À la suite des révélations de « Missie Moustass », nous ne sommes plus en démocratie ; nous vivons dans un régime policier, nos mouvements surveillés, épiés, notre intimité allègrement violée, déclare Cassam Uteem. En cette période de campagne électorale, l’ancien président de la République de Maurice fait appel au bon sens, afin que le calme puisse perdurer avant, pendant et après les législatives.
À une exception près, il n’y a pas eu de violences physiques rapportées jusqu’à présent au cours de cette courte campagne électorale. Cependant, sur les réseaux sociaux, des internautes se sont livrés à des propos à tendance communautariste. Pensez-vous que cela puisse créer des situations dangereuses pour le pays, ou les Mauriciens ont-ils suffisamment de maturité pour ne pas se laisser emporter par ces écarts de langage ?
Nous avons certes connu des campagnes électorales violentes, très violentes même dans le passé, avec mort d’hommes, si vous vous en souvenez. Cependant, celles de ces dernières années ont été plutôt paisibles et pas particulièrement tendues, à part quelques anicroches entre activistes politiques qui, des fois, essaient de faire montre d’un excès de zèle sur le terrain. Cette conduite, louable et responsable, démontre une certaine maturité de la part de la population en général et du corps électoral en particulier.
La présente campagne se déroule jusqu’ici dans le respect de l’adversaire avec, toutefois, quelques rares écarts de langage qui, je constate, suscitent immédiatement une levée de boucliers salutaire des adversaires, mais également des partisans. La mauvaise utilisation des réseaux sociaux, que nous déplorons tous, car elle risque, surtout en période électorale, de mettre les nerfs à vif et de perturber notre vivre-ensemble, ne doit pas être tolérée et les autorités responsables devraient agir promptement pour sanctionner les coupables.
Pourquoi le vivre-ensemble semble-t-il si fragile ?
Toute société multiethnique et multireligieuse est fragile jusqu’au moment où l’on arrive à comprendre et à faire comprendre que les nombreuses différences qui existent entre les habitants d’une telle société nous enrichissent et enrichissent notre monde. Pour cela, il faut commencer par se réapproprier les valeurs traditionnelles de respect de l’autre et de ses traditions, l’acceptation de la pluralité d’opinions, des relations bienveillantes et du bon voisinage, de la solidarité et éduquer nos enfants, à la maison et à l’école dès le pré-primaire, afin de mieux se connaître aujourd’hui pour mieux se comprendre demain. C’est ainsi qu’on construit, consolide et nourrit notre vivre-ensemble.
Nous ne sommes plus en démocratie ; vous vivons dans un régime policier, nos mouvements surveillés, épiés, notre intimité allègrement violée»
Les insultes faites à la Vierge Marie, et attribuées au commissaire de police (CP) Anil Kumar Dip, ont suscité de nombreux commentaires, et beaucoup se demandent pourquoi il est toujours en poste, alors qu’une enquête est en cours. Son poste constitutionnel rend-il sa destitution difficile ou complexe ?
À la suite des révélations fracassantes et aux allégations d’une extrême gravité de « Missie Moustass », entre autres, à l’encontre du CP actuel, le gouvernement a annoncé l’institution d’une Commission d’enquête présidée par un ancien juge de la Cour suprême pour faire la lumière sur toute l’affaire qui a éclaboussé le régime en place. Les insultes faites à la Vierge Marie et attribuées au CP sont d’une gravité extrême et ont profondément blessé nombre de chrétiens et de nos coreligionnaires musulmans, qui tiennent en haute estime la mère du Christ, « la maman de l’Église catholique ».
En instituant cette Commission d’enquête, le Premier ministre aurait dû, en même temps, exiger du CP qu’il se retire temporairement pour reprendre ses fonctions une fois qu’il est mis hors de cause et blanchi. Le CP jouit du droit à l’inamovibilité pour garantir son indépendance. Avant de le destituer pour faute grave, par exemple, il y a toute une série de procédures à suivre, y compris l’institution d’un tribunal spécial présidé par un juge ou ancien juge, qui devrait le trouver coupable de ce qu’on lui reproche ou l’accuse, et ensuite recommander sa destitution au président de la République, qui agit en conséquence.
L’enquête déterminera la véracité du contenu de ces bandes sonores. Mais quelle crédibilité accorder à cette enquête ?
Je conçois qu’on puisse être cynique devant la tournure des événements politiques et l’impunité dont semblent jouir certains proches du pouvoir. Il ne faut toutefois pas pousser le cynisme jusqu’au point de remettre en cause une Commission d’enquête présidée par un juge ou un ancien juge de la Cour suprême. On ne peut porter un jugement que lorsque la commission aura terminé ses travaux et rendu publiques ses conclusions.
Quel a été, selon vous, l’impact des « Moustass Leaks » sur la campagne électorale ?
Très négatif pour le gouvernement et donc pour les partis politiques au pouvoir, y compris pour le Premier ministre personnellement. Ces « leaks » ont révélé ce dont l’on se doutait déjà : l’état de déliquescence de certaines institutions fondamentales du pays dû à l’ingérence politique outrancière. Des ministres, des conseillers de ministres, des proches du pouvoir, un CP, des chefs de service, avoués et avocats, sont de connivence pour entraver le cours de la justice.
La révélation la plus sensationnelle est sans nul doute le fait qu’on soit tous sur table d’écoute. Les conversations les plus intimes, dans votre salon et votre chambre à coucher, sont enregistrées… À quelles fins, peut-on se demander ? On n’est plus en démocratie, ce système politique dans lequel existent des institutions et des lois qui visent à protéger la population des dérives dictatoriales.
Le Premier ministre sortant et leader de l’Alliance Lepep parle de « fabrications », de « faussetés », de « manipulations » par le biais de l’intelligence artificielle. De nouvelles bandes sonores, rendues publiques sur la page YouTube de « Missie Moustass », le mettent à mal. Ces « révélations » semblent témoigner d’une décadence et d’un pourrissement des plus hautes sphères du pouvoir… Avons-nous, en tant que peuple, cautionné ces agissements ?
Au lieu d’attendre les conclusions de la Commission d’enquête qu’il a lui-même nommée, pour faire la lumière sur l’affaire « Missie Moustass », le Premier ministre parle de fabrications par le biais de l’intelligence artificielle. C’est un non-sens, car plusieurs des personnes concernées par ces révélations disent reconnaître leurs voix et confirment la véracité de la teneur des conversations enregistrées.
Je vous répète ce que je viens de vous dire pour bien le souligner : nous ne sommes plus en démocratie ; vous vivons dans un régime policier, nos mouvements surveillés, épiés, notre intimité allègrement violée.
Les autorités semblent déterminées à dévoiler l’identité de « Missie Moustass ». Mais une question se pose : au-delà de son statut de « whistleblower », « Missie Moustass » n’est-il pas un personnage dangereux, que ce soit pour le gouvernement sortant ou le futur gouvernement ? Impossible de croire qu’il soit « enn sinp fonksioner ».
À ce stade, il importe peu de savoir quelle est l’identité de « Missie Moustass ». Il faut peut-être même le remercier pour ce qu’il nous a jusqu’ici révélé et qui donne froid dans le dos. Il nous faut surtout savoir si la teneur des conversations enregistrées et rendues publiques sont véridiques. Et si elles s’avéraient, alors des actions en justice devraient être engagées et des sanctions prises contre ceux coupables de magouillages et de complots, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
On devra ensuite dire à la population, et c’est ce que la Commission d’enquête devra statuer, comment et pourquoi il a été jugé nécessaire de mettre tant de gens sur table d’écoute, d’où l’ordre est-il venu et quelles procédures ont été suivies.
Comment réagissez-vous à la décision de l’Icta de forcer les opérateurs à restreindre l’accès aux réseaux sociaux les plus utilisés à Maurice, et quelle lecture faites-vous de la situation ?
C’est une atteinte grossière et totalement injustifiée à la liberté d’expression et donc condamnable. Les réseaux sociaux constituent un instrument de communication essentiel, au moyen duquel les individus peuvent exercer leur droit à la liberté d’expression, recevoir et répandre des informations. D’ailleurs, ces vidéos de « Missie Moustass » largement diffusées en ligne nous auront permis de découvrir la face cachée d’un État et des institutions en déréliction.
