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Charles Cartier, CEO d’Air Mauritius : «Je n’ai jamais eu besoin de proximité avec qui que ce soit»

Charles Cartier, nouveau CEO d’Air Mauritius, a répondu aux questions de Jane Lutchmaya dans l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus et TéléPlus le mercredi 20 mars 2024. Raj Ramlugun, petit actionnaire, et Eddy Jolicoeur, consultant en ressources humaines et en stratégie, sont intervenus par téléphone.

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Défis

« Je suis tout à fait conscient de ce que représente le défi de gérer une compagnie telle qu’Air Mauritius », lance d’emblée le nouveau Chief Executive Officer (CEO) Charles Cartier. Il ajoute : « C’est un défi que je trouve intéressant au niveau où je suis arrivé dans ma carrière. Je suis heureux d’apporter mon expérience dans une compagnie d’intérêt national. Sans Air Mauritius, nous sommes déconnectés de notre principal marché, l’Europe, du continent auquel nous appartenons, l’Afrique, et de la région du Sud de l’océan Indien. » 

Il rappelle qu’il n’est pas le premier CEO d’Air Mauritius à ne pas être spécialiste de l’aviation. « Air Mauritius est dans un secteur hyper-compétitif. J’ai travaillé dans des secteurs hyper-compétitifs. Les grandes entreprises dans le monde recherchent du leadership. Air Mauritius a besoin d’un leadership inclusif », précise-t-il. 

Nominations 

Charles Cartier a été sollicité pour commenter les nominations au sein de l’Advisory Committee qu’il a mis en place. « Personne n’a eu de promotion ou d’augmentation. Il faut que les gens qui ont des connaissances les partagent. Les personnes susceptibles de me donner les informations importantes sont dans ce comité », explique-t-il. 

Ce comité n’a pas de pouvoir décisionnel, mais a pour rôle de le conseiller, précise-t-il. « Je suis quelqu’un qui aime consulter avant de prendre une décision. C’est une solution temporaire en attendant de nommer un COO (Chief Operating Officer). » 

Proximité politique 

Le nouveau CEO d’Air Mauritius assure ne pas subir de pression externe. « Les gens qui me connaissent savent qu’il est difficile de faire pression sur moi. Je travaille avec intégrité et beaucoup de principes. » 

Il affirme que le Premier ministre et son entourage sont au courant de sa carrière professionnelle. « J’ai une proximité avec certaines personnes, comme tout le monde. Mais si vous regardez mes activités, j’ai des proximités avec du monde dans tous les domaines. Je n’ai jamais eu besoin de proximité avec qui que ce soit », se défend-il. 

Relation industrielle 

La relation entre les passagers et les employés est cruciale dans le secteur de l’aviation, selon Charles Cartier. « Pour que les clients aient un sentiment d’accueil, il faut que les employés se sentent bien. J’ai été à la rencontre des employés. La presse n’aura plus d’informations de la part des employés car je vais leur donner une opportunité de communiquer en interne. Nous devons laver notre linge sale en interne. Je vais privilégier un dialogue direct et des rencontres avec les syndicats », prévient-il. 

Gestion des pannes et retards 

« Nous sommes dans un secteur où la reprise a été brutale après la COVID-19 », explique le CEO de la compagnie nationale d’aviation. Il précise : « La fourniture de pièces de rechange dans l’aviation est actuellement extrêmement tendue. [...] Il faut une meilleure communication. Nous allons nous assurer que les clients aient l’information le plus tôt possible. »  Et s’il concède que « ce ne sera pas toujours possible, nous serons aussi le plus transparents possible ». 

Charles Cartier constate, par ailleurs, que « nous avons plus de passagers avec moins d’avions. Peut-être que nous avons trop vendu (de sièges) [...] ». Trois avions commandés seront livrés en 2026 et 2027, ajoute-t-il. « Nous avons signé un ‘wet lease’ (location d’un avion auprès d’une autre compagnie aérienne qui assure les opérations) avec une autre compagnie et nous espérons avoir un ‘dry lease’ (location d’un avion dont Air Mauritius assurera les opérations) d’ici quelques semaines », détaille Charles Cartier. 

Stratégie commerciale 

Le CEO d’Air Mauritius souhaite que « les Mauriciens retrouvent leur fierté de voyager avec Air Mauritius ». Il rappelle qu’en 2019, avant la COVID-19, le chiffre d’affaires a été de 454 millions d’euros (environ 
Rs 22,71 milliards). « Pour la première fois, nous allons dépasser 500 millions d’euros (environ Rs 25 milliards) cette année. » Charles Cartier est catégorique : « Nous avons une vision de croissance, à l’opposé de ce que les employés ont ressenti en 2020, quand ils ne savaient pas si la compagnie allait encore exister. Nous avons renversé la vapeur après le choc de la COVID-19. » 

Nous allons maintenant travailler pour une croissance continue pour les années à venir, poursuit-il : « Nous avons deux stratégies, l’une pour nos principaux vols, Paris et Londres, et une pour la région. » 

Démission de Ken Arian 

Réagissant à la démission de Ken Arian, CEO d’Airport Holdings Ltd (AHL), du conseil d’administration d’Air Mauritius, Charles Cartier indique qu’il répond au conseil d’administration qui représente les actionnaires. « Ce sont les actionnaires qui définissent les objectifs », dit-il. 

Et de faire savoir : « J’avais prévu de rencontrer Ken Arian après avoir remis de l’ordre au sein de l’organisation. Il n’y a pas de conflit. J’ai donné la priorité aux rencontres avec les employés. Maintenant je dois rencontrer les autres parties prenantes. » 

Charles Cartier assure n’avoir « aucun conflit avec Ken Arian. Il faut lui demander la raison de sa démission ».

Raj Ramlugun, petit actionnaire : « Air Mauritius a plus de ‘people issues’ que de ‘business issues’ »

« N’importe quelle organisation doit faire un ‘assessment’ avant de prendre de nouvelles décisions. Chaque nouvelle nomination doit répondre aux besoins et créer une harmonie avec toutes les parties prenantes. Air Mauritius a plus de ‘people issues’ que de ‘business issues’ », fait ressortir Raj Ramlugun, petit actionnaire d’Air Mauritius. 

« Charles Cartier doit faire attention de ne pas augmenter ces problèmes », dit-il. « Quand il nomme quelqu’un, il doit s’assurer de répondre aux besoins de l’organisation, pas à ceux de la personne », martèle-t-il. 

Et s’il concède qu’il faut donner du temps à Charles Cartier, il fait néanmoins valoir que ce dernier n’est pas « un ‘clerk’, il doit être opérationnel. Il ne faut pas qu’il s’entoure de personnes qui profitent du système ».

Eddy Jolicoeur, consultant en ressources humaines et en stratégie : « Les talents sont-ils utilisés correctement ? »

« Il faut beaucoup de courage pour redresser la situation des ressources humaines à Air Mauritius. Ils n’ont pas nécessairement une planification des ressources humaines », lance Eddy Jolicoeur, consultant en ressources humaines et en stratégie. 

Il est d’avis qu’« il y a beaucoup de talents chez Air Mauritius, mais est-ce que nous les utilisons correctement ? C’est la question ». Eddy Jolicoeur estime que le partenariat avec les syndicats est important. « Mais il y a une ingérence politique et certains syndicats jouent avec cela », regrette-t-il. 

Concernant la relation avec AHL, il faut définir les responsabilités, mais malheureusement il y a un flou, ajoute-t-il. « [...] Il ne faut pas nécessairement un spécialiste de l’aviation comme CEO d’une compagnie d’aviation. Il y a beaucoup d’exemples à travers le monde. La question ne se pose même pas. »

 

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