La controverse grandit autour de la consultation menée au Royaume-Uni auprès des Chagossiens. Priti Patel accuse Maurice d’ingérence dans le processus, tandis que Port-Louis rejette fermement ces allégations et affirme s’être limité à une aide logistique.
Dans une lettre adressée dans la nuit de lundi à mardi au président de l’International Relations and Defence Committee de la Chambre des Lords, l’ancienne ministre des Affaires étrangères et actuellement « Shadow Foreign Secretary » au Parlement britannique, Priti Patel, met en cause le rôle des autorités mauriciennes dans la consultation menée au Royaume-Uni auprès des Chagossiens au sujet du traité sur la souveraineté de l’archipel. Elle dénonce une absence de consultation préalable et évoque des risques d’ingérence étrangère dans un processus parlementaire britannique.
Selon Priti Patel, le gouvernement britannique aurait « échoué à entreprendre un engagement significatif et une consultation avant de signer le traité », qualifiant la situation de « shameful » et d’« outrageous ». Elle affirme que les ministres travaillistes ont « externalisé ce processus à un comité spécial plutôt que d’en assumer eux-mêmes la responsabilité ».
L’ancienne ministre estime que des actions de Port-Louis pourraient influencer la consultation publique. Elle se dit « profondément préoccupée » face à des informations selon lesquelles « les autorités mauriciennes pourraient interférer dans nos processus démocratiques et au Parlement en s’impliquant dans les réponses à l’enquête ». Elle affirme que Maurice utiliserait « ses ressources pour organiser des enquêtes à remplir et à renvoyer, ce qui semble être un effort orchestré pour manipuler les résultats de l’enquête ».
Priti Patel interroge également l’absence de question demandant aux Chagossiens s’ils préfèrent rester sous souveraineté britannique : « Je constate qu’il n’y a aucune question demandant si les Chagossiens approuvent l’abandon de la souveraineté à Maurice ou préfèrent que les îles Chagos restent britanniques. Y a-t-il une raison à cela ? »
Elle rapporte par ailleurs que, selon ses échanges avec des membres de la communauté chagossienne, ceux-ci seraient « totalement opposés au transfert de souveraineté » et craindraient d’être « marginalisés à la fois par les gouvernements britannique et mauricien ».
Sur la question de la réinstallation dans l’archipel, elle souligne que celle-ci « sera déterminée par Maurice », qui n’aurait « aucune obligation de réinstaller les Chagossiens ni les Chagossiens vivant au Royaume-Uni ».
Priti Patel évoque également des préoccupations quant au Chagossian Trust Fund, estimant que les Chagossiens du Royaume-Uni « n’ont aucun rôle dans le processus décisionnel » et que cette gouvernance relèverait « de la compétence exclusive de Maurice ».
Enfin, elle affirme que Port-Louis n’aurait fourni « aucune garantie à long terme » concernant les activités de pêche artisanale, laissant planer la possibilité que « d’autres pays pourraient recevoir l’autorisation de Maurice » pour accéder aux zones maritimes protégées.
La lettre se conclut sur une critique sévère du gouvernement travailliste britannique : « Les Chagossiens sont trahis par ce gouvernement travailliste qui ne prend même pas la peine de les consulter ou de dialoguer directement avec eux. Cet abandon de souveraineté n’est pas dans leur intérêt ni dans l’intérêt national britannique. »
« Des allégations qui ne sont pas vraies »
Mardi, Gavin Glover, dans une déclaration au Défi Media Group, a rejeté fermement les accusations de l’ancienne ministre britannique. « Mme Priti Patel fait des allégations qui ne sont pas vraies. L’allégation principale est que le gouvernement de Maurice dirige les Chagossiens qui sont à Maurice pour dire ce qu’ils doivent faire alors que ce n’est pas vrai du tout », souligne-t-il.
Selon lui, Port-Louis s’est limité à fournir une assistance logistique : « On a mis à disposition des Chagossiens qui habitent à Maurice des équipements nécessaires à travers le ministère des TIC pour qu’ils puissent remplir les formulaires. »
Gavin Glover renvoie plutôt la responsabilité d’éventuelles influences vers certains groupes de la diaspora chagossienne au Royaume-Uni. « Des Chagossiens résidant en Angleterre, ont fait des posts sur les réseaux sociaux où ils donnent des instructions claires et nettes à certaines personnes pour faire des choses dans ce survey. Ça ce n’est pas bon et ça malheureusement Priti Patel n’en fait pas état. »
Il appelle l’ancienne ministre à vérifier par elle-même. « Je l’invite à aller voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux par rapport à cela. »
Enfin, il annonce que Maurice compte écrire au comité parlementaire concerné pour clarifier sa position : « On va écrire à l’International Relations & Defence Committee pour mettre la position de Maurice clairement pour qu’il n’y ait pas de quiproquo. »
Ce comité, qui émane du Parlement britannique est en train de faire un sondage pour connaître les sentiments des Chagossiens dans le cadre d’un rapport qui sera remis au Parlement britannique. Celui-ci a son importance dans le processus de restitution des Chagos à Maurice.
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