Centenaire de l’établissement : le collège Bhujoharry aspire à devenir State Secondary School

• Le Manager Ramdass Ellyah : « Le collège est trop lourd pour moi… »

1924-2024. Cent ans cette année depuis que le collège Bhujoharry accueille des filles et des garçons en son sein. Une messe d’action de grâce s’est tenue mardi à la Cathédrale Saint-Louis à Port-Louis. Si la fierté est de mise pour Ramdass Ellyah, manager de l’établissement, il fait un appel au gouvernement. 

« Le collège Bhujoharry est trop lourd pour moi », dit-il. « Compte tenu de son immense contribution à l’éducation et au pays en général, il ne peut rester le patrimoine d’une seule personne. Il doit devenir un bien national. Je demande au gouvernement s’il peut prendre le collège Bhujoharry. »

Ramdass Ellyah plaide pour une transformation du collège Bhujoharry en un Bhujoharry State School. Un établissement public qui perpétuerait l’héritage d’excellence tout en garantissant son accessibilité aux générations futures. « J’ai accompli mon devoir en empêchant sa fermeture, en lui offrant de nouveaux bâtiments et infrastructures », souligne-t-il. 

« Aujourd’hui, je souhaite que ce collège continue à servir dignement le pays, en produisant des personnalités remarquables comme par le passé, et ce, avec le soutien du gouvernement. »

En célébrant ce centenaire, Ramdass Ellyah exprime un profond sentiment de satisfaction. « J’ai fait de mon mieux pour préserver l’honneur du collège Bhujoharry. Nous en avons fait un établissement digne de ce nom, ne manquant de rien et doté de toutes les facilités requises, à l’égal d’un collège d’État. Aujourd’hui, nous dispensons une éducation qui honore fièrement la famille Bhujoharry. »

Lors de la cérémonie à la Cathédrale Saint-Louis, Mgr Jean Michaël Durhônne, l’évêque de Port-Louis, a retracé le parcours de l’établissement, soulignant qu’il a formé « des lauréats avec des diplômes, mais aussi des lauréats de la vie ». Il a également rendu hommage aux générations d’hommes et de femmes qui ont marqué l’histoire du collège. Le thème choisi par la direction pour cette journée était « Je suis le chemin la vérité et la vie », inspirant ainsi les enseignants et les élèves à mettre leur confiance en Dieu. 

Guilène et Josian Bhujoharry, arrière-petits-enfants de Jean Arthur Bhujoharry, présents lors de la cérémonie, ont rendu hommage aux membres fondateurs. « J’ai été élève du collège, et j’y ai exercé comme enseignante pendant 45 ans, jusqu’à ma retraite en 2022. Malgré les difficultés, nous avons toujours œuvré pour le bien-être des enfants », indique Guilène. Quant à Josian, qui a également fait ses études au collège, il a terminé sa carrière comme Senior Educator. Le collège Bhujoharry, dit-il, « ne se concentre pas uniquement sur la réussite académique, mais aussi sur la préparation des élèves aux défis de la vie ».

Le recteur, Didier Moutou, met en avant la philosophie immuable de l’établissement : « Depuis des générations la philosophie du collège n’a pas changé. Nous servons la nation avec passion, amour et compassion. Notre fondateur, Jean Arthur, avait une attention particulière pour les plus démunis, ceux qui ont besoin de soutien. C’est pour eux qu’il a ouvert le collège, pour leur donner une chance de réussir. »

Il évoque également le volet social important au sein du collège : « Un enfant qui a faim ne peut pas apprendre. C’est pourquoi, une fois par mois, nous partageons un repas ensemble, direction, élèves et enseignants. Pendant ce repas, nous partageons nos peines, nos souffrances, ce que nous ne pouvons pas partager en temps normal. Par ce geste, nous restons à l’écoute des uns et des autres et nous agissons. Nous voulons former des citoyens bienveillants, solidaires et engagés pour leur pays. »

Dans un contexte marqué par des tensions entre la Fédération des managers des collèges privés et la Private Secondary Education Authority (PSEA), le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, lance un appel à l’apaisement. « Les collèges privés traversent une période difficile sur le plan financier. J’espère qu’une solution durable sera trouvée rapidement. » 

La naissance d’une institution

Tout commence en 1924 lorsque Jean Arthur Bhujoharry pose les fondations du collège Bhujoharry, animé par une vision d’éducation de qualité pour les jeunes générations. Son fils, Alex Julius Bhujoharry, prend ensuite la relève et insuffle à l’établissement une exigence constante d’excellence.

En 1973, c’est au tour de Manfred Bhujoharry de perpétuer l’héritage familial en prenant la direction du collège. Fidèle aux valeurs inculquées par ses prédécesseurs, il veille à maintenir la réputation d’excellence de l’institution. L’implication de la famille Bhujoharry ne se limite pas à la direction, puisqu’on retrouve également des membres parmi les élèves et les enseignants, contribuant ainsi à l’esprit de communauté et à la transmission des valeurs familiales.

En 2012, une nouvelle page s’ouvre pour le collège Bhujoharry avec l’arrivée de Ramdass Ellyah à la direction. Déterminé à poursuivre l’œuvre des Bhujoharry, il rachète l’établissement et se lance dans une ambitieuse phase d’expansion. Sous son impulsion, de nouveaux établissements Bhujoharry voient le jour à Rivière-du-Rempart, Quartier Militaire, Rose-Belle et La Tour Koenig. Aujourd’hui, ces quatre institutions accueillent plus de 2 000 élèves, filles et garçons.