Charles Cartier : un produit du secteur privé au gouvernement

Charles Cartier Charles Cartier, l'homme fort de l'Economic Development Board.

L’Economic Development Board a trouvé son premier président en la personne de Charles Cartier, responsable du Service Delivery Organisation à Accenture, un des fleurons du secteur BPO/ICT. Le challenge de cette nouvelle entité, qui regroupe Le Board of Investment, Enterprise Mauritius et le Mauritius Africa Fund, est d'attirer l'investissement étranger à Maurice.

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Le terme « défi », qui vient inéluctablement à l’esprit lorsqu’on évoque le chantier qui s’offre à l’Economic Development Board (EDB), n’effraie pas outre mesure Charles Cartier au parcours éducatif sans bavure. Tout lui a réussi. De sa bourse pour son classement après les lauréats au collège Saint-Joseph jusqu'à l’École supérieure de commerce et de management de Tours, en France, en passant par une licence en Économie et Finance internationale. « J’ai toujours aimé relever les défis, ce qui explique sans doute ma passion pour les sports d’endurance ultra », dit-il. Mais ce n’est pas le domaine sportif qui a mené à la décision de recruter cet oiseau rare, resté plutôt discret à l’Outsourcing and Telecommunications of Mauritius, dont il a été le porte-parole pendant de longues années.

Il faut se reporter à une anecdote lors son premier job, chez la société Deloitte en France, pour comprendre l’intérêt qu’il a suscité pour le poste à l’EDB. Alors qu’il était en mission dans le Sud-Ouest de la France, il se rappelle de la réflexion d’un directeur d’entreprise qui lui partagea son expérience des vacances à Maurice. « Durant son séjour à Maurice en 1996, il avait vu une personne sortir un portable d’une tente ‘bazar’. Cet homme d’affaires était étonné par le nombre de portables en circulation à Maurice contrairement à la France en ce temps-là. À ce moment-là, j’ai compris que je devais peut être revenir à Maurice pour participer à l’avènement du secteur des TIC et contribuer à la construction d’une économie nouvelle. »

Nouvelles technologies

Après deux ans dans une filiale technologique du groupe CIEL, Charles Cartier rejoint comme directeur-général la société Blue Sign, dont le partenaire est le français FC 2. Blue Sign, engagée dans les nouvelles technologies, fait figure de pionnier dans ce domaine, avec le développement des cédéroms, des bornes interactives et des présentations multimédia. Cette société travaille essentiellement pour des multinationales étrangères, à l’instar du groupe L’Oréal, Electrolux, Volkswagen mais aussi pour des organisations mauriciennes comme Phoenix Beer, la Port Authority, le Mauritius Freeport Development et le BoI.

En 2004, Accenture l’embauche comme BPO Manager pour gérer un projet avec 125 personnes. En 2007, il devient Operations Manager à TNT Business Solutions. Six mois plus tard, il en est le directeur général. Durant les huit ans qu’il passe à ce poste, il s’entoure d’une équipe de professionnels qui « n’avaient pas peur de se retrousser les manches pour relever les défis les plus incroyables ». Selon ses propres mots, cette équipe partageait la même passion et la même vision. Celle de positionner leur entreprise comme leader à Maurice. « Pendant cette période, l’entreprise s’est trouvée transformée. Alors qu’en 2006, elle gérait la saisie de données avec 170 employés, en 2015, TNT Business Solutions était parmi les deux plus grosses entreprises BPO de l’île avec une équipe de 700 personnes opérant des projets à forte valeur ajoutée et un portefeuille de clients diversifié », dira Charles Cartier En juillet 2015, les aléas liés aux réalités de l’économie mondiale le font revenir chez Accenture lorsque celui-ci achète TNT.

Partout, où il s’est vu confier des responsabilités, poursuit Charles Cartier, il a mis l’accent sur la formation du personnel. Il est d'avis que l’économie mondiale est en perpétuelle mutation et que les équipes ont besoin de constamment se ressourcer pour maintenir le rythme du changement. Cela est toujours d’actualité dans l’industrie numérique. « Nous gagnons constamment en valeur ajoutée en investissant dans la formation des ressources humaines. Alors qu’il y a quelques années nous ne faisions que de la saisie de données, aujourd’hui nous allons vers le FP&A (Financial Planning and Analytics), le RPA (Robotic Process Automation) et l’intelligence artificielle. »

L’écoute et le dialogue

Chez ce haut cadre high- profile qui fait voisiner James Brown, Prince et Jimi Hendrix, mais sans le LSD et les sueurs, un terme revient constamment dans la conversation. « Dans tout ce que j’accomplis, j’essaie de voir comment ça peut permettre à Maurice de gagner et de grandir. Je suis un peu en colère lorsque j’entends des Mauriciens dire à leurs enfants qu’il est préférable pour eux d’aller vivre ailleurs qu’à Maurice. On peut accomplir de belles choses chez nous à condition d’aimer notre pays, et surtout d’apprendre l’amour de notre pays à nos enfants. C’est cela qui nous fait défaut. »

À la présidence de l’Economic Development Board, il souhaite privilégier l’écoute et le dialogue, seules conditions pour faire travailler une équipe à l’unisson et vers un objectif commun.

« Je pars toujours avec un esprit positif, j’aime booster le moral des troupes. Je ne me concentre pas sur ce qui sépare les gens mais ce qui les réunit. Il y a de nombreux couples où un conjoint travaille dans le public et l’autre dans le privé, mais ils arrivent à s’accorder pour transmettre les valeurs qu'il faut à leurs enfants. Lorsqu’une équipe a la même vision, elle trouvera toujours la meilleure formule pour travailler ensemble vers cette vision », dit Charles Cartier.  

S’il reste discret sur la manière dont il va gérer les subtilités entre les institutions, privées et publiques, c’est parce qu’il veut d’abord être à l’écoute.

 

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