Si les autorités du pays considéraient que ces « leaks » mettaient en danger la sécurité de l’État, même si l’on ne sait toujours pas comment, elles auraient pu entrer en contact avec les représentants de TikTok, Facebook et YouTube et les appeler à la responsabilité concernant la diffusion des « Moustass Leaks », et non priver toute la population de l’accès à ces plateformes. Réalisent-elles tout le mal qu’elles font subir au pays et combien cette action a terni son image au niveau international ?
L’Icta dit avoir reçu des directives pour passer un tel ordre, en raison de la menace que poseraient les « Moustass Leaks » sur la sécurité nationale. Or nous notons qu’un tel ordre intervient quelques heures après des bandes sonores contre le Premier ministre et son proche entourage.
Je ne vous le fais pas dire. Comment, devant une telle décision irréfléchie, ou peut-être bien réfléchie, ne pas conclure que les menaces de « Missie Moustass » de révéler les dessous de l’affaire Kistnen ont semé la panique, car elles toucheraient de près la sphère de la haute administration et de la politique du pays, éclaboussant le Premier ministre et son entourage. Je ne puis m’empêcher de penser à l’adage : Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre.
Il importe peu de savoir quelle est l’identité de ‘Missie Moustass’. Il faut peut-être même le remercier pour ce qu’il nous a jusqu’ici révélé»
Nous avons remarqué, depuis le début de la campagne électorale, que certains candidats tiennent des propos vulgaires, souvent accompagnés de coups bas à l’égard de leurs adversaires, qu’ils soient hommes ou femmes. Nos politiciens sont-ils à ce point en manque d’arguments pour convaincre l’électorat de voter pour eux, selon vous ?
Certains politiciens n’arrivent pas, des fois, à se retenir lorsqu’ils s’adressent au public, surtout à leurs partisans. Ils se laissent aller et utilisent des propos déplacés. Ils sont heureusement peu nombreux. Chez ceux-là, comme dirait l’autre, c’est tout simplement du « chassez le naturel, il revient au galop ».
Qu’il y ait, en quelques rares occasions, des lapsus regrettables est compréhensible. Ce qui est toutefois inacceptable, c’est l’insulte proférée à l’encontre des femmes politiques. Ces dernières sont déjà confrontées à des défis en raison des barrières culturelles et structurelles qui ont un impact sur leur représentation dans l’arène politique et à l’Assemblée nationale. Les propos injurieux, totalement inacceptables, à leur égard ne font qu’aggraver la situation, car ils constituent un autre obstacle et un frein à leur engagement politique.
Campagne après cam-pagne, nous constatons une surenchère politique avec des annonces et des promesses électorales faites sans explication concrète sur la manière dont elles seront mises en œuvre. Ne pensez-vous pas que cela risque d’induire la population en erreur, avec toutes ces promesses dont les échéances de mise en œuvre ne sont souvent pas connues ?
On infantilise le peuple. Au lieu de l’encourager au travail et à la discipline, au lieu de l’aider à réaliser ses rêves et ses ambitions, on le transforme en « roder bout ». En ce faisant, on est en train d’inculquer à nos jeunes, en particulier, une mentalité d’assistés. Demain adultes, ils vont courir après l’argent facile en devenant des « mules » ou passeurs de drogue et seront prêts à se livrer au plus offrant, comme certains le font déjà en monnayant leurs votes.
Les mesures phares du manifeste électoral des partis politiques sont toutes teintées de surenchère politique. En faisant des promesses électorales à qui mieux mieux, les grandes alliances politiques donnent l’impression illusoire que le pays dispose des fonds de réserves illimités et qu’ils peuvent distribuer des « freebies », des cadeaux à tort et à travers.
Ils ne courent aucun risque d’être accusés de soudoyer le peuple, car il ne s’agit pas de pots-de-vin, ainsi en ont tranché, dit-on, les plus hautes instances judiciaires ! C’est un tort immense qu’on fait à notre jeunesse et au pays.
Cette politique de « fann kas » répondrait-elle, finalement, à une attente de la population ?
Comme je viens de vous le dire, ce sont certains politiciens qui ont suscité cette attente parmi la population et celle-ci ne réalise même pas qu’on va demain lui reprendre de la main gauche ce qu’on lui donne de la main droite aujourd’hui.
Au lieu de l’encourager au travail et à la discipline, au lieu de l’aider à réaliser ses rêves et ses ambitions, on transforme le peuple en ‘roder bout’»
Au vu de la dépréciation accélérée de la roupie, de la cherté de la vie, des problèmes systémiques de notre économie, n’est-il pas temps de parler un langage de vérité, comme l’avait fait, dans le passé, sir Anerood Jugnauth ?
