Elle l’aguicha, le séduisit et finalement le pompier s’enflamma… Fascinée par le métier qu’il exerce, elle le rejoint en 2017. Depuis, le tandem brave le danger au quotidien. Clarel et Christina Mélin ont accueilli, il y a cinq jours, Zya, leur premier enfant. Rencontre avec ce premier couple de pompiers à Maurice.
Pour les sacrifices qu’ils acceptent et les risques qu’ils courent, Clarel et Christina Mélin emploient toute leur énergie à sauver des vies ou assister toute personne malade requérant une attention spéciale. Ils interviennent aussi lors des accidents de la route, des incendies et des inondations. Idem pour secourir des animaux au milieu des éléments déchaînés.
Rue Delphinium, Résidence Barkly, se situe le nid d’amour des Mélin. Les deux sapeurs-pompiers vouent une véritable passion pour leur métier. Clarel, 33 ans, est affecté à la Special Operation Division (SOD) de Coromandel. Cet ancien du collège Royal de Port-Louis a fait ses débuts dans une firme comptable après son Higher School Certificate. Il n’a pas poursuivi ses études. La raison : la mort de son père. Durant les six ans qu’il a passés à balancer les comptes, il aspire à devenir policier, garde-chiourme ou sapeur-pompier. Il postule. « Ma mère rêvait toujours de me voir porter l’uniforme, » dit-il avec nostalgie.
En 2010, il se soumet aux examens médicaux et d’aptitude pour devenir sapeur-pompier. Il se donne à fond et réussit les tests haut la main, en se classant premier. En janvier 2012 a lieu l’admission d’un premier batch de sapeurs-pompiers. Son nom ne figure pas sur la liste jusqu’au prochain batch de juin 2012. Ainsi commencent les aventures du pompier Mélin.
Son ambition : gravir les échelons. Entretemps, il ne lésine pas sur les moyens pour y arriver. Passionné, le pompier est sur tous les fronts. « Pour accomplir ce métier, il faut une solide vocation », dit-il. Car sapeur- pompier ce n’est pas juste éteindre le feu, mais un métier qui va bien au-delà de ce que perçoivent les gens.
Avec ses coéquipiers, il porte assistance aux malades, aux victimes d’accident ou de calamités naturelles, aux animaux et personnes en détresse dans des lieux inaccessibles.
« Tout est dans l’approche. On est humain avant tout», confie-t-il. « C’est lors de ma formation que je me suis forgé cette force de caractère, essentielle pour accomplir mon métier. Au moment d’un incendie, tout le monde se sauve, nous, nous entrons dans le feu.» Cette phrase, prononcée par son chef hiérarchique, à l’école de formation, résonne encore dans sa tête. Clarel se surpasse au quotidien pour faire preuve d’altruisme, au détriment de sa propre vie. Il sait qu’à chaque intervention il peut ne pas s’en sortir « C’est un choix et je l’assume. »
«Monn manz macaroni gramatin»
Pourquoi ne tombes-tu pas, Mélin ? « Monn manz macaroni gramatin chef. » La réponse de sa femme Christina, lors de sa formation de sapeur-pompier en 2017, fait encore rire Clarel. D’ailleurs, il avoue que c’est-ce qu’il mange le matin avant de vaquer à ses exercices physiques.
Assise dans un sofa, avec un sourire timide, Christina (29 ans) a l’air très frêle. Mais l’habit ne fait pas le moine. « Ce métier m’a toujours passionnée. J’ai postulé en 2010, puis en 2013, enfin en 2016 et finalement j’ai été prise en 2017 », relate-t-elle. Christina se surpasse au quotidien pour accomplir son métier au mieux. Son plus grand rêve : conduire un Rosenbauer. D’ailleurs, elle a le permis pour poids lourd.
En attendant, vêtue de ses bottes, de son manteau, de ses gants et de son casque, elle brave les flammes avec ses pairs masculins, tous affectés à la caserne de Quatre-Bornes.
La rencontre
C’est en 2010 que Clarel aperçoit Christina pour la première fois. Elle passait un examen médical à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo. Ils échangent un brin de causette, mais lorsqu’il devient pompier, Clarel apprend avec tristesse que Christina n’a pas été embauchée. Ils se perdent de vue. En 2012, vu que Clarel se rend au boulot à Coromandel, il voit souvent Christina dans les parages, car elle habite Chebel. Clarel l’ajoute sur Facebook et de là, ils se lient d’amitié. « Elle ne me parlait que de mon boulot. Elle voulait tout savoir. Elle avait plus de livres sur les pompiers que j’en avais», dit Clarel en rigolant. Au fil des ans, Christina s’obstine à postuler pour devenir sapeur-pompier, mais en vain.
En 2015, Clarel demande à Christina de l’épouser. Elle accepte. En 2017, il reçoit un courrier destiné à Christina, alors employée en comptabilité dans un garage. Il le garde précieusement et annonce la nouvelle à sa femme, en lui offrant une fête surprise. « J’ai même fait un gâteau aux couleurs de notre uniforme et lorsqu’elle a vu cela, elle a couru dans la salle de bains pour pleurer de joie», confie Clarel. Commence ainsi l’aventure de la nouvelle sapeur-pompier.
Esprit d’équipe
Pour faire ce métier, il faut avoir l’esprit d’équipe, affirme d’emblée le couple. « Nos collègues sont comme nos frères. On leur fait aveuglement confiance. Sauver des vies est notre priorité. Chaque intervention n’est jamais la même. Lorsqu’on ne peut rien faire, on est en deuil. On est humain avant tout», avouent-ils.
Avec l’arrivée de leur petite fille Zya, tout change, mais l’organisation est le maître mot. « Notre formation nous aide à réagir rapidement, et à nous entraider pour faire avancer les choses. On applique ces atouts dans notre vie personnelle. C’est ce qui fait notre force», avoue Clarel.
Ensemble pour toujours, les nouveaux parents ne manqueront pas de concilier vie familiale et professionnelle du mieux qu’ils peuvent pour garantir un avenir meilleur à Zya. Mais pour rien au monde, ils ne changeront de profession.
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