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Chantal Espitalier-Noël : «Je vis ma vie avec un véritable sens de but»

Source photos : Chantal Espitalier-Noël

Épouse de l’un des businessmen les plus influents à Maurice, Chantal Espitalier-Noël ne révèle pas son âge… volontiers. Facilitatrice de l’inclusion féminine, elle a pour loisirs l’écriture, la lecture, le yoga, la méditation et l’art. Née au Canada d’un père mauricien et d’une mère polonaise, elle a grandi à Maurice. Elle a poursuivi ses études supérieures dans le domaine de la production textile et de la mode à Durban, en Afrique du Sud. Dans cet entretien exclusif, elle partage son parcours. 

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Vous avez quitté Maurice pour l’Afrique du Sud à 16 ans. Après sept ans d’absence, vous êtes rentrée… 
Effectivement, je suis retournée à Maurice et j’ai lancé ma propre marque de vêtements « GECKO KIDS », spécialisée dans la mode enfantine. Grâce à un concept unique, ludique et innovant, j’ai rapidement développé des boutiques à travers l’île ainsi qu’une petite usine. 

Par la suite, mes produits ont commencé à être exportés dans plusieurs pays. En l’an 2000, j’ai été remarquée et nommée Femme entrepreneur de l’année. À ce moment-là, j’ai rejoint l’Association des femmes chefs d’entreprises, où j’ai commencé à rencontrer et à échanger avec d’autres femmes inspirantes.

Les femmes ont besoin des hommes tout comme les hommes ont besoin des femmes. Ces deux énergies sont complémentaires et nécessaires»

Quinze ans plus tard, pourquoi avez-vous vendu votre entreprise ? 
J’ai décidé de vendre mon entreprise pour me consacrer à mes enfants et à ma passion pour la découverte de soi. J’avais besoin de panser mes plaies et je me suis plongée dans les thérapies alternatives. 

En me construisant, j’ai découvert des pratiques telles que la régression, l’hypnose, divers cours en énergie, la numérologie, le tarot, la méditation, la technique de respiration, la visualisation, le yoga, la programmation neurolinguistique (PNL), entre autres. Parallèlement, j’ai également commencé à m’investir dans des missions avec des ONG et je suis devenue coach de vie à la prison pour femmes de Beau-Bassin. C’est à travers ces expériences que j’ai compris que mon véritable bonheur réside dans le service aux autres.

Selon vous, quels rôles jouent les femmes fortes dans la société ? 
Les femmes portent plusieurs casquettes et jouent plusieurs rôles importants dans notre société en influençant les générations futures. Il y a plusieurs types de forces chez la femme. Par exemple, il y a des femmes fortes intellectuellement qui sont des défenseurs des droits et de l’égalité, contribuant ainsi à façonner une société plus juste et inclusive. 

Il y a celles que nous rencontrons dans notre quotidien, qui nous font ressentir leur force par leur valeur, leur détermination, leur résilience et leur capacité à surmonter les obstacles. Il y a des femmes qui inspirent les autres à poursuivre leurs rêves et à ne pas se laisser décourager par les défis rencontrés. 

Les mamans sont souvent des modèles de résilience, d’amour inconditionnel et de soutien pour leur famille. Elles peuvent enseigner à leurs enfants des valeurs d’égalité, d’indépendance et de respect.

Une femme forte est avant tout quelqu’un qui s’aime elle-même. C’est quelqu’un qui a une connaissance de soi»

Comment définiriez-vous une femme forte ?
Une femme forte est avant tout quelqu’un qui s’aime elle-même. C’est quelqu’un qui a une connaissance de soi. En incarnant ses limites et ses valeurs, elle est courageuse. Selon les circonstances, elle sait aussi comment se faire respecter, que ce soit en utilisant sa force tranquille ou sa force masculine et féroce si besoin, afin de triompher du mal. 

Une femme forte est indépendante d’esprit et fait preuve de discernement. Elle sait entretenir des relations objectives, constructives et réalistes avec les différentes parties prenantes (« stakeholders »). 

