L’ancien président de la République Cassam Uteem intervenait samedi matin 25 juin dans l’émission « Au Cœur de l’Info » présentée par Jugdish Joypaul et Jean-Luc Émile sur Radio Plus.
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L’un des deux thèmes abordait le communiqué conjoint des ambassades britannique et américaine, et celui du Premier ministre mauricien sir Anerood Jugnauth sur le dossier Chagos. Les ambassades britannique et américaine ont prévenu dans leur communiqué vendredi matin 24 juin que « référer le dossier Chagos devant la Cour internationale de justice pourrait porter préjudice aux relations bilatérales entre Maurice, le Royaume-Uni et les États-Unis ». Quelques heures plus tard, le bureau du Premier ministre mauricien sir Anerood Jugnauth a émis un communiqué pour dire que « the threat from the US and the UK that the request for an Advisory Opinion from the ICJ would cause lasting damage to the bilateral relations of Mauritius with both the US and the UK to be hostile and totally unacceptable and in breach of their obligations under international law ». Pour Cassam Uteem, intervenant sur Radio Plus samedi matin 25 juin dans « Au Cœur de l’Info », il est évident que l’objectif des Anglais et des Américains est de nous empêcher de saisir la Cour internationale de justice sur le dossier Chagos : « Ils font du “bullying” sur les autorités mauriciennes suite à la déclaration du Premier ministre mauricien à l’Assemblée nationale. Sir Anerood Jugnauth leur a lancé un ultimatum et je souhaite qu’il dispose maintenant d’un plan B. Nous n’allons pas chercher querelle avec des grandes puissances qui dirigent le monde, car nous sommes un petit pays. » Avec la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, selon Cassam Uteem, « nous aurons une série de négociations à faire pour ce qui est de nos exportations » : [blockquote]« Nous devons maintenir les négociations en vue d’une entente avec eux. Notre requête n’est pas exagérée, car nous réclamons notre souveraineté »[/blockquote] Cassam Uteem dit « ne pas être d’accord » avec la position du Premier ministre sir Anerood Jugnauth, c’est-à-dire de reconnaître notre souveraineté sur l’archipel des Chagos, et « nou “agree” et “disagree” sur Diego Garcia » : « Nous ne pouvons avoir de base militaire américaine sur notre territoire, ni pouvons-nous casser la baraque, car nous avons les mains et les pieds liés. Pour résumer, les Anglais nous mettent le couteau sous la gorge. » Les Anglais et Américains ne veulent pas entendre parler de la Cour internationale de justice ; d’où « leur menace », selon Cassam Uteem : « Il faut ouvrir le dialogue. À ma façon, avec mes moyens limités, si jamais le gouvernement pense que je peux être utile dans pareille situation, je suis disposé à aider à trouver une entente […] J’espère que tout n’est pas perdu, car avec le Brexit nous sommes dans une situation très délicate. »
Cassam Uteem répond alors à trois questions de Jugdish Joypaul et Jean-Luc Émile.
Depuis 40 ans, l’île Maurice ne cesse de lancer des ultimatums. Ne pensez-vous pas que ce sont des coups d’épée dans l’eau ? Cette fois-ci l’ultimatum a été lancé officiellement par le Premier ministre sir Anerood Jugnauth à l’Assemblée nationale. Et les Anglais et les Américains l’ont pris très au sérieux. L'île Maurice est-elle en mesure de galvaniser à sa cause un grand nombre de pays de l’Organisation des Nations unies ? Ce n’est pas impossible. J’ai toujours pensé que ce problème ne sera pas réglé par la justice mais politiquement, et pour avoir le soutien d’une majorité des pays, notamment ceux du continent africain, il faut que nous soyons très clair sur ce que nous souhaitons. Nous ne pouvons pas demander aux Africains de nous aider à retrouver notre souveraineté sur l’archipel des Chagos, tout en disant que nous allons maintenir la base militaire américaine. Nous devons être cohérents et lancer une bataille politique basée sur des principes et non «agree to disagree». Le communiqué conjoint des ambassades britannique et américaine parle de « lasting damage to Mauritius’ bilateral relations with both the UK and the USA ». Qu’est-ce qu’ils entendent par ça ? Ils disent que si l’île Maurice [saisit la Cour internationale de justice], tous les accords, entre autres l’accès de nos produits « quota free » ou « duty free », dans une certaine mesure, seront remis en question. Je trouve inacceptable ce chantage et, en même temps, je suis assez lucide pour dire que nous devons maintenir le dialogue avec ces deux puissances en vue d’arriver à un accord.
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