Live News

Chapeau bas à tous les soldats de la santé 

Publicité

Nuit et jour au chevet des patients, les membres du personnel médical, du privé comme du public, méritent d’être salués pour le travail accompli, avec hélas beaucoup de difficultés. Surtout pour ces deux années marquées par la Covid-19, période de la pandémie qui coïncide avec la période des fêtes. Au risque de leur vie, médecins et infirmiers continuent à prodiguer des soins aux malades. 

yuvraj
Yuvraj Purusram.

Il est 18 heures chez la famille Purusram à Port-Louis. Yuvraj, le père de famille, a enlevé ses vêtements de travail pour endosser son rôle de papa. Sa tâche est de donner le bain à ses deux jumelles, âgées de 23 mois. Acting Charge Nurse depuis 2018 au Brown Sequard Hospital, il ne cesse de collectionner les diplômes afin d’améliorer ses connaissances dans le domaine médical. Son but est d’offrir un meilleur service à ses patients. 

Maintenant 20 ans qu’il est infirmier, Yuvraj Purusram avoue qu’il n’avait que 19 ans lorsqu’il a fait ses premiers pas dans cet univers. « Au début, mon objectif était uniquement de trouver du travail, mais par la suite, j’ai rapidement pris goût. J’aime mon métier. Cela me donne cette possibilité de venir en aide aux autres. Conseiller mes patients et les aider à aspirer à une meilleure santé est une grande satisfaction pour moi », confie-t-il. 

En parlant de satisfaction, Yuvraj, qui vient aussi de compléter une maîtrise en gestion de santé, avance qu’il ne le fait pas uniquement pour sa satisfaction personnelle, mais aussi à cause des avancées de la médecine. « C’est un monde qui évolue constamment. Il y a de nouvelles maladies, des virus, de nouveaux patients. Nous devons pouvoir rester connectés à tout ce qui se passe dans le monde médical et dans le monde de la science pour savoir quoi répondre aux patients. » 

Si depuis 10 ans, il travaille dans le domaine psychiatrique, cependant il explique qu’il a aussi été appelé à servir dans d’autres départements. Notre interlocuteur se dit fier du progrès qu’il note à l’hôpital psychiatrique. « J’aime partager ma passion pour ce métier aux plus jeunes qui sont parfois impatients. Ils manquent beaucoup de formations. Même moi, je continue à apprendre chaque jour. Je n’hésite pas à faire des vidéo calls avec des médecins lorsque c’est nécessaire. » 

Plus de sacrifices doivent être fournis.

docteur
Nuit et jour au chevet des patients.

L’Acting Charge Nurse explique qu’en ce moment c’est très dur pour le personnel, car plus de sacrifices doivent être fournis. « Par exemple, à l’hôpital psychiatrique, nous avons dû aménager un département spécifique pour nos patients atteints de la Covid-19. Nous ne pouvons malheureusement pas les envoyer à l’hôpital ENT, car il n’y a pas de structure adaptée là-bas. De plus, il est préférable pour ce patient d’être traité par le personnel approprié et que son traitement ne soit pas interrompu. » Justement, cela ne se passe pas sans une bonne organisation et des sacrifices de la part du personnel. « À savoir que ceux qui travaillent dans ce département doivent passer sept jours à l’hôpital sans rentrer chez eux puis également effectuer sept jours d’isolement ». 

Afin d’épauler l’équipe de l’hôpital ENT, Yuvraj y a aussi travaillé pendant un cours moment cette année. Il se souviendra toujours de son passage là-bas, surtout en cette période de pandémie. « Malheureusement, pendant mon passage, quatre personnes y sont décédées. Je n’ai pas honte de le dire. J’étais dévasté. Je ne les connaissais pourtant pas, mais j’ai pleuré. » Il avance que l’un des patients, qui était cancéreux, lui racontait des blagues et paraissait en pleine forme avant de mourir. « En cinq minutes, elle s’est sentie mal et elle est décédée. Cela m’a apporté beaucoup de tristesse. Monn mem fer enn lapriyer pou li. »

Si notre interlocuteur avoue que lui et son équipe avaient eu peur, cependant il tient à faire ressortir que « jamais nous avons refusé de nous rendre au travail ». Il dit prendre beaucoup de précautions, surtout pour protéger sa famille. D’ailleurs, il tient à saluer tous les membres du personnel médical qui sont rongés d’inquiétude.

