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Cassam Uteem : au nom des valeurs

Cassam et Zohrah Uteem sont mariés depuis presque 58 ans.

De Plaine-Verte à la présidence, Cassam Uteem retrace une vie dédiée au service public, à l’éducation et à la justice sociale, avec humilité, écoute et fidélité envers le peuple mauricien.

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Ancien Lord-maire, député, ministre, vice-Premier ministre, président de la République et ardent défenseur de la justice sociale, Cassam Uteem nous invite à un voyage au cœur de sa vie. De son enfance modeste à Plaine-Verte aux plus hautes fonctions de l’État, son parcours est une leçon de devoir, d’éducation et d’écoute. À travers souvenirs personnels, engagements politiques et convictions profondes, c’est le portrait d’un homme fidèle à ses valeurs et proche du peuple mauricien qui se dessine.

Dans sa maison paisible de Beau-Bassin, Cassam Uteem nous ouvre les portes de sa mémoire avec une chaleur tranquille. Figure incontournable du service public, il nous accueille avec une bienveillance sincère. Sa voix posée, son regard vif et profond révèlent une lucidité intacte, mêlée à une humilité rare.

Il se remémore une enfance simple, mais heureuse. « Mon père accordait une importance capitale à l’éducation. Même lors des jours de fête, il tenait à ce que nous allions à l’école, juste après la prière. »

Élève appliqué, il décroche la fameuse « petite bourse », une aide destinée aux élèves brillants, qui leur permettait de poursuivre leurs études secondaires avec une allocation modeste de Rs 25 par mois. « Cette bourse a vraiment allégé le fardeau de mes parents. Pour moi, elle a été déterminante. » Grâce à ce soutien, il intègre le Royal College of Port-Louis, une étape qui lui fait mesurer tout de suite l’ampleur de sa responsabilité. « Nous n’étions que 40 à l’obtenir cette année-là. Je savais que je ne pouvais pas décevoir. »

Après son Higher School Certificate (HSC), il rejoint Cable & Wireless comme opérateur. « Il fallait travailler, soutenir la famille. Mais je savais que je voulais continuer à étudier. » Il reprend donc le chemin des études à l’Université de Maurice, avant d’obtenir une bourse pour la France.

À Paris, Cassam Uteem décroche un diplôme en travail social, une licence en psychologie, puis une maîtrise en sociologie et psychologie. « Ces années ont été une véritable transformation. J’ai appris à mieux comprendre les autres, à interroger les systèmes. »

De retour à Maurice, il devient Personnel Manager au sein du groupe Currimjee. « Ce fut une autre école. Apprendre à gérer les conflits, à valoriser les talents, à préserver l’équilibre humain au sein d’une entreprise… tout cela m’a beaucoup appris. »

Le 18 août 1967, il épouse Zohrah, qu’il évoque avec une tendre admiration : « Une femme forte et discrète, toujours à mes côtés. Son soutien a été fondamental dans tout ce que j’ai pu accomplir. » Le couple aura trois enfants. « Les voir grandir, apprendre, s’épanouir… c’est ce que j’ai toujours considéré comme mon trésor le plus précieux. »

Engagement politique

C’est dans la politique locale que débute son engagement. Conseiller municipal à Port-Louis, il gravit rapidement les échelons pour devenir Lord-maire. Un souvenir qui le marque encore ? « J’avais proposé que Nelson Mandela soit fait citoyen d’honneur de la ville, alors qu’il était encore prisonnier à Robben Island. Le titre avait été remis à l’un de ses représentants en Tanzanie », révèle-t-il.

Membre du Mouvement militant mauricien (MMM), il est élu député, puis nommé ministre, avant de devenir vice-Premier ministre. Il garde en mémoire ses initiatives sociales, fièrement : « J’ai mis en place une allocation chômage pour les pères de famille. Et j’ai de très beaux souvenirs des campagnes à Hong Kong et Singapour pour promouvoir notre industrie. »

En 1992, il accède à la présidence de la République. « Je suis resté fidèle à mes valeurs. J’ai exercé cette fonction sans jamais me couper des réalités du pays. » Il se souvient des visites dans les foyers modestes : à Petite-Rivière, chez des pêcheurs autour d’un curry de poisson, à Quartier-Militaire, chez une famille de laboureurs. « Partager un thé avec eux, écouter leurs histoires… c’était pour moi essentiel. »

La rencontre avec Nelson Mandela, cette fois en tant que chef d’État, demeure un moment gravé dans sa mémoire. « Il m’a remercié pour l’hommage rendu par la ville de Port-Louis. Ce fut un instant très fort », dit-il.

Cassam Uteem évoque également les moments difficiles, comme la mort tragique de Kaya. « Mon service de sécurité me déconseillait d’y aller. Mais je suis allé sur le terrain, à Roche-Bois, à Goodlands, pour écouter les gens. C’était mon devoir. »

Même après la présidence, Cassam Uteem ne cesse de s’engager. Il milite au sein d’ONG contre la pauvreté et la drogue. « J’essaie d’aider autant que possible. L’injustice continue de me révolter », explique-t-il.

Parallèlement, il reçoit encore des Mauriciens chez lui. « Certains viennent chercher un conseil, d’autres simplement parler. J’aime ce lien avec le peuple », souligne-t-il. 

Un lien qu’il a toujours cultivé, depuis ses débuts professionnels. Peu le savent, mais il a commencé sa carrière comme newscaster et animateur radio. « Je lisais les nouvelles en anglais. J’aimais ce contact direct avec les auditeurs. »

Quant à ses petits plaisirs, ils restent simples et authentiques : « Le briani de poisson, sans hésiter. Et tous les plats de poisson. C’est mon bonheur du quotidien, un goût qui me ramène toujours à la maison. »

Au fil de notre échange, une chose apparaît clairement : pour Cassam Uteem, la vie est avant tout une question de fidélité — à ses valeurs, à son pays, et surtout à ceux qui lui ont fait confiance. « Ce que je souhaite, c’est continuer à être utile, humblement, et à marcher aux côtés de mon peuple, avec respect et engagement. »

Et si ce parcours exemplaire inspire, c’est parce qu’il incarne une volonté simple et profonde : faire du service public une mission au cœur de l’humanité.

Ajagen Koomalen Rungen et Azeem Khodabux 

 

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