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Chantal Espitalier-Noël, fondatrice de Fam-Unie : « le rôle d’une femme au foyer n’a pas de prix »

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Mauricienne engagée et fondatrice de la fondation Fam-Unie, Chantal Espitalier-Noël a pour objectif de soutenir les femmes en difficulté. À Le Dimanche/L’Hebdo, elle livre son opinion sur l’allocation de Rs 2 000 aux femmes au foyer proposée par l’Alliance Lepep dans son manifeste électoral.

Que comprenez-vous par une femme au foyer ?

Le rôle d’une femme au foyer va au-delà des tâches ménagères. Elle est un pilier familial et social, contribuant indirectement à l’économie et s’investissant parfois dans des activités communautaires ou entrepreneuriales. Elle joue un rôle clé dans l’éducation des enfants, la gestion du bien-être familial et des finances. Souvent, c’est elle qui prend les décisions importantes pour assurer le bon fonctionnement du foyer et le bien-être de tous. Cela n’a pas de prix.

Vous êtes sur le terrain pour soutenir les femmes en difficulté. Quelles sont les catégories de femmes au foyer observées ?

Certaines femmes au foyer se consacrent exclusivement à la maison et à l’éducation des enfants, d’autres gèrent des activités professionnelles à domicile ou des projets entrepreneuriaux. Enfin, certaines d’entre elles s’investissent dans des actions bénévoles ou communautaires.

Elles sont « femmes au foyer » par choix ?

Certaines deviennent femmes au foyer par choix, car elles peuvent se le permettre financièrement, et privilégient l’équilibre émotionnel ainsi que l’épanouissement familial. D’autres femmes le deviennent par nécessité, en raison du coût élevé des services de garde ou par manque d’opportunités professionnelles adaptées. Dans tous les cas, leur décision est souvent guidée par la volonté de contribuer pleinement à la stabilité et au bien-être de leur famille.

Exercent-elles des activités génératrices de revenus informelles ?

Oui, tout à fait. Ces activités peuvent inclure la vente de produits faits maison, des services de garde d’enfants, des cours particuliers ou encore la couture. Ces revenus, bien qu’ils ne soient pas déclarés officiellement, permettent à ces femmes de contribuer financièrement à leur foyer tout en gérant leurs responsabilités familiales.

Quels sont leurs défis les plus fréquents ?

Il y a notamment un manque d’opportunités d’activités génératrices de revenus. Elles peuvent se sentir coincées dans un quotidien sans objectif ni sens, ce qui entraîne frustration et isolement. De plus, l’accès limité à la formation complique leur capacité à améliorer leur situation.

Selon vous, quelle est la valeur économique et sociale du travail non rémunéré des femmes au foyer ?

Économiquement, elles assurent la gestion des ressources familiales et permettent à d’autres membres de la famille de se concentrer sur leur carrière. Socialement, elles contribuent au développement des enfants et renforcent les réseaux de solidarité au sein de la communauté. Ce travail, bien que souvent sous-estimé, est essentiel au bon fonctionnement de la société.

Que pensez-vous de la proposition de Rs 2 000 pour les femmes au foyer dans le programme électoral de l’Alliance Lepep ?

La somme de Rs 2 000 est non-négligeable. Cependant, cela semble être une solution temporaire, plutôt qu’une réponse durable. Il serait plus bénéfique d’investir dans des initiatives qui aident les femmes au foyer à acquérir des compétences et à devenir financièrement autonomes. La satisfaction de travailler pour subvenir à ses besoins, ainsi que l’effort consenti, sont essentiels à l’épanouissement personnel. 

Il aurait également été judicieux de définir clairement le segment de femmes au foyer qui bénéficierait de cette aide. Si cet argent était utilisé pour financer des centres de formation, cela offrirait des perspectives plus durables. Avec l’inflation et la dévaluation de la roupie, ces Rs 2 000 n’auront probablement pas un impact significatif sur le bien-être des familles.

Quelles sont les actions politiques nécessaires pour répondre aux besoins des femmes au foyer ?

Je pense qu’il faut faciliter l’accès à des services de garde d’enfants gratuits, qui fonctionnent avec des normes sécuritaires internationales, pour mieux concilier une vie familiale et un épanouissement professionnel. Le travail domestique non rémunéré doit être reconnu à travers des réformes qui leur garantiraient des droits comme la retraite ou des allocations, assurant ainsi leur sécurité économique malgré l’absence d’emploi formel. Les femmes au foyer jouent un rôle capital dans l’équilibre et le développement de l’enfant.

Rs 2 000 aux femmes au foyer, est-ce une aide significative ou une simple astuce électorale pour récolter leurs votes ?

Une initiative de cette ampleur aurait mérité une réflexion plus approfondie sur la meilleure utilisation des fonds pour maximiser l’impact dans la durabilité.

Christiane Pasnin, travailleuse sociale : « leur travail mérite d’être mieux valorisé »

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Christiane Pasnin, travailleuse sociale.

Engagée socialement depuis une quinzaine d’années, Christiane Pasnin salue l’allocation de Rs 2 000 proposée dans le programme électoral de l’Alliance Lepep. « L’idée d’octroyer une allocation aux femmes au foyer est positive et peut apporter un soulagement », estime-t-elle. Cependant, elle se demande : « Est-ce suffisant, surtout face à la hausse du coût de la vie ? » 

Pour Christiane Pasnin, il est temps de reconnaître la contribution des femmes au foyer. « Il est essentiel de valoriser leur travail par d’autres moyens et de les soutenir dans leurs initiatives et projets de vie. » La somme de Rs 2 000 proposée nécessite une réflexion approfondie sur la véritable valeur du travail des femmes au foyer, qui assument une multitude de tâches essentielles au quotidien, du lever au coucher, souligne-t-elle. 

 

 

 

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