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Chagos - recours à la Cour Internationale de Justice - Anil Gayan : «Cette affaire ne remet pas en cause nos liens avec la Grande-Bretagne»

Anil Gayan Anil Gayan

Le ministre du Tourisme, Anil Gayan, se dit confiant d’un dénouement heureux concernant la demande de la République de Maurice pour une rétrocession des Chagos. Il est d’avis que cette action en justice n’affectera aucunement nos relations internationales.

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Pensez-vous que cette étape devant la Cour internationale de Justice va pouvoir débloquer la situation ?
Pour le savoir, il faudra attendre l’avis consultatif de la Cour internationale. Il est bon de rappeler qu’en 1965, au moment où les Britanniques ont détaché l’archipel des Chagos du territoire mauricien, ils avaient aussi annexé des îles appartenant aux Seychelles dans le British Indian Ocean Territory (BIOT) et les ont rétrocédées à ce pays après son Indépendance. C’est pour vous dire qu’il y a un précédent. Cela dit, nous avons demandé un avis consultatif après le refus constant de l’Angleterre de nous rendre les Chagos pour une question de sécurité militaire. Nous espérons que l’avis consultatif de la Cour internationale sera en notre faveur. Ce qui aura une valeur persuasive en droit international. Je ne vois aucun pays membre des Nations unies ignorer un avis consultatif de la Cour internationale.

Pensez-vous qu’un avis consultatif de cette instance internationale forcera les Britanniques à nous rendre les Chagos ?
Je ne vois pas l’Angleterre ignorer carrément un avis consultatif de la Cour internationale. D’ailleurs, il y a eu des précédents dans le passé. Je prends le cas de la Namibie, qui a obtenu son indépendance suivant un avis consultatif. Je ne vois aucun pays, qui prône quotidiennement le respect de l’état de droit et le respect des traités, aller à l’encontre d’un avis consultatif d’une Cour internationale.

Craignez-vous que des pays nous retirent leur soutien sous la pression des grandes puissances ?
Je ne pense pas qu’ils vont nous retirer leur soutien, mais je voulais simplement attirer l’attention sur le fait que les grandes puissances ont d’énormes moyens pour contraindre certains pays à revoir leurs positions.

Ne pensez-vous pas que cette étape devant la Cour internationale risque de froisser davantage les Britanniques ?
Non ! Nous pouvons ne pas être d’accord sur cette question, mais nous coopérerons avec l’Angleterre dans d’autres domaines. Cela dit, nous avons saisi la Cour internationale, mais cela ne remet pas en cause nos liens avec les Anglais.

Pensez-vous qu’un retour des Chagossiens sur leurs îles est dans le domaine du possible ?
Quelques années de cela, les Anglais avaient entrepris une étude de faisabilité sur un retour des Chagossiens sur leur île natale, mais je dois souligner que cela concernait les Chagossiens qui avaient obtenu le passeport britannique et donc un retour des Britanniques sur le territoire britannique.

Nous avons toujours maintenu que les Chagossiens ont été contraints de quitter leurs terres dans des conditions très inhumaines et contre les principes des droits de l’homme et des droits internationaux. Ils ont toujours un attachement à ce territoire et nous avons toujours soutenu que, si demain, l’archipel retourne sous notre souveraineté, nous prendrons des dispositions nécessaires pour permettre aux Mauriciens, Chagossiens et autres de s’y rendre librement.

Il faut aussi souligner que cet archipel a aussi une valeur économique extraordinaire et nous devons être capables d’exploiter les ressources se trouvant dans notre territoire. Je cite, entre autres, la pêche, le parc marin ou autres prospections marines, ainsi que les activités de croisière.

Au cas où l’état mauricien recouvre ce territoire, avons-nous la garantie qu’il ne va pas rétrocéder de nouveau les Chagos ?
Nous réclamons la souveraineté sur les Chagos depuis des années et il ne sera nullement question de rétrocession par la suite.

Êtes-vous confiant en une décision favorable de la Cour internationale de Justice ?
Je pense que toutes les chances sont de notre côté et le témoignage de sir Anerood Jugnauth, l’unique témoin de ce qui s’est passé en 1965, sera capital.

Réactions

Hervé Lassémillante : «On peut se permettre d’être optimiste»

Pour Me Hervé Lassémillante, « c’est le gouvernement mauricien et le peuple mauricien dans son ensemble qui seront devant la Cour internationale de Justice. Cette lutte, c’est une apothéose ou presque de toutes les luttes menées par les différents gouvernements qui se sont succédé. Nous arrivons maintenant à l’ultime étape d’une action légale, mais dans ce cas, nous n’aurons pas un jugement exécutoire mais déclaratif, avec un avis consultatif et qui va dire que la décolonisation a été incomplète. On peut se permettre d’être optimiste et dans un moment historique comme celui-là, on ne peut que dire : En avant l’île Maurice, en avant le peuple mauricien ».

De son côté, l’avoué Robin Mardemootoo se dit vraiment impressionné par le sérieux avec lequel la partie mauricienne a préparé ses dossiers. Il est d’avis que les Chagossiens sont toujours motivés pour retourner sur leurs îles.

Mais Milan Meetarbhan, ancien ambassadeur aux Nations unies, se montre plutôt prudent. « Il faut être réaliste. Il n’est pas exclu que la Cour internationale de Justice arrive à la conclusion qu’elle n’est pas habilitée à se prononcer sur ce dossier », dit-il.

 

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