Pour résumer, je dirais qu’une femme forte est une personne dotée d’une résilience exceptionnelle, d’une détermination inébranlable et d’une capacité à surmonter les obstacles avec grâce et puissance.

Comment l’éducation par une femme forte a-t-elle influencé votre approche de la vie ? 
À l’âge de 9 ans, j’ai perdu ma mère biologique, mais son héritage de force et d’humanisme reste vivant dans ma mémoire. Je me souviens particulièrement de son refus que les femmes de ménage soient mises à l’écart au moment des repas. 

Comme nous, elles mangeaient à table, une pratique peu commune à l’époque mais qui témoignait de sa vision égalitaire et de son respect envers tous.

Y a-t-il d’autres femmes qui ont marqué votre parcours ? 
Oui, bien sûr ! En plus de ma mère, d’autres femmes fortes ont marqué mon parcours. Ma grand-mère paternelle par son amour inconditionnel, ma tante Janine Grant, qui m’a m’inculqué des valeurs de vie et le goût de la réussite, sans oublier notre femme de ménage, Ivy, qui ne manquait pas de me cajoler, me réconfortant dans ses bras à plusieurs étapes de ma vie. 

Plus tard, en tant que femme adulte, j’ai eu quelques mamans adoptives, telles que ma belle-mère, Rosemay Espitalier-Noël, qui a été un modèle pour moi par son indépendance, son autonomie, son partage des valeurs éducatives et de vie transmises à mes enfants. Il y a également Shakuntala Hawoldar, qui a laissé une empreinte indélébile dans mon existence. 

Donc, chacune de ces figures féminines m’a transmise des valeurs de résilience, de compassion, d’autonomie, de courage et de détermination, façonnant ainsi mon approche de la vie.

Mon chemin est de servir et d’autonomiser les moins fortunés et de les aider à atteindre une vie meilleure. C’est ce qui me rend vraiment heureuse et remplit mon cœur»

Revenons à votre maman, pourquoi dites-vous qu’elle était une femme forte ? 
Eva, ma mère, était une femme forte pour plusieurs raisons. D’abord, elle avait une personnalité solaire, charismatique et déterminée. Dans notre foyer, c’était elle qui prenait toutes les décisions, tandis que mon père était plutôt effacé. Elle assumait entièrement la responsabilité de notre éducation et même des décisions professionnelles de mon père. Ses amies m’ont souvent raconté qu’elle avait un flair incroyable pour les affaires. 
Mais ce qui m’a vraiment marquée, ce sont ses valeurs humaines. Elle avait un cœur généreux et envoyait régulièrement des colis de denrées alimentaires et de nos vieux vêtements à sa famille en Pologne.

Si vous deviez être reconnaissante pour une chose liée à elle, que serait-ce ? 
Je suis reconnaissante d’avoir hérité de son ADN culturel, de son ouverture et de son indépendance d’esprit. C’est un héritage qui a influencé mes valeurs.

Quels sont les défis courants auxquels les femmes sont confrontées ? 
En me basant sur mon expérience, je constate que les femmes rencontrent souvent des défis dans la gestion des conflits entre leurs amies, collègues et leur famille. Les autres défis courants auxquels les femmes sont confrontées incluent la discrimination de genre, les inégalités d’opportunités et l’équilibre entre travail et responsabilités familiales.

Comment les aidez-vous à les surmonter ? 
Je leur donne de mon temps à travers une écoute attentive et empathique. Je leur pose des questions clés afin que la personne puisse elle-même trouver ses propres réponses. Et, bien sûr, en promouvant l’autonomisation par l’éducation.

Le soin de soi est-il essentiel dans la vie des femmes ?
Le « self-care » est crucial pour l’amour de soi et l’équilibre global dans nos vies. Il inclut des pratiques physiques, mentales, émotionnelles et spirituelles. Cela permet de gérer le stress, de renouveler notre énergie et de cultiver une meilleure santé. De plus, en prenant du temps pour elles-mêmes, les femmes peuvent mieux répondre aux exigences de leur vie professionnelle, familiale et sociale, tout en se sentant plus épanouies et plus confiantes dans leur vie quotidienne.