Dr Aurélie Boucherville : «Que Dieu nous donne la force et le courage d’aller jusqu’au bout !»

aurelieJeune médecin du privé, la Dr Aurélie Boucherville avance que ces trois années de pratique ont été surtout marquées par la pandémie. Cependant, elle avance qu’elle savait dans quoi elle s’était engagée, même s’il faut souvent s’adapter. « Il faut constamment se dépasser. Avec la pandémie, il y a eu plus de peur et de frustration pour les patients comme pour leurs proches ». Elle explique que le personnel médical a eu fort à faire pour rassurer ces personnes et éviter les crises de panique. 

Elle tient cependant à dire que la santé mentale reste l’enfant pauvre de la pandémie, car « son impact sur le personnel médical n’a pas été suffisamment pris en considération. Cette pandémie a aussi eu des conséquences sur le personnel, que ce soit à cause de leur implication personnelle ou familiale. Donc, il a fallu également gérer nos confrères ». 

À tous ces belles âmes qui continuent d’œuvrer dans les établissements hospitaliers de l’île, la doctoresse Aurélie Boucherville a le message suivant : « Je sais que ces deux dernières années n’ont pas été faciles, nous avons juré un serment, que Dieu nous donne la force et le courage d’aller jusqu’au bout »


Priya Nundram, mère de famille et infirmière 

Elle compte 25 ans de service comme infirmière. C’est avec passion qu’elle décrit son travail. « Comme nous travaillons sur un shift système, j’arrive à jongler entre le travail et la vie de famille ». Cependant, elle explique qu’en ce moment, il y a eu plus de pressions. « Il y a moins de personnes pour travailler, il y a la fatigue. À un certain, mes collègues et moi, nous étions à bout. » 

Dans la nuit du 24 décembre, Priya a travaillé. Elle souhaite envoyer un message de soutien à tous ses confrères. « Nous travaillons avec beaucoup de stress et des fois sans congé. Merci à tous d’avoir fait des sacrifices et d’avoir fait de votre mieux pour aider les patients et leurs proches. Je souhaite que 2022 soit une meilleure année pour vous tous ! »

Nasser Essa : « Bizin rekonet nou valer ek nou sakrifis »

Pour le Président de la Nurses’ Union, Nasser Essa, il est important de faire le point sur l’année écoulée et mieux se préparer à la nouvelle année. Il avance que malgré toutes les difficultés que les infirmiers ont pu rencontrer cette année, ils sont bien en poste et le travail continue. En cette période de fin d’année, il souhaite leur adresser un mot. « Nous avons connu une année noire, voire très difficile. Quatre infirmiers sont décédés après avoir été contaminé à la Covid-19 sur leur lieu de travail. Je sais que pour les autres, c’est autant difficile, car il faut travailler très dur. Il y a la fatigue, le ‘burn-out’. Je n’ai pas de mots pour les remercier de tous les sacrifices qu’ils font pour faire leur travail comme il se doit. Nous souhaitons que l’an 2022 soit meilleur et qu’enfin les autorités puissent reconnaître nos sacrifices, nous reconnaître à notre juste valeur. Et surtout qu’aucun infirmier ne perde la vie comme ce fut le cas cette année. » Dans de telles circonstances, dit-il, il est impossible de faire une fête de fin d’année cette année. « D’habitude, nous nous réunissons dans chaque salle afin de célébrer pendant quelques minutes, mais cette fois-ci, nous ne pouvons rien faire. »

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !