Christopher Park, Chief People Officer chez Rogers Hospitality : «Les salaires peuvent être réévalués, surtout dans un contexte marqué par l’inflation»

Le secteur hôtelier fait face à l’exode des talents. Quelles sont les meilleures pratiques pour attirer et retenir des professionnels qualifiés dans un marché de l’emploi aussi compétitif ?
Attirer et retenir des talents qualifiés est un enjeu majeur pour notre secteur. La première réponse à ce défi réside dans l’amélioration de notre Employee Value Proposition, qui englobe la rémunération, les conditions de travail, mais aussi l’environnement professionnel. Il s’agit de proposer des salaires compétitifs et des avantages attractifs, tels que des primes de performance. De plus, il est essentiel de proposer des opportunités de développement professionnel à travers des formations et des plans de carrière, offrant des possibilités de mobilité interne. Les talents accordent également une grande importance à l’environnement de travail, d’où la nécessité de créer un cadre agréable, passionnant et stimulant, qui favorise l’épanouissement personnel. 

Quels sont les facteurs qui sont défavorables à la rétention des jeunes dans le secteur et comment y remédier ?
L’un des principaux facteurs est l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Une solution pour y remédier est de repenser la rotation des équipes. Il s’agit, par exemple, de réduire les cycles de travail et d’offrir des horaires plus flexibles, ce qui conduirait à une amélioration de la qualité de vie des employés. Il est également essentiel de promouvoir une culture d’entreprise qui valorise le bien-être et l’épanouissement des employés.

La question des salaires non attractifs du point de vue des employés dans le secteur de l’hôtellerie est souvent soulevée. La reprise des arrivées touristiques ayant influencé positivement les revenus de différents groupes, faut-il revoir à la hausse les salaires qui sont proposés ?
Les salaires peuvent être réévalués, surtout dans un contexte marqué par l’inflation. Cela dit, cette révision doit être effectuée intelligemment pour ne pas nuire à la croissance de l’industrie. Il est important de veiller à ce qu’une hausse des salaires s’accompagne d’une hausse de la productivité. Mettre en place des rémunérations variables, basées sur la performance et les résultats, peut être une solution efficace, sans oublier l’importance d’un environnement de travail de qualité, garantissant la satisfaction et l’engagement des employés.

Comment l’industrie s’adapte-t-elle à la main-d’œuvre étrangère ? Son recrutement est-il lié à la difficulté d’embaucher de la main-d’œuvre locale ou est-ce principalement en vue de diminuer les coûts d’opérations ?
Le recours à la main-d’œuvre étrangère est souvent une réponse aux difficultés à trouver des talents locaux pour certains postes spécialisés. Cette stratégie permet aux hôtels de maintenir leur niveau de service et de continuer à offrir une expérience de qualité à leurs clients. Dans ce contexte, il est crucial de trouver un équilibre entre main-d’œuvre locale et étrangère, ce qui requiert une gestion stratégique et éthique du recrutement, qui valorise et intègre les talents étrangers tout en renforçant les compétences locales.

Considérez-vous que les mesures du Budget 2024-25 soient suffisantes comme solutions aux divers défis qui guettent le secteur de l’hôtellerie ?
Le Budget 2024-25 propose des solutions intéressantes aux défis de l’industrie. Dans la conjoncture actuelle, il est crucial de continuer à renforcer le positionnement de Maurice comme destination de luxe. Cela nous permettra d’attirer des touristes prêts à payer des prix premium,  augmentant ainsi nos revenus et améliorant les salaires et conditions de travail des employés du secteur. 

Une attention particulière doit être accordée à la promotion de la destination et à l’amélioration des infrastructures touristiques, afin de s’assurer que le secteur reste compétitif et capable de répondre aux attentes des visiteurs internationaux. Soutenir l’innovation technologique et adopter des pratiques durables pourraient également jouer un rôle clé dans la différenciation de l’offre touristique de Maurice.

La diversification des marchés, en attirant des visiteurs de nouvelles régions, réduirait notre dépendance à l’égard des marchés traditionnels tout en stimulant la demande à long terme.