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Cassam Uteem : «La police est au service de l’État et pas au service d’un régime»

Cassam Uteem, Sheila Bunwaree et Raj Penthiah.

L’ancien président de la République, Cassam Uteem, était l’invité de l’émission Au cœur de l’info, animée par Jean-Luc Émile, le mardi 30 mai. La gestion du pays et le fonctionnement des organismes l’inquiètent. Il demande aux Mauriciens de se ressaisir.

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«Préservation de la démocratie - le système judiciaire est-il la planche de salut face aux dérives de la police ? ». Cette question a été débattue par Jean-Luc Émile et ses invités. Trois magistrates ont marqué les esprits ces dernières semaines. Elles ont remonté les bretelles de la police et de la commission anticorruption. 

Pour Cassam Uteem, plusieurs cas montrent « une tentative d’’autocratisation’ de la société ». « La gestion des affaires de l’État et le fonctionnement des institutions sont des causes d’inquiétude. Pour qu’une démocratie fonctionne, il faut que chaque institution fasse son travail, selon ses ‘terms of reference‘. Chacune est redevable envers l’État et pas au régime », avance-t-il. 

Cassam Uteem fait observer que c’est la séparation des pouvoirs qui définit une démocratie. « Pouvons-nous dire que le législatif est indépendant ? Tout ce que décide l’exécutif, le législatif accepte. Le système judiciaire agit de manière indépendante même s’il y a des voix sortant de l’exécutif qui sont utilisées pour donner des directives et proférer des menaces », avance l’ancien Président. Selon lui, des jugements rendus récemment doivent nous rendre fiers de notre système judiciaire qui « fait triompher la justice ». 

Selon lui, une institution arrête de fonctionner quand il n’y a pas « the right man in the right place ». Il pense que la situation est alarmante, car la police n’inspire pas confiance. « Comment se fait-il que ce soient uniquement des opposants du régime qui sont arrêtés supposément pour fraude, trafic de drogue ou blanchiment d’argent ? La police est au service de l’État et pas au service d’un régime. » Un commissaire de police a le devoir d’agir selon les lois et non pas selon des directives de quiconque, avance-t-il. 

Ce qui se passe est « très alarmant », dit-il. Surtout qu’il y a un dysfonctionnement de la famille, de l’école, de la religion, de la police et de la politique ». « Il faut se ressaisir. Revoyons notre société pour qu’il y ait le respect des uns des autres et de la démocratie. Il faut l’intégrité, l’honnêteté et le sens d’éthique », lance-t-il. « C’est ensemble qu’on peut secourir notre population et redonner à nos institutions le respect et les valeurs qu’elles avaient dans le temps. » 

L’ancien magistrat, Raj Penthiah, déclare que chaque organisme a un rôle à jouer.Le système judiciaire ne peut pas assumer la responsabilité d’autres organismes pour maintenir l’État démocratique. Il lance un appel. « Le peuple doit se réveiller, s’il a envie de démocratie» 

Pour sa part, l’universitaire et observatrice, Sheila Bunwaree est d’avis qu’il est inquiétant « que nous devenions un état autocratique ». C’est ce qu’estime le rapport Vedem. « C’est une période sombre de notre histoire et de notre démocratie. Il y a toute sorte de dysfonctionnement. Heureusement qu’il y a le système judiciaire qui est un rempart et qui insuffle un peu d’espoir », avance-t-elle. Elle évoque aussi « une perversion de la démocratie ». 

Parvez Dhooky, juriste au Barreau de Paris, explique que le système fait que le Premier ministre a « une emprise sur l’ensemble des institutions ». Il est d’avis que les acteurs politiques ont un rôle à jouer. « Il y a pas mal de réformes techniques à apporter », indique-t-il.

 

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