Le selfie, exigé dans le cadre du réenregistrement de la carte SIM, suscite la polémique. Selon un ingénieur en informatique, grâce à l’intelligence artificielle, les selfies peuvent être détournés à des fins illicites.
Les selfies, quelle que soit leur origine, peuvent être utilisés à mauvais escient. C’est ce que fait comprendre un ingénieur en informatique qui a souhaité garder l’anonymat.
Tout d’abord, il est possible de créer une fausse vidéo (deep fake) mettant en scène la personne en question grâce à des logiciels d’intelligence artificielle (IA) générative. Bien que cela soit difficile et demande une haute expertise, l’ingénieur soutient qu’un selfie peut également être utilisé pour tromper des systèmes de reconnaissance faciale. Il est alors possible de déverrouiller un smartphone.
Par ailleurs, avec la reconnaissance faciale et avec une haute expertise, un hacker peut faire croire que la personne est allée à un endroit alors que ce n’est pas le cas. « Autre exemple, pour que le système de vidéosurveillance Safe City reconnaisse une personne, il faut que le visage de celle-ci soit dans une base de données. Un gouvernement peut techniquement utiliser la base de données des opérateurs pour surveiller un individu. Bien sûr c’est un cas extrême, mais techniquement c’est possible », souligne l’ingénieur en informatique. Ce dernier ajoute qu’avec deux photos de la même personne prises à un intervalle de plusieurs années, l’intelligence artificielle peut déterminer comment le sujet vieillira.
L’ingénieur relativise en indiquant que tout selfie publié sur internet, notamment sur les réseaux sociaux, peut être utilisé par les hackers. Il soutient que la biométrie a rehaussé le niveau de sécurité. « Le débat doit être sur la sécurisation des données. Quel est le niveau de cryptage ? Est-ce qu’elles sont sécurisées contre les ordinateurs quantiques et l’intelligence artificielle ? Selon moi,les opérateurs télécoms n’ont pas les capacités de stocker et sécuriser les données. Il faut que ce soit des organismes plus qualifiés que les opérateurs et l’autorité de régulation qui gèrent ces données », affirme l’expert.
Ce dernier conclut en indiquant qu’il n’a pas été au bout du réenregistrement de sa carte SIM. « J’ai tout arrêté lorsqu’on m’a demandé un selfie. J’attends d’avoir la réponse à mes questions sur la sécurité des données », déclare-t-il.
La raison du réenregistrement des cartes SIM
Le rapport de la Commission d’enquête sur le trafic de drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, a recommandé en juin 2018 le réenregistrement des cartes SIM. Cette campagne se tient à travers l’Information and Communication Technologies (Registration of SIM) Regulations 2023. L’objectif est notamment d’éviter que des trafiquants de drogue utilisent des cartes SIM qui ne sont pas à leur nom dans le cadre de leurs activités illicites. Les cartes SIM de personnes décédées, ayant quitté le pays ou de touristes après leur séjour étaient utilisées par des trafiquants de drogue afin de ne pas être identifiés.
En chiffres
Au 31 décembre 2022, le pays comptait 2 096 800 cartes SIM en circulation, selon Statistics Mauritius. Cela représente une augmentation de 6,4 % par rapport à 2021. Cette année-là, il y avait 1 971 300 cartes SIM.
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