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Causerie au Mahatma Gandhi Institute - Kumar Prashant - Chairman de la Gandhi Peace Foundation : « Le Mahatma Gandhi n’est plus un nom, mais une alternative »

Ce n’est pas un vibrant plaidoyer aux allures de nostalgie, mais un rappel calme de la pertinence de l’action du Mahatma Gandhi auquel s’est livré Kumar Prashant, Chairman de la Gandhi Peace Foundation, au Mahatma Gandhi Institute (MGI), le lundi 9 novembre.

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«Le Mahatma Gandhi n’est plus un nom, mais une alternative. » Une seule petite phrase de Kumar Prashant pour signifier l’inscription du mythe dans la réalité marquée par des conflits ethniques contemporains, auxquels le « Petit fakir à demi-nu », - surnom que lui avait donné sir Winston Churchill – s’est vu confronté durant son combat.

Ce n’est pas un pays, mais un continent à milles facettes, qui a été le champ de bataille de Mohandas Karamchand Gandhi, un homme normal, avocat de profession, dont l’éveil à l’injustice trouve ses racines en Afrique du Sud, où la communauté musulmane, originaire du Gujerat comme lui, avait fait appel à ses connaissances juridiques pour combattre une loi injuste. Ce jour-là, raconte Kumar Prashant, le jeune avocat âgé de 24 ans, muni d’un ticket valide, est jeté hors du train, parce qu’il n’est pas blanc.

« Le jeune Gandhi est interloqué : il est un avocat formé en Grande-Bretagne et il a un titre de voyage tout à fait légal. Après cet incident, il comprend qu’il ne doit pas rester les bras croisés devant les injustices », explique Kumar Prashant, avant de poursuivre : « Deux choix s’imposaient à lui : tuer ou vaincre l’adversaire, mais avec quelles armes ? Il ne recourt à aucune arme, il va transformer son propre corps en arme. »

Gandhi n’était pas un scientifique ou un intellectuel, mais un homme d’action et à la manière de Jésus-Christ, il est mort pour nous »

Les ressources de sa conscience

Parce qu’il avait compris que tuer n’était pas un acte de bravoure, il utilisera toutes les ressources de sa conscience pour mettre à genou l’empire britannique. « Gandhi n’était pas un scientifique ou un intellectuel, mais un homme d’action et à la manière de Jésus-Christ, il est mort pour nous », fait valoir Kumar Prashant.

Ce dernier établit la similitude du dilemme auquel Nelson Mandela et le Mahatma Gandhi ont tous deux fait face. En Inde, Gandhi souhaitait accéder à la requête d’Ali Jina, qui voulait un État musulman indépendant, contre l’opinion d’une grande partie des hindous, alors qu’en Afrique du Sud, Nelson Mandela, libéré de sa prison de Robben Island, était confronté entre le choix des armes et celui du combat pacifique.

« Il aurait été aisé et tellement pratique à Mandela de tirer une ligne entre les Blancs minoritaires à la tête de l’Afrique du Sud et les Noirs, majoritaires mais pauvres. Mais Mandela, devenu Président d’Afrique du Sud, choisira un Blanc, Frederik de Klerk comme son vice-Président, ce qui a fait sa grandeur »

Le jeune Gandhi est interloqué : il est un avocat formé en Grande-Bretagne et il a un titre de voyage tout à fait légal. Après cet incident, il comprend qu’il ne doit pas rester les bras croisés devant les injustices »

Un grand communicateur

Le Mahatma Gandhi n’était pas seulement animé de convictions qui s’enracinaient dans la lecture du Gita, mais il était aussi un grand communicateur, à un moment où il n’y avait « ni téléphones portables, ni télévision ». « C’est ce qui fait de lui un homme ordinaire, proches des gens. » Qu’on laisse les hommes politiques se quereller à New Delhi dans d’interminables discussions sur l’avenir de l’Inde, déclara-t-il.

Comme ça avait toujours été le cas, les vraies réponses aux problèmes de l’Inde devraient être trouvées dans les villages. à ses lectures, ses rencontres qu’il alterne entre les dirigeants politiques et ses partisans, il n’oubliait jamais sa figurine d’ivoire qui, sous la forme de trois singes, les mains sur les oreilles, les yeux et la bouche, représentait les trois secrets de la sagesse : « N’écoute pas le mal, ne vois pas le mal, ne dis pas le mal. » Dans un sac en coton, il y avait les livres qui reflétaient son éclectisme : la Bhagavad Gita hindoue, un Coran, les Pratiques et Préceptes de Jésus et un recueil de pensées juives.

Hormis les émeutes qui avaient ensanglanté le Gujerat à cause de la controverse géographique entourant le Babra Masjid-le Temple Ayodha, dans l’Uttar Pradesh, l’Inde a réussi l’intégration que le Mahatma souhaitait. Malgré toutes les forces de désintégration qui menaçaient la multiplicité de ses langues, de ses peuples, de ses cultures, malgré la cynique prédiction de nombreux Anglais qui avaient annoncé l’éclatement du pays, sitôt disparu le ciment de la domination anglaise, l’Inde est demeurée ce qu’elle était le 15 août 1947, le jour de son Indépendance, une nation profondément soudée.

L’Inde, c’est aussi le Gandhi soucieux de l’équilibre naturel en harmonie avec la nature : récupérer les enveloppes usées au lieu de les jeter, ne consommer que les aliments naturels dans la stricte limite des besoins vitaux, renoncer à la production de biens inutiles, recourir aux plantes médicinales, à une hygiène naturelle. Toutes ces leçons ne semblent plus anachroniques aux yeux de ceux qui cherchent aujourd’hui à résoudre les problèmes de la vie de l’homme sur la planète autrement que par la surproduction et la croissance pour la croissance.  La dernière leçon du Mahatma, que Kumar Prashant fait sienne, ne peut que nous interpeller sans détours : « Ne vous agrippez pas à vos postes. »

 

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