Sir Anerood Jugnauth a profité du dîner de fin d’année du MSM pour donner la réplique à Xavier-Luc Duval, qui a démissionné du gouvernement lundi. Pour le Premier ministre, la Prosecution Commission n’est qu’un prétexte.
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Le mariage entre le Mouvement socialiste militant (MSM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) était une union de raison. Et le PMSD a choisi de partir, car il croit avoir trouvé mieux ailleurs. C’est ainsi qu’on pourrait résumer le discours de sir Anerood Jugnauth (SAJ), lundi soir à Roches-Noires, lors de la fête de fin d’année du MSM.
Le Premier ministre (PM) assure que la controverse autour de la Prosecution Commission « n’est qu’un prétexte ». Il insiste pour que les débats aient lieu au Parlement mercredi même si la majorité de trois quarts nécessaire à l’amendement constitutionnel s’est envolée.
Très tôt dans son discours, SAJ choisit de rationaliser l’alliance contractée avec le PMSD en 2014. Un message qui s’adresse aux personnes qui lui disent que cette alliance n’aurait jamais dû se faire. « Si vous ne savez pas utiliser les stratégies, vous ne connaîtrez pas la victoire », a-t-il déclaré avant de mettre en exergue le fait que le grand amour ne régnait pas entre eux. « Entre le PMSD et nous, il n’y a pas grand-chose en commun. Leur philosophie et leur pensée politique ont toujours été bien différentes. Mais il faut parfois savoir unir ses forces pour vaincre l’adversaire. »
« Il y a anguille sous roche… »
Quelques minutes après, SAJ a dit le fond de sa pensée : si Xavier-Luc Duval a claqué la porte, c’est pour une alliance avec le Parti travailliste (PTr). Selon le Premier ministre, Navin Ramgoolam a su convaincre son ancien allié qu’il serait le prochain PM. « Il a déjà embêté Duval de cette façon. Il croit vraiment qu’il sera Premier ministre et qu’il doit tout faire pour se préparer à faire une alliance avec le PTr », avance-t-il.
SAJ a soulevé des interrogations autour de la chronologie des événements ayant mené à la démission du PMSD du gouvernement. « Ce type (Xavier-Luc Duval ; NdlR) a présidé ce comité (le comité ministériel sur la Prosecution Commission ; NdlR). Il pouvait dire ce qu’il avait à dire dans ce comité et on m’apprend qu’il l’a fait. Il a accepté certains amendements, mais il n’avait rien de plus à dire », a expliqué le chef du gouvernement.
Ce n’est que maintenant que de nouvelles objections font surface, dit le PM, qui a révélé que le leader du PMSD lui a envoyé un émissaire dans l’après-midi pour demander un renvoi des débats pour mars 2017. « Il m’a fait dire qu’il n’allait pas insister sur la rétroactivité, mais il a soulevé d’autres objections qui ne tiennent pas debout, a précisé SAJ.
Il a dit qu’il faut du temps et a demandé un renvoi pour mars. Je ne suis pas disposé à renvoyer pour mars. Ils sont partis. Nous n’aurons pas la majorité de trois quarts, mais je veux qu’on en débatte à l’Assemblée nationale pour que le public comprenne ce que nous faisons. Aujourd’hui, des gens changent de langage. Xavier-Luc Duval s’est retiré du gouvernement à cause de cela ? Non ! Moi je dis qu’il y a anguille sous roche. Il défend quels intérêts ? »
L’Attorney General répond aux détracteurs
Dans un discours centré sur les provisions du Prosecution Commission Bill, l’Attorney General Ravi Yerrigadoo a répondu aux principales critiques faites contre l’intention du gouvernement d’instituer une commission pour superviser le Directeur des poursuites publiques (DPP). L’Attorney General a beaucoup insisté sur l’accessibilité de la justice à ceux qui n’en ont pas les moyens, expliquant que si le ‘Judicial Review’ permet de contester les décisions du DPP, c’est une procédure que peu de gens peuvent se permettre.
« Une ‘Judicial Review’, prend du temps et coûte beaucoup », a rappelé Ravi Yerrigadoo. Il a aussi cité un article écrit par le DPP Satyajit Boolell, où ce dernier concluait : « The independance of the prosecutor should be equally matched by a policy of accountability. » Il a aussi tenu à rappeler que le DPP ne faisait pas partie du judiciaire et qu’il était faux de parler de violation du principe de séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire.
Quant au caractère anticonstitutionnel de la rétroactivité, il a assuré que c’est le cas uniquement quand une loi engendre de nouveaux délits. Or, le Prosecution Commission Bill n’en crée aucun et la rétroactivité ne pose donc pas problème.
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