La démocratie repose sur le droit des citoyens à la vérité. D’ailleurs, pour qu’un système politique puisse être dit démocratique, les citoyens doivent être en mesure de juger la manière dont leurs mandataires s’acquittent de leurs responsabilités. Comment peuvent-ils le faire si les informations qui leur sont données sont systématiquement faussées et incomplètes ?
En campagne électorale, le langage de vérité risque de faire perdre des voix. Qui oserait prendre ce risque ? Continuité ou changement, la majorité qui sortira des urnes devra tôt ou tard adopter une politique de vérité, notamment sur l’état réel de l’économie du pays. Plus dure sera alors la chute ou la déconfiture !
S’accrocher au pouvoir est-il plus important que le bien-être commun de la nation mauricienne ?
Lorsque vous parlez de s’accrocher au pouvoir, il me vient à l’esprit ces nombreux cas de chefs d’État à travers le monde qui sont prêts à modifier la Constitution de leur pays ou l’interpréter à leur guise pour se maintenir au pouvoir, Ici, tel n’est pas le cas, du moins pas encore !
L’objectif de toute formation politique d’accéder au pouvoir en ralliant une majorité de suffrages aux élections autour de son projet politique est tout à fait légitime. On pourrait même dire que c’est la raison d’être des partis politiques. Tous les politiciens et aspirants politiciens vous diront qu’ils veulent se maintenir ou accéder au pouvoir pour assurer le bien-être de la nation mauricienne.
Malgré les divers appels à l’unité du peuple mauricien, chez certains politiciens, il semble que la campagne électorale soit le moment pour faire appel aux instincts primaires du « noubanisme ». Que pensez-vous de cette façon de faire de la politique ?
Le communalisme est l’arme ultime des politiciens en perte de vitesse. Généralement, ils y font appel dans des réunions privées et de manière très subtile, hors de l’écoute et hors de la vue des membres de la presse. Ils laisseront le soin aux agents, ou aux représentants des organisations dites socio-culturelles qui sont invités spécialement, de le faire. Ces derniers ne se feront pas prier pour appeler à voter pour « nou fami » et « nou bann », tout en diabolisant l’autre ou tous les autres.
Paul Bérenger est « diabolisé » par ses adversaires, avec les mêmes arguments que lors des précédentes campagnes électorales. Depuis l’annonce de Shakeel Mohamed comme no 3 d’un éventuel gouvernement formé par l’Alliance du Changement, nous observons certaines « réactions épidermiques ». Comment l’expliquez-vous ?
Paul Bérenger est la cible de prédilection de ses adversaires, d’abord en raison de son appartenance ethnique et la couleur de son épiderme. Sa diabolisation a commencé à partir de 1983, au lendemain de la cassure du MMM avec sir Anerood Jugnauth, leader du MSM, parti né de la scission du MMM et son allié d’alors, le PSM de Harish Boodhoo, menant une campagne hargneuse et haineuse sans précédent dans l’histoire politique contemporaine.
On lui fait porter depuis, le fardeau de la colonisation et on le taxe de colon responsable de toute la souffrance subie par les laboureurs engagés venus de l’Inde au cours du XIXe siècle sous colonisation britannique.
C’est bien entendu un faux procès qu’on lui fait et on essaie de faire l’impasse sur son immense contribution à l’émancipation de la classe travailleuse, toutes ethnies confondues, et à l’unité nationale depuis la création du MMM, au lendemain de la bagarre raciale de 1968. On feint même d’oublier qu’il a été le Premier ministre de notre pays, œuvrant pour le bien-être de toute la population.
Quant à Shakeel Mohamed, dont le grand-père, sir Abdul Razack Mohamed, leader du Comité d’action musulman, fut l’un des architectes de l’indépendance de notre pays, il est considéré moins Mauricien que les autres par certains groupuscules, et pas qualifié pour être le no 3 d’un éventuel gouvernement du Changement, parce qu’il appartient à une minorité religieuse qui, ici comme ailleurs dans certains autres pays, a toujours bon dos. Il est victime de ce qu’on définit comme l’islamophobie.
