaux pour extirper tout le plomb qui s’y trouve, laissant derrière eux les os des défunts sur le sol… C’est inhumain ! Leurs proches sont privés d’un endroit de recueil », s’insurge-t-il.
La mairie de Port-Louis prendra des sanctions
Sollicité pour une réaction, Daniel Augustin l’adjoint au lord-maire, explique que c’est la société privée Sauvegarde du cimetière de l’Ouest qui se charge de l’entretien. Un Memorandum of Understanding en ce sens a été signé en 2019.
« Le cimetière de l’Ouest est un témoin de l’Histoire de Maurice. Des personnes ayant contribué au développement de notre pays y reposent. Certaines de ces tombes sont classées et font partie du patrimoine de la République de Maurice. De ce fait, suivant un accord signé entre la municipalité et cette association, la sécurité du cimetière de l’Ouest est de sa responsabilité », fait-il comprendre.
Quant aux tombes, « c’est aux proches et aux parents des défunts de s’en occuper », ajoute Daniel Augustin. Toutefois, l’entretien des allées et des espaces communs est du ressort de la mairie de Port-Louis, précise-t-il.
Se disant « choqué » par notre constat à la suite de notre tournée, il assure qu’il prendra illico des sanctions. « La fête de la Toussaint vient de s’écouler. Dans ce cadre, notre dernière ‘site visit’ remonte à il y a trois semaines. Je suis surpris. Je me rendrai sur place pour évaluer la situation afin d’y remédier », affirme l’adjoint au lord-maire.
Projet d’installation de caméras de surveillance
La mairie de Port-Louis a pris plusieurs initiatives afin d’améliorer l’entretien des cimetières, avance Daniel Augustin. « Nous avons investi une somme de Rs 10 millions pour asphalter les allées des cimetières de la capitale qui tombent sous notre responsabilité, notamment celui de Roche-Bois, St-Georges à Les salines, le cimetière de l’Ouest et celui de Pailles », fait savoir l’adjoint au lord-maire.
Quid des tombes ? « Nous envisageons un projet coûteux dont le financement reste un gros défi. Peut-être que cela figurera dans le Budget 2023-24. L’objectif est d’installer des caméras de surveillance pour éviter les actes de vandalisme et de sorcellerie, entre autres », indique-t-il.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !