Quelques jours après son entrée en fonction comme ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden se penche sur la gestion du Central Electricity Board. Parmi ses priorités : l’examen de certains contrats controversés, notamment celui attribué à CorexSolar. Une attention particulière est accordée aux recrutements, nominations et avantages salariaux accordés à des proches de l’ancien gouvernement.
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Les nominations et promotions réalisées juste avant les élections générales dans des organismes parapublics sous la tutelle du ministère des Services publics et de l’Énergie sont désormais scrutées avec attention. Patrick Assirvaden a exigé des explications sur les conditions dans lesquelles ces décisions ont été prises.
Les organismes ayant servi de tremplin pour favoriser des proches de l’ancien gouvernement qui les plus cités sont le Central Electricity Board (CEB) et la Central Water Authority (CWA).
Le cas de Thierry Ramasawmy, responsable de la communication au CEB, est fréquemment évoqué. Lors d’une conférence de presse avant la dissolution de l’Assemblée nationale, Patrick Assirvaden avait déjà mentionné ce type de nominations de dernière minute, dont l’ascension rapide de Thierry Ramasawmy.
Interrogé, ce dernier a confirmé avoir été promu au sein du CEB juste avant les élections générales. Il a toutefois précisé qu’il n’était pas une exception. Il a souligné qu’il possède un Master en Communication, justifiant sa promotion avalisée par le conseil d’administration du CEB, ce qui, selon lui, légitime sa nomination.
Un autre dossier devra faire l’objet d’un examen minutieux : le recrutement d’un conseil juridique au sein du CEB. Bien que cet individu soit perçu par certains comme une nomination politique en lien avec l’Alliance du Changement, l’individu concerné rejette fermement cette interprétation. Il affirme avoir été recruté à travers un processus de « head hunting », une méthode de sélection qui, selon lui, a été utilisée pour garantir sa compétence, indépendamment de toute affiliation politique.
Un salaire et des avantages controversés
Un autre dossier qui fera aussi l’objet d’un examen approfondi dans les jours à venir concerne le package salarial qui aurait été accordé à Rajden Chowdharry lors de sa confirmation en tant que General Manager du CEB en 2023. En 2023, il aurait perçu un salaire de Rs 380 000 par mois.
Ce salaire, largement supérieur à ce qu’il aurait touché en tant que simple chef de département, soulève des interrogations. Selon diverses sources, si Rajden Chowdharry avait pris sa retraite en étant chef de département, il aurait perçu une pension mensuelle d’environ Rs 180 000, ce qui, sur 31 mois, aurait donné un total d’environ Rs 5,6 millions.
Mais en sa qualité de General Manager, il aurait bénéficié d’un package salarial estimé à près de Rs 12 millions, une différence substantielle. En sus de son salaire déjà élevé, il aurait également reçu une allocation de Rs 1,2 million pour six mois de congés payés, allant du 9 avril au 9 octobre 2024.
Ce n’est pas tout. L’aspect le plus surprenant du package de Rajden Chowdharry résiderait dans sa pension à vie. Selon les informations obtenues, il percevrait une pension mensuelle d’environ Rs 190 000, soit près de Rs 200 000 par mois.
Toutes ces informations sont désormais sous le microscope des autorités compétentes. Le ministère de l’Énergie et des Services publics a annoncé qu’une enquête approfondie sera menée pour faire la lumière sur les conditions dans lesquelles ces rémunérations et avantages ont été accordés.
Démission du CEB le lendemain du scrutin
Patrick Assirvaden s’attendait à avoir une réunion avec Rajden Chowdharry pour faire un point sur la situation du CEB. Or, il a appris que ce dernier avait déjà présenté sa démission dès le lendemain des élections générales. Le ministre a confirmé avoir pris connaissance de cette lettre de démission.
Ministre de l’Énergie et des Services publics : Patrick Assirvaden : « Je serai intransigeant »
Dès sa nomination comme ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden a mis les choses au clair. Samedi et lundi, il s’est attelé à la tâche en examinant les rapports sur des institutions comme le Central Electricity Board (CEB), la Central Water Authority (CWA) et la Wastewater Management Authority (WMA). Il a prévenu qu’il serait intransigeant.
Le Défi Quotidien est allé à sa rencontre samedi. Son ministère est comme un bunker. Pour le voir, il faut grimper au 8e étage du Paille-en-Queue Court, franchir plusieurs portes et attendre dans deux petits salons avant de parvenir à son bureau feutré et climatisé, où règnent calme et climatiseurs.
Vêtu d’une cravate aux couleurs de son parti, un verre d’eau posé sur son bureau, il ne perd pas de temps. « Je suis là pour travailler. Pas de temps à perdre. J’ai moins d’une heure à vous consacrer », confie-t-il à voix basse. Il est clair : il a des objectifs et il compte bien les atteindre.
Patrick Assirvaden a commencé son travail dès samedi. « Je prends connaissance de ce qu’il y a comme dossiers, que ce soit au niveau du CEB, de la CWA ou de la WMA. J’ai déjà été président du conseil d’administration du CEB. Je connais bien ce ministère et je m’attellerai à la tâche comme il se doit conformément à la vision du Premier ministre. Je serai intransigeant en tant que ministre. ‘Bizin travay, fwet lekor si bizin’ », explique-t-il avec conviction.
Toutefois, il précise qu’il ne pourra rien accomplir sans le soutien des techniciens et des fonctionnaires de son ministère. « Sans les services publics, le pays ne fonctionne pas », ajoute-t-il. Il dit avoir rencontré les responsables de son ministère. Ingénieur de formation, il revendique un leadership exigeant. « Je suis quelqu’un de ‘demanding’. Les responsables doivent travailler dur. La population attend des résultats », souligne-t-il.
Et si certains projets en cours sont retardés pour de multiples raisons ? Il répond sans hésiter : « Si des contrats ont été attribués et que les projets ne sont pas réalisés, ils seront tout simplement revus et seront non négociables. Je vais tout stopper s’il le faut. »
Son ministère est un de ceux qui s’attirent pas mal de questions parlementaires (PQ) et de Private Notice Questions (PNQ). Cela l’effraie-t-il ? Il sourit et répond : « J’accueille toutes les PQ et les PNQ avec plaisir, car je travaillerai avec de la transparence. Je n’adopterai pas de politique de vengeance, mais celle de vérité. Si cela doit faire mal, tant pis pour le gouvernement sortant. »
Situation familiale
Issu d’une famille modeste, Patrick Assirvaden a grandi à Beau-Bassin avec ses parents Edley et Ginette. Il a deux frères, Nowland et Jean-Noël. Le ministre s’est remarié avec Sabrina, avec laquelle il a une fille, Shania. Il a aussi deux fils, Aldo et Nicholas.
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