Heureusement que c’est un phénomène marginal chez nous et ne se manifeste qu’en certaines occasions, notamment pendant les campagnes électorales. La majorité de l’électorat n’est toutefois pas dupe.
Il faut prendre le temps de célébrer notre diversité et encourager nos enfants, dès leur très jeune âge, à mieux se connaître pour mieux se comprendre»
Les associations socio-culturelles ont un rôle important à jouer dans la promotion et la préservation de la diversité des cultures à Maurice. Et pourtant, les mots d’ordre sont légion en cette période de campagne électorale...
Certaines associations dites socio-culturelles font un travail remarquable en assurant, comme vous dites, la promotion et la préservation des cultures ancestrales, ce qui est un enrichissement pour notre pays. Elles se donnent aussi pour objectif de combattre les fléaux sociaux, dont la toxicomanie, en organisant des activités de loisir et en pourvoyant l’encadrement nécessaire aux jeunes. Ces associations méritent tout notre encouragement et notre soutien.
Il y en a d’autres, cependant, qui outrepassant leur rôle socioculturel, se mêlent à la politique partisane et se croient autorisées à lancer des mots d’ordre de vote. Des fois, je crois savoir qu’elles le font sous contrainte ou à la demande expresse des dirigeants politiques. Dans tous les cas de figure, elles se font un tort immense et embarrassent souvent leurs membres qui ne partagent pas nécessairement le point de vue de leurs dirigeants.
Heureusement que ces mots d’ordre restent souvent lettre morte, les jeunes surtout ne se laissant plus mener par le bout du nez.
Certains politiciens mènent ouvertement une politique « communale ». Répondent-ils à une attente de certaines minorités qui estiment avoir été délaissées par les gouvernements qui se sont succédé ? Si c’est le cas, n’est-ce pas un aveu de faillite dans la construction de la nation mauricienne ?
Je maintiens que ce sont surtout des politiciens en perte de vitesse et à court d’arguments qui ont recours au « communalisme » ou à une campagne « communale ». Toutefois, il faut reconnaître que, lorsqu’il existe, comme c’est le cas malheureusement, de manière systématique, des discriminations flagrantes et des passe-droits dans les exercices de recrutement et de promotion qui se font au détriment de certaines minorités, un terreau fertile est alors créé et rend tant soit peu crédible une campagne basée sur le « communalisme », entravant ainsi la construction d’une nation mauricienne.
Cassam Uteem, vous qui avez vécu les émeutes de 1999, dans un pays qui a connu des tensions raciales, et qui continue à être victime de secousses raciales sporadiques, serait-il inexact de dire que certains politiciens se comportement actuellement en pyromanes pour servir leurs propres intérêts ?
Je vous disais, au début de notre entretien, que toute société multiethnique et multireligieuse, telle que la nôtre, est de nature fragile. Il faut constamment veiller à ce que rien ne soit entrepris pour mettre à mal notre vivre-ensemble. Il faut prendre le temps de célébrer notre diversité et encourager nos enfants, dès leur très jeune âge, à mieux se connaître pour mieux se comprendre et à leur enseigner l’impérieuse nécessité du partage et du respect - à la maison comme à l’école, qui est non seulement le lieu où on acquiert le savoir, le savoir-être et le savoir-faire, mais aussi et surtout le savoir-vivre ensemble, en communauté.
Nous devons cultiver nos relations interpersonnelles et interreligieuses. Ces relations doivent être « nurtured », dira l’Anglais.
Quel est votre message à la nation mauricienne en cette période de tensions ?
Je dirais tout simplement : Gardez la tête froide ! Une élection n’est qu’un exercice démocratique qui permet aux électrices et aux électeurs de voter pour élire les candidats qui les représenteront et qui prendront des décisions en leur nom au sein du gouvernement et du Parlement.
Les différents candidats et partis qui se confrontent et leurs partisans ne sont pas des ennemis qui descendent dans l’arène pour se battre « physiquement » et avec des armes. C’est un combat d’idées qu’ils mènent et ils mériteront votre vote, ceux qui réussissent à vous convaincre qu’ils pourront mieux vous représenter et vous défendre au Parlement ou au gouvernement.
Il n’y a absolument aucune raison d’avoir recours à la violence ni avant, ni pendant, ni après les élections. C’est ainsi qu’agissent les peuples civilisés, dont nous sommes, en démocratie.
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