
À quelques heures de la présentation du Budget national prévue ce jeudi 5 juin, le marché de la cigarette connaît ses turbulences habituelles. Alors que la rumeur d’une hausse des prix du tabac enfle, certains commerçants constatent un approvisionnement limité, voire des pénuries, particulièrement dans les petits enseignes. Cependant, les grandes surfaces assurent que leurs étals sont bien garnis.
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Dans les supérettes Masters Express, le ton est donné par Uttam Sumaroo, secrétaire général du réseau. Selon lui, les livraisons de cigarettes sont en forte baisse depuis quelques jours. Il explique : « Personnellement, cette semaine, je n’ai reçu que deux cartouches de cigarettes au lieu des 10 que je prends habituellement ». Une situation qui, d’après lui, tend à se répéter chaque année à l’approche du Budget, mais qui s’avère cette fois-ci « plus prononcée ».
Cette baisse des livraisons n’a rien de fortuit. Il avance que certains distributeurs bloquent volontairement leurs stocks, dans l’attente d’une éventuelle hausse des prix dans le prochain Budget. Une stratégie qui permettrait, selon lui, d’augmenter les marges de profit sur les stocks existants une fois la hausse officialisée. « Certaines marques comme Nero et Chesterfield ne sont plus disponibles sur les étagères », constate-t-il. Face à cette situation, les supérettes de Masters Express ont été contraintes d’imposer des quotas de vente. « Actuellement, un client ne peut acheter qu’une seule boîte de cigarettes. Ce quota sera maintenu jusqu’à ce que la situation se normalise », indique-t-il.
Dans les grandes surfaces
Dans les grandes surfaces, en revanche, le tableau est tout autre. Du côté d’Intermart, c’est « business as usual ». Les distributeurs continuent d’assurer les livraisons habituelles. « Il n’y a aucune restriction sur la distribution. Nous recevons les mêmes quantités que d’ordinaire », indique le PDG, Ignace Lam. Il observe, toutefois, une augmentation sensible des ventes à l’approche du Budget, un phénomène récurrent chaque année à cette période. Contrairement aux supérettes, Intermart n’a imposé aucun quota sur la vente de cigarettes.
Même son de cloche du côté de Super U. Selon Yannick Lew Yew Yim, responsable qualité du groupe, il n’y a aucune pénurie de cigarettes dans les magasins. « Bien que les fournisseurs ne nous livrent pas le même volume que d’habitude, nous disposons déjà des stocks nécessaires pour répondre à la demande », explique-t-il. Comme chaque année avant le Budget, dit-il, une hausse des ventes est constatée, certains clients achetant même directement par cartouches. « Nous n’avons toutefois pas jugé nécessaire d’imposer des quotas »,précise-t-il.
Pour Vicky Hanoomanjee, CEO de SaveMax, les tensions actuelles découlent surtout d’un comportement opportuniste de certains petits revendeurs. Il avance que les rumeurs d’une augmentation des prix du tabac et de l’alcool dans le Budget incitent certains petits commerçants à faire des stocks pour les revendre ensuite à un prix plus élevé. « Ils cherchent à réaliser un gain supplémentaire après l’annonce budgétaire », observe-t-il.
Néanmoins, il souligne que cette stratégie n’est pas adoptée par SaveMax, en raison de la faible marge réalisée sur les cigarettes, soit environ 3 %. « Nous ne spéculons pas sur les prix. Nos ventes augmentent naturellement et nous assurons un approvisionnement continu. Toutefois, il est vrai que nos stocks s’écoulent plus vite à cause de la demande accrue », dit-il.
Les importateurs et fournisseurs expliquent …
Le directeur général de TNS Tobacco, Oscar Mamet, affirme qu’il n’existe aucune pénurie ni restriction concernant la distribution des cigarettes commercialisées par l’entreprise. Il convient de spécifier que TNS représente les marques de British American Tobacco (BAT), notamment Dunhill, Rothmans, Benson & Hedges, Matinée et Pall Mall. « Les affirmations de certains commerçants selon lesquelles il y aurait une restriction sur la distribution ne sont pas fondées en ce qui concerne nos marques. Évidemment, je ne parle ici que des produits de TNS Tobacco », précise-t-il.
Selon lui, l’entreprise assure un approvisionnement normal auprès de tous ses clients. « D’ailleurs, nous avons même livré plus que d’habitude », souligne Oscar Mamet. Concernant les ventes à l’approche de la présentation du Budget, il explique que, comme chaque année, une hausse est généralement observée à cette période. « Cependant, les ventes ne sont pas aussi conséquentes que celles enregistrées les années précédentes », fait-il remarquer.
Umarfarooq Omarjee, directeur exécutif d’OMJ Commercial, indique que la Mauritius Revenue Authority (MRA) impose un certain quota sur le volume de cigarettes à écouler sur le marché tous les trois mois. « Il se peut que certains revendeurs aient déjà vendu leurs stocks et qu’il n’en reste plus pour le troisième mois, ce qui expliquerait la pénurie », soutient-il. D’ailleurs, il affirme que, normalement, avant le Budget, les fumeurs font des stocks afin d’éviter de subir une hausse des prix. « Cependant, à notre niveau, je peux assurer qu’il n’y a aucune perturbation en ce qui concerne l’approvisionnement », dit-il.
Produits de base
Un nouveau mécanisme pour soulager les consommateurs
Alors que l’annonce d’une hausse des prix sur les cigarettes et les boissons alcoolisées est très probable dans le Budget, la population espère une baisse des prix sur les produits alimentaires de base. Toutefois, les responsables des grandes surfaces rappellent que des plafonds de prix ont récemment été imposés sur divers produits comme les conserves, le beurre, la margarine ou les pâtes. Dans ce contexte, il devient difficile de prévoir quels autres articles connaîtront une baisse. Cependant, selon une source du gouvernement, on nous fait comprendre qu’un nouveau mécanisme sera mis en place pour soulager les consommateurs face à la cherté des produits alimentaires. Attendons de voir ce que le ministre des Finances annoncera. Nous serons fixés d’ici quelques heures.
Les ventes de boissons alcoolisées en légère ébullition
À l’approche de la présentation du Budget, les boissons alcoolisées également suscitent l’attention. Une hausse des prix étant fortement probable, certains consommateurs prennent les devants. Chez Masters Express, une hausse de 25 % des ventes a été enregistrée. « Les bières et les liqueurs blanches sont les plus prisées », indique Uttam Sumaroo. Il se veut toutefois rassurant : « Nous avons suffisamment de stock pour faire face à la demande accrue ». Cependant, cette tendance n’est pas généralisée. En effet, Ignace Lam, ne note pas de ruée particulière sur ces produits. « Les prix sont déjà tellement élevés que beaucoup n’ont pas les moyens de faire des réserves », affirme-t-il. Une observation partagée par Yannick Lew Yew Yim, chez Super U. « Même si une hausse est envisageable après le Budget, les ventes restent stables », dit-il.

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