- La police privilégie un acte criminel
- Le conducteur du camion, arrêté, ne détient pas de permis
Ils veulent y voir plus clair. Les enquêteurs de la Criminal Investigation Division (CID) de la Western Division s’efforcent de déterminer s’il s’agit d’un délit de fuite ou d’un acte prémédité. Cela fait suite à l’accident qui a coûté la vie au constable Baboo Dulhumsingh, 27 ans, connu sous le nom de Kaushik, survenu dans la soirée du mardi 21 novembre, à Cascavelle.
Les images des caméras de surveillance récupérées par la police suscitent des interrogations, en particulier en ce qui concerne les mouvements d’un camion qui a percuté la motocyclette sur laquelle se trouvait le policier. Le conducteur du camion a poursuivi sa route après la collision, écrasant le policier sur son passage. Les limiers tentent de décrypter les circonstances entourant cet événement tragique.
L’accident s’est déroulé à non loin de l’école primaire de Cascavelle, sur la route menant vers Rivière-Noire. À l’arrivée des hommes de l’inspecteur Doorboree de la police de Flic-en-Flac, vers 18 h 45 mardi, le policier gisait sur l’asphalte, grièvement blessé, à côté d’une motocyclette. Un dénommé Christopher Pierre, propriétaire de la moto, blessé également, était sur l’asphalte quelques mètres plus loin. Il a été transféré à l’hôpital par l’ambulance du Service d’aide médicale urgente (Samu). Il a été autorisé à rentrer chez lui après les soins. Mais, pas de chance pour le policier. Les secouristes sur place n’ont pu que constater son décès.
La police criminelle de la Western Division a pris en charge l’affaire. Grâce aux images des caméras Safe City, le chauffeur du camion a été identifié. Mercredi matin, un dénommé Kavish Jogarah, 30 ans, résidant à Cascavelle, a été appréhendé par la CID de Flic-en-Flac. Il fait l’objet d’une inculpation provisoire pour « conduite sans permis » et homicide involontaire.
Parallèlement, une enquête pour un éventuel meurtre pourrait également être ouverte. Les enquêteurs cherchent à élucider tous les aspects de cette tragédie. Il ressort de l’enquête policière que, dans sa fuite, le chauffeur a percuté deux autres voitures. Ces incidents n’ont fait aucun blessé.
À la suite à des recoupements, les enquêteurs de la CID de Flic-en-Flac orientent leurs investigations vers une possible affaire de meurtre. Kavish Jogarah, employé au sein d’une compagnie de livraison, conduisait le véhicule appartenant à son employeur. Il sera appelé à s’expliquer sur les circonstances entourant ce drame. Il ne détiendrait pas de permis de conduire.
Lors de son interrogatoire, Kavish Jogarah a soutenu qu’il n’avait pas remarqué qu’il avait percuté la motocyclette transportant le policier. Il prétend avoir seulement constaté des traces de l’impact une fois arrivé à destination, sur son lieu de travail.
Peu avant l’impact
Vers 18 h 30 mardi, le constable Kaushik Dulhumsingh était en voiture avec son épouse sur cette partie de la route, en direction de Riviere-Noire. À un moment, un camion les aurait doublés et cette manœuvre a interpellé le policier. Le constable est descendu de sa voiture avant d’interpeller un motocycliste, Christopher Pierre, qui circulait sur cette route. Il lui a demandé s’il pouvait suivre le camion.
Kaushik Dulhumsingh et le motocycliste ont poursuivi le camion, avant de le dépasser un peu plus loin. Mais le pire allait venir. Le camion a percuté de plein fouet la moto et a poursuivi son trajet, écrasant le policier sur son passage.
Un automobiliste, arrivé peu après le tragique accident, témoigne avoir découvert un homme gisant au sol, dans une mare de sang. « Kan monn ariv laba, monn trouv enn lekor lor koltar. Garson-la ti fini. Kan lapolis inn vini, enn inn dir ki li konn li (la victime, ndlr) e ki se enn eleman gardkot nasional », dit l’intervenant.
Bhavna Dulhumsingh : « Linn dir mwa li revini la, me zame lin retourne »
Elle se rappelle des dernières paroles de son époux avant que le chauffeur du camion ne l’arrache à la vie. « Linn dir mwa li revini la, me zame lin retourne ». Bhavna Dulhumsingh pleure la disparition tragique de son mari. Selon elle, son époux lui a dit de rester dans la voiture et de déclencher les feux de stationnement. « Linn aret enn motosiklet pou swiv kamion-la. Mo ti gagn enn move presantima », poursuit la veuve.
Quelques minutes plus tard, des gens sont venus la voir. « Inn dimann mwa kisana sa motosiklis-la e inn dir pa al gete », laisse-t-elle entendre. Mais la jeune femme y est allée : « Kan monn vir mo latet, monn trouv banla pe kouver li ». Elle dira qu’elle savait que le pire s’était produit. « Monn zis demann Bondie donn mwa kouraz », ajoute Bhavna.
Voyage en Inde
Le couple allait célébrer ses quatre ans de vie commune en décembre. « Nou ti pou al fer en voyage pou nou laniverser mariaz », dit-elle. Ils devaient se rendre en Inde le 13 janvier et les réservations avaient déjà été faites et le carnet de voyage prêt. « Pa fasil. Sa dimounn kinn touy mo misie-la, linn pran nou lalimyer, lalimyer nou fami », dit-elle tristement.
Kaushik et Bhavna étaient très complices. « C’était un époux attentionné, un fils qui chérissait ses parents et sa grand-mère. Kaushik était aussi un perfectionniste. Il était un homme juste, surtout savait partager son temps entre son travail, sa famille et sa vie de couple. Il aimait la vie, faire des blagues, rire… Il ne méritait pas cela », dit la veuve, qui n’arrive pas à croire que son mari ne reviendra plus jamais.
Bhavna raconte que Kaushik l’aidait dans les tâches ménagères. La jeune femme raconte que, lundi dernier, ils avaient fait une sortie en couple au jardin botanique à Pamplemousses. Kaushik l’avait emmenée rendre visite à un de ses cousins. Selon elle, Kaushik aimait les animaux, surtout les chiens et chats errants. Après des sorties ou des dîners, il s’assurait toujours de ramener des restes pour leur donner à manger.
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