Vous êtes intervenu, le lundi 12 septembre, sur l’importance de la position de l’Afrique dans la stratégie des pays asiatiques. Qu’en est-il ?
En Asie, on retrouve quatre pays voulant s’engager avec l’Afrique. Ce sont la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. D’un point de vue historique, les deux pays étant les plus engagés sur le continent ont été la Chine et l’Inde. Les deux autres puissances sont intéressées pour des raisons économiques : les ressources naturelles du continent et le potentiel que renferme ce marché en développement.
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De ce groupe, trois pays – Chine, Japon et Corée du Sud – ont une population vieillissante. S’ils n’ont pas recours à une migration massive, ces pays auront des problèmes pour maintenir leur production au présent niveau. Ils peuvent s’appuyer sur des relais en Asie. Mais l’Afrique dispose d’une population jeune.
Au-delà de ces considérations économiques, il y a la dimension politique. Car l’Afrique dispose d’un nombre important de voix à l’Organisation des Nations unies (Onu). Et tous ces pays voudraient avoir accès à un maximum de voix au niveau de cette instance. C’est quelque chose d’important.
Est-ce que les pays asiatiques ne suffisent pas pour assurer la croissance dans ces quatre pays ?
Ces relais existent et se trouvent dans le Sud-Est de l’Asie. Ces pays peuvent apporter de la croissance. Elle sera insuffisante. L’Afrique est intéressante en termes de compensation, soit des d’échanges de biens et services.
Quels sont les pays africains qui représentent un certain intérêt pour ces puissances asiatiques ?
Ce sont les pays en bordure de l’océan Indien, tels que la Tanzanie, le Mozambique et le Kenya, qui les intéressent. Ils connaissent très bien cette partie orientale du continent africain. L’Inde y dispose d’un fort contingent, avec sa diaspora dans ces pays, un relais dont les Chinois, les Japonais et les Sud-Coréens ne disposent pas.
Pourrions-nous parler de rude concurrence entre la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud pour un accès privilégié en Afrique ?
Il existe une double rivalité : Chine-Japon et Chine-Inde. La dernière manifestation en date pour illustrer cette rivalité est l’engagement pris par le Japon de consacrer 30 milliards de dollars en faveur du développement des affaires avec le continent. Le Japon ne peut pas laisser la totalité de l’Afrique à la Chine. Le raisonnement est le même du côté de l’Inde.
Quant à la Corée du Sud, sa présence se ferait sentir à travers de grandes entreprises telles que Samsung ou Daewoo, des conglomérats n’ayant pas forcément besoin de l’aide de l’état. De plus, la Corée dispose d’une balance commerciale très favorable, ce qui n’est pas le cas des autres, car ils paient pour des matières premières.
Quel sera le rôle de Maurice dans ces équations, au vu de la stratégie de se positionner comme une plate-forme idéale pour entrer en Afrique ?
Pour être la plate-forme entre les deux continents ou plus, il faut que les deux parties soient d’accord, c’est-à-dire les pays d’Afrique et ceux d’Asie. Je ne suis pas sûr que tel soit le cas. Parce que chacun voudrait tirer vers soi cette possibilité de devenir une telle plate-forme.
Pour des pays sis sur le côté de l’Asie-Pacifique, c’est possible. En ce qui concerne l’Inde, j’en doute. Parce que ce pays connaît déjà ses états-partenaires en Afrique. à la limite, l’Inde n’a pas besoin de Maurice.
Mais Maurice et l’Inde ont des relations économiques très solides…
Tout à fait. Mais l’Inde est trop proche de l’Afrique. Pour faire des connexions entre des villes principales comme Mumbai et la destination kenyane, les hommes d’affaires ne passeront pas par Maurice. C’est un peu difficile d’imaginer que l’Inde utilise Maurice comme une plate-forme pour l’Afrique.
Je pense plutôt le Japon, la Corée du Sud et la Chine pour privilégier l’axe Maurice-Afrique.
Le Japon a annoncé l’ouverture prochaine d’une ambassade à Maurice. Est-ce que cela conforte votre analyse ?
Oui. Plus on est loin, plus on peut considérer que Maurice peut devenir le point d’entrée. Mais on peut avoir des points de vue différents.
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