Cet ami qui fait chuter Ameenah Gurib-Fakim

Derrière la chute de celle qui reste la présidente de la République pour quelques jours, il y a un homme : Alvaro Sobrinho.

L’homme d’affaires angolais est trѐs controversé. Il est soupçonné d’avoir détourné plusieurs centaines de millions de dollars de la Banco Espirito Santo Angola qu’il dirigeait. Mediapart évoque plus de 600 millions de dollars dans un article publié le 2 mars dernier.

En 2015, Alvaro Sobrinho s’intéresse de près aux facilités offertes par le centre financier mauricien. Dans le même élan, Planet Earth Institute (PEI), l’ONG qu’il fonde, approche Ameenah Gurib-Fakim en juillet 2015 pour lancer une branche mauricienne. L’objectif : « soutenir le développement de la science sur le continent africain avec la participation du programme PASET de la Banque mondiale ».

Très intéressée par la démarche, Ameenah Gurib-Fakim, devenue présidente de la République le 5 juin 2015, soit quelques semaines plus tôt, accepte. Elle en devient la vice-présidente et l’un des trustees. L’antenne locale de PEI ouvre ses portes en novembre 2015.

Entre-temps, Alvaro Sobrinho approche des institutions financières locales pour investir. Plusieurs compagnies sont créées, des demandes de permis sont logées auprès de la Financial Services Commission (FSC). Des licences sont octroyées en quelques jours.

Le 29 septembre 2016, Alvaro Sobrinho adresse une demande auprès de la FSC pour obtenir un permis de banque d’investissement. Le scandale éclate en mars et Ameenah Gurib-Fakim est éclaboussée.

Il apparaît alors qu’Alvaro Sobrinho est un habitué de la State House et que le bureau de la présidente l’aide dans ses démarches. Le 13 avril 2017, dans une allocution à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), Ameenah Gurib-Fakim reconnaît que « comme les autres investisseurs qui s’adressent au bureau de la présidence, le bureau l’a canalisé vers les institutions concernées ».

Les relations entre la présidence et Alvaro Sobrinho sont tellement bonnes que fin 2016, Dass Appadu, secrétaire et proche de la présidente, décide de prendre un congé sans solde lorsque le Bureau du Premier ministre le transfère au ministère de la Fonction publique. Il deviendra alors directeur de Vango Properties Ltd, dont l’unique actionnaire est Alvaro Sobrinho.

Plusieurs centaines de millions de roupies sont investies dans des villas à Royal Park, Balaclava, et à Ébène où deux terrains sont acquis.

Il apparaîtra aussi qu’entre le 1er octobre 2015 et le 21 février 2017, Alvaro Sobrinho et ses proches ont eu accès au VIP Lounge de l’aéroport de Plaisance à 31 reprises, sur intervention de la State House. Le 13 avril 2017, en pleine polémique, Ameenah Gurib-Fakim annonce sa démission de PEI.

Puis, il y a eu plusieurs voyages financés par PEI. Du 27 mars 2016 au 5 avril 2016, la présidente Ameenah Gurib-Fakim s’était rendue à Londres en compagnie de son secrétaire, Dass Appadu, et ses deux gardes du corps, Ziyaad Jamaldee et Dario Chavrimootoo pour participer à une réunion du conseil d’administration de PEI.

Quelques mois plus tard, du 14 au 18 septembre, un autre déplacement est partiellement financé par PEI. L’ONG avait payé les billets et déplacements de la présidente, de Dass Appadu et de deux gardes du corps, Sailesh Sobnauth et Yassir Kheerdali, pour participer à l’Ocean Conference, à Washington, aux États-Unis.

Le coup fatal sera infligé par la publication de documents, la semaine passé, faisant état d’achats personnels de la présidente, réalisés en 2016 au moyen d’une carte de crédit Platinum de la Barclays mise à sa disposition par PEI. À noter qu’Ameenah Gurib-Fakim soutient avoir remboursé tous ces achats en mars 2017