La véritable force réside dans l’acceptation et la valorisation de sa propre féminité»

Quels sont les préjugés entourant les femmes fortes ? Et comment peuvent-ils être corrigés ? 
D’après mon expérience, certains préjugés sur les femmes fortes incluent la croyance selon laquelle une femme est forte si elle domine un homme ou même une autre femme en étant froide et en cachant sa vulnérabilité. Cependant, la force d’une femme ne se mesure pas à sa capacité à écraser ou dominer les autres. 

Il est important de reconnaître que les femmes fortes n’ont pas besoin de rivaliser avec les hommes, ni de chercher à prendre leur revanche ou à prendre leur place. Les femmes ont besoin des hommes tout comme les hommes ont besoin des femmes. Ces deux énergies sont complémentaires et nécessaires. Une femme qui adopte constamment une énergie masculine ne peut pas être considérée comme forte, car la véritable force réside dans l’acceptation et la valorisation de sa propre féminité.

Quelles stratégies recommandez-vous aux femmes qui pourraient avoir du mal à trouver leur voix ? 
Je leur recommanderais, si possible, de trouver un coach ou un système de soutien fiable et sans jugement autour d’elles. Mais aussi de tenir un journal de leurs émotions, de pratiquer la pleine conscience, de prier deux fois par jour, d’exercer la gratitude, la gentillesse, la compassion et de se fixer des objectifs à court terme. Et de choisir un objectif à la fois. À chaque réussite, il faut aussi célébrer ses succès. C’est ce qui m’a aidée à trouver ma vérité.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui s’efforcent d’embrasser leur force et leur pouvoir dans le monde d’aujourd’hui ? 
Je leur conseillerais de se libérer de leurs peurs et d’abandonner leurs doutes, de croire en elles et en leurs rêves. Et de ne surtout pas chercher l’approbation des autres. Faites confiance à votre cœur. Essayez d’élever votre fréquence vibratoire pour être plus joyeuses et positives. Souriez et la vie vous renverra ce que vous émettez…

Selon vous, comment les femmes peuvent-elles mieux se soutenir ? 
Les femmes devraient cesser de rivaliser entre elles et plutôt reconnaître que chaque femme est unique et porte sa propre histoire, son propre drame et sa propre beauté. Il faut abandonner la rivalité, la jalousie et les peurs.

Je pense que les femmes peuvent se soutenir mutuellement de manière plus efficace dans leur vie personnelle et professionnelle en favorisant une culture de collaboration et d’entraide, en partageant leurs expériences et leurs conseils. Et en se montrant solidaires face aux défis tout en encourageant la réussite de chacune d’entre elles. À mon avis, c’est ainsi que les femmes seront plus épanouies.

En tant qu’épouse de l’un des hommes d’affaires les plus influents de Maurice, pourquoi consacrez-vous plus de temps et d’efforts à autonomiser les moins fortunés que la plupart des femmes qui mènent un style de vie luxueux ? 
(Rires) Effectivement, je pourrais passer mes journées au spa et déjeuner somptueusement au restaurant avec des amies, mais Dieu a tracé un chemin différent pour moi. Mon chemin est de servir et d’autonomiser les moins fortunés et de les aider à atteindre une vie meilleure. C’est ce qui me rend vraiment heureuse et remplit mon cœur. Je vis ma vie avec un véritable sens de but, c’est significatif. Je suppose que j’ai trouvé ma voix, ma vérité.

Pour conclure, quel message aimeriez-vous adresser aux femmes du monde entier dans le cadre de la journée spéciale dédiée à la célébration et à la reconnaissance de leur importance ? 
Soyez fières de vos accomplissements et de votre force intérieure. Chacune de nous est un petit grain de sable dans cet immense univers, capable d’apporter sa contribution à l’humanité en catalysant le changement. Chaque grain devient ainsi une pièce précieuse du puzzle qui façonne un monde meilleur. Joyeuse Journée internationale des droits de la femme !

 

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