Samuel, Sheryl, Akasha et Kunal ont l’art et la manière de s’habiller. Ils se démarquent des normes, paraissent différents des autres et assument pleinement leur statut.
Samuel : le caméléon
Samuel, 22 ans, est la preuve que le style s’explore durant toute la vie. Certains qualifient ce jeune téléagent et mannequin freelance de Sainte-Croix, de « gothique », d’autres de « hippie, de New Age ». Mais il est hors de question pour Samuel de se coller une étiquette.
« Mon style est assez fluide, je ne m’enferme pas dans des genres, j’aime explorer. » On l’aura compris : Samuel est curieux de nature ! « J’ai commencé à étudier les vêtements, quand j’ai constaté que si t’es mal habillé, t’es pas bien considéré. J’ai vite compris que pour avoir du succès, il faut être bien sapé ! » explique-t-il.
Alors que certains styles vestimentaires peuvent encore faire tourner les têtes, cela n’a jamais était un souci pour ce jeune androgyne qui s’assume pleinement. « Mon style a commencé à attirer les regards durant mon adolescence, car j’étais différent », confie-t-il.
Sheryl : fan de mangas
Sheryl Lingachetti, 30 ans, est ingénieure informatique pour une firme belge. Cette habitante d’Ébène s’inspire beaucoup de mangas et du Street Fashion japonais, comme Lolita, lorsqu’il s’agit de ses tenues vestimentaires. C’est une fan de manga et d’anime.
« Cela fait plus de vingt ans que j’en suis fan, mais j’ai adopté le style assez tard et ce n’est qu’en 2009 que j’ai commencé à adopter le style Lolita », explique-t-elle. Pour cette fanatique de dessins animés japonais, le style vestimentaire est un hommage quotidien à son personnage préféré, Hatsune Miku, une chanteuse virtuelle.
C’est le nom d’un logiciel de synthèse vocale développé par la compagnie Crypton Future Media et dont le personnage fictif officiel est une fille de 16 ans aux longs cheveux turquoise et dotée d’attributs humains.
Ce personnage est sacré pour Sheryl. Du coup, la représenter est un devoir, assure-t-elle. Même si cela peut paraître hors-norme, elle essaye d’intégrer quelques aspects de sa protagoniste préférée dans son look. « Ce n’est pas souvent qu’on voit une fille avec une cravate… C’est inspiré de Hatsune Miku, je la porte comme elle. »
Son style est, sans aucun doute, très tape-à-l’œil, compte tenu de ses caractéristiques, dont les couleurs flamboyantes sorties tout droit des mangas. Parfois, précise-t-elle, c’est dur de venir avec quelque chose de nouveau, vu que ce look est déjà inspiré de contenus riches en originalité. C’est pour cela que pour donner du pep à son style, elle s’inspire constamment des « artworks » publiés en ligne.
Elle estime que les jeunes Mauriciens ont beaucoup évolué en termes de look, alors que quelques années auparavant, ils osaient moins. « Mais même si les jeunes veulent se donner du style, les possibilités sont freinées en raison des ressources limitées », constate-t-elle.
Il faut des améliorations au niveau de la mentalité, estime-t-elle. « À Maurice, il est difficile de s’exprimer librement… Il y a toujours le “Koumsa to pou sorti, ki dimoun pou dir ?” ou “Get so zar enn kou !”, qui sèment le doute dans la tête de certains », regrette-t-elle.
Androgynéité : un couteau à double tranchant
Bien que l’androgynéité attire des réactions en tous genres : intrigue, moquerie, incompréhension, commentaires et réactions négatives, c’est autant un avantage qu’un désavantage. C’est ce que Samuel fait comprendre, avec jubilation, en partageant une anecdote amusante.
« Récemment, je suis allé en boîte de nuit avec des potes, tout de noir vêtu, avec bottes à talons, des cheveux longs, une moustache et une barbe. Je pensais que cela se voyait que je suis un homme. Apparemment non ! Car on m’a laissé passer avec les femmes gratuitement, contrairement à mes amis qui ont payé l’entrée ! »
Selon Samuel, le style vestimentaire fluide est une façon d’explorer plusieurs facettes de son être. « Je m’habille selon mon humeur et je change de personnalité à travers mes vêtements, comme un serpent qui change de peau. »
Cela l’aide aussi à communiquer sa différence dans une société souvent intolérante envers ceux qui ne collent pas aux normes.
« Je m’habille ainsi afin de transmettre aussi un message. Je me rebelle contre les soi-disant règles de la société. J’assume qui je suis, d’autant que les moqueries et les préjugés m’ont rendu plus solide. Je suis blindé ! »
Akasha : la poupée dark
Il est difficile pour Akasha Rojee, 24 ans, de passer inaperçue !
