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Cédric, universitaire et prof bénévole : enseigner aux démunis

La classe se fait en créole pour une meilleure compréhension.
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Hugues Aufray a loué la profession de l’enseignant dans une belle chanson. Cédric, encore étudiant en 2e année universitaire en ressources humaines, se consacre à une passion : offrir la possibilité à 23 jeunes presque analphabètes de comprendre la subtilité de l’alphabet. 

Tough and tight. Comment faire apprendre à des enfants qui n’arrivent pas à lire les lettres de l’alphabet, à les aligner, à les comprendre ? Surtout à faire des phrases et les assimiler ?

On a assisté à une séance privée de Cédric et de ses gosses à Bambous. Un mélange d’âge, un mélange de niveaux. Trois d’entre eux ne savent pas encore l’alphabet par cœur. Donc, faire une phrase, c’est comme grimper l’Everest. C’est un parcours du combattant. Pourtant, ils en veulent. Il y a du travail, certes, et il faut une sacrée dose de patience, que Cédric en a tout plein. Il s’y attèle. Il a du souffle, du zèle et de l’envie. Et surtout de l’amour.

Je fais la lecture pour qu’ils captent quelque peu les mots et les écoutent. Le sens de l’éveil est important»

À le voir du haut de ses 22 ans, il aurait pu aller voir ses amis, prendre du bon temps, comme tout jeune de son âge. Mais il a choisi une autre voie : celle de prendre les enfants par la main.

Cédric se bat. Pour ces enfants de la rue, qui sont toujours calés aux derniers rangs de la classe, parce que jugés cancres. A qui la faute ? Aux parents, à notre système éducatif, à l’environnement familial, au manque d’alimentation saine et efficace ? Pas de réponse fixe, lâche Cédric.

maman
Priscillla, la maman de Cédric, indéboulonnable comme travailleuse sociale, gâte les enfants avec des en-cas.

Dans le salon de sa grand-mère, transformé en salle de classe, ces enfants s’attèlent à apprendre l’éducation plus que basique. Stevie, en cinquième à l’école du gouvernement de Bambous A, a 11 ans. Il n’arrive toujours pas à aligner une phrase. Cédric fait la classe en créole et lui demande : « ‘Hungry’, ki sa ve dir ? » « Pa kone misie, zame inn tande. »

Même son de cloche pour Shanon et Juliano. Ils sont tous issus de  La Ferme, Bambous. Il y a aussi Stacy, 14 ans, Laurie, 12 ans, et Karen, 16 ans. Ce sont des apprenantes. « Misie, mo ti zwenn ar ou, mo ti donn ou lamin tou dan santr », nous dit Juliano, tout mignon.

Cédric commence à lire un passage du livre L’Histoire de l’Espérance. « Je fais la lecture pour qu’ils captent quelque peu les mots et les écoutent. Le sens de l’éveil est important. Certains de mes élèves en troisième ne savent pas encore lire, ils manquent de vocabulaire, mais certains s’améliorent. pour d’autres, leur niveau est tellement bas que c’est difficile pour eux d’assimiler. Mais je prends le temps qu’il faut. »

L’exercice de ce mardi-là était de les faire copier pour capter l’alphabet. La prochaine étape sera de leur montrer les ponctuations. « Ils ne savent pas ce qu’est une virgule, un point-virgule, un point d’interrogation », nous dit Cédric en short et t-shirt.

Cédric est un habitué des cas difficiles. « Je me souviens d’une étudiante en SC, qui a échoué à ses examens et n’arrivait pas à comprendre les maths. Après deux ans, elle a pu avoir son Credit en maths. je lui ai donné la compréhension de cette matière », nous dit-il.

Certains de mes élèves en troisième ne savent pas encore lire, ils manquent de vocabulaire, mais certains s’améliorent. Leur niveau est tellement bas que c’est difficile pour eux d’assimiler. Mais  je prends le temps qu’il faut»

Ce jeune homme a fréquenté l’école de Tamarin en primaire et le collège Adventiste au secondaire, et il est aidé par sa maman Priscilla, elle-même très engagée dans le social. D’ailleurs, elle se fait un devoir de donner à ses enfants un fruit, un yaourt, un jus, des biscuits pour les motiver à venir aux lecons. « Ma maman porte beaucoup d’attention à l’éducation et elle veille sur ses enfants en leur donnant des petits quelque chose », relate Cédric. 

Qui a dit que les jeunes ne sont pas engagés et qu’ils ne pensent qu’à eux ? L’exemple du dévouement de Cédric vient prouver le contraire. Comme lui, il y en a des dizaines, mais qui le font dans l’anonymat.

 

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