Interview

Cassam Uteem : «les dynasties, ce n’est pas qu’en politique»

L’ancien Président prend publiquement position contre l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre. Cassam Uteem estime qu’il faut des élections générales. Il intervenait, samedi, lors de l’émission « Au cœur de l’info’ sur Radio Plus.

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Quelle est votre opinion sur la dynastie en politique ?
La dynastie en politique n’est pas quelque chose de nouveau. Elle existe de deux manières. Premièrement, c’est une succession de souverains au sein d’une même famille. Puis, nous avons une succession au sein d’une même famille. À Maurice, nous avons les Jugnauth, les Ramgoolam ou encore les Duval, qui représentent une certaine succession dynastique. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas de dynasties qu’en politique. Nous avons, par exemple, des dynasties d’avocats. Cela étant dit, c’est toujours un sujet de controverse. Lorsque l’on est médecin ou encore businessmen de père en fils, personne ne trouve rien à redire. C’est uniquement dans le domaine politique que la question porte à controverse. Ce qui est normal.

En politique, nous n’avons pas forcément le concept de chances égales cependant…
C’est la population qui les choisit. Nous n’avons pas de situation idéale en démocratie. Nous aurions dû avoir une démocratie qui voit l’émergence d’autres individus appartenant à d’autres familles. Ce n’est pas une situation idéale et normale. Nous devons voir où se situe le problème. Est-ce que ce sont les partis qui sont fautifs ? Ce n’est pas une question facile, mais je pense que c’est bien au niveau du parti que cela se situe. Il faut aussi se demander si notre Constitution répond aux normes d’une vraie démocratie.

Pouvons-nous dire que les Mauriciens encouragent, d’une certaine façon, ce genre de dynasties ?
C’est vrai que si le père a une certaine renommée et a fait de grandes choses, son fils bénéficie de ce crédit. Donc, son nom a une certaine résonnance au sein de la population.

Pensez-vous que c’est une insulte à la méritocratie, lorsque c’est toujours des membres d’une même famille qui sont à la tête du pays ?
Cela aurait été meilleur et nécessaire que la base, quant au choix des leaders politiques, soit plus élargie. Toutefois, c’est facile de dire qu’il en faut d’autres pour diriger le pays, mais encore faut-il que d’autres personnes viennent de l’avant.

Pensez-vous qu’une bonne réforme électorale puisse favoriser l’émergence de nouveaux partis et leaders politiques ?
Cela y contribuera. S’il n’est plus question du First Past The Post, il y aura plus d’intérêt. Un système avec une meilleure représentativité encouragera l’émergence d’autres partis.

Le patronyme Uteem constitue aussi un grand avantage pour Reza Uteem et cela lui permet de gravir les échelons…
Je ne le nie pas. C’est un certain avantage. Toutefois, Cassam Uteem n’était pas nécessairement vu d’un bon œil dans sa circonscription. En politique, un fils est reconnu si son père a fait de bonnes choses, mais il y a aussi des aspects négatifs qui entrent en jeu. Il ne faut pas oublier que ce n’est pas seulement l’individu que l’on choisit. Lorsque la population vote, elle choisit non seulement un député, mais aussi un parti et un Premier ministre.

Pensez-vous que l’électorat en a assez des dynasties en politique ?
Je ne peux répondre à cette question, car je n’ai pas suffisamment d’éléments. Nous ne pouvons passer outre le choix de la population et imposer, bien que la Constitution le permette, une personne qui continue une succession dynastique. Il faut trouver une formule pour passer outre.

Quelle est justement votre opinion sur le débat autour de la succession de SAJ ?
Si le Premier ministre dit qu’il ne peut plus poursuivre ses activités, je ne puis lui dire de continuer. Il faut un leadership. S’il ne peut le faire, la Constitution entre en jeu et la Présidente choisit celui qui contrôle une majorité. Et dans les circonstances, la personne qui détient une majorité, c’est Pravind Jugnauth. Même si tout le monde voit que c’est une passation de pouvoir de père en fils. De mon point de vue, ce n’est pas moral. La seule chose qu’il doit faire, c’est annoncer aussitôt la date des élections.

 

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