Elle arbore un T-shirt uni noir, une jupe bouffante, des bottes New Rock et un finish très accessoirisé… « Mon style vestimentaire est principalement gothique, mais avec la touche particulière de Lolita, qui a des origines japonaises », explique Akasha.
Pour cette développeuse informatique et créatrice de contenu web, ce look lui est venu tout naturellement, car elle a toujours eu ce côté très « bad ass ». « Depuis longtemps, je me l’étais appropriée, sans savoir que ce genre vestimentaire existait déjà », souligne celle qui est tombée dans la marmite de cette sous-culture gothique qui a émergé dans les années 1970. C’est sans surprise que sa couleur de prédilection est le noir.
Cependant, « le look gothique ne se limite pas uniquement au noir, il se dote aussi du mauve, du fluo, du blanc, du gris, du rouge et du pastel, entre autres », précise-t-elle.
Akasha, très dans le vent, se voit mal s’habiller comme le « mainstream », c’est-à-dire comme tout le monde. Son style n’est pas seulement une forme d’art. Il reflète aussi sa personnalité. « Je suis une non-conformiste, je vois les choses différemment et cela se voit dans la façon dont je m’habille tous les jours. »
Notre fan du style poupée « dark » apprécie tout ce qui a du tissu mesh, des rubans, des cordes, des lacets, des morceaux de métal, des froufrous et des rayures. « Je m’inspire du look poupée en gardant le côté “dark” et “bad ass”. »
Cette différence fait qu’Akasha attire et attise inévitablement les regards. Qu’ils soient curieux ou moqueurs ! Elle affirme qu’elle ne s’en soucie pas. « Certaines personnes ont des préjugés et des stéréotypes les uns plus loufoques que les autres », relate en riant l’ex-étudiante de l’université de Maurice et aussi fan de Cosplay.
« D’ailleurs, de nombreuses personnes pensent que je suis sataniste. Cela me fait beaucoup rire, parce que je ne le suis pas, mais alors pas du tout ! Il faut savoir que le gothique et le satanisme sont très différents et l’un n’a rien à voir avec l’autre », précise-t-elle.
Akasha achète ses vêtements en ligne. Son style ne pèse pas lourd dans son budget, car elle privilégie les achats en seconde main et les bonnes affaires. Quand la jeune gothique n’est pas habillée en « goth lolita », elle est souvent en survêtement de sport pour ses entraînements de Power Building. Mais comme toute bonne fashionista gothique, elle garde toujours une partie de son style même en tenue sportive.
Kunal : show devant !
Extravagant ! C’est la première impression qui saute aux yeux devant Kunal Sumbhoo, 37 ans, un graphiste résidant à Quatre-Bornes. Il a une façon de s’habiller bien à lui. Avec sa barbe façon hipster, ses bracelets, son chapeau, en poncho, en costard. Il se fait fort d’ajouter un grain de folie dans tout ce qu’il porte. Il aime jouer avec les couleurs et jongler avec les matières pour créer, innover, avoir un style très perso !
Comme le dit la styliste Rachel Zoe : « Style is a way to say who you are without having to speak. » C’est le cas pour Kunal. Il n’y a pas deux comme lui. Pas de doute : son style flamboyant le démarque facilement de la masse. « Je prends l’ordinaire et je lui donne une perspective inhabituelle. »
Après des études au collège du Saint-Esprit et un diplôme en Graphic Design en poche, il met le cap sur l’Inde pour des études poussées à Bangalore. « Ce voyage a amplifié ma passion pour la mode et cela a été l’occasion de faire du mannequinat », explique-t-il.
C’est ainsi qu’il se frotte aux grands du monde glamour. Il participe à plusieurs défilés et à des spectacles, dont un avec la célèbre actrice de Bollywood, Deepika Padukone. Dès son retour à Maurice, il continue à explorer ce monde pour le moins fascinant, tout en s’adonnant aux séances photo.
Conscient de l’importance d’avoir son propre style, qui résume aussi sa personnalité débordante de créativité, il choisit ses vêtements la veille des sorties. « Cependant, quand il s’agit d’événements importants, le choix se fait quelques semaines avant, afin de pouvoir faire des modifications, si besoin est », indique-t-il. Il conçoit la plupart des pièces de sa garde-robe, où il n’y a pas de place pour le commun.
Kunal vit et respire la mode. Il estime d’ailleurs que celle-ci doit faire partie intégrante de la vie de tout individu. Aujourd’hui, il a l’intention d’explorer davantage le monde de la mode et de l’art. Il veut encourager chacun à adopter son propre style et à développer son talent, afin de pouvoir se démarquer. Kunal n’a qu’une hâte : celle de le faire en organisant des défilés dans un proche avenir. Show devant !
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