Carte d’identité biométrique : la pagaille

Il est 14 h 30 dimanche quand nous arrivons au bâtiment du National Pensions Fund à Rose-Hill. Petit détour au centre d’émission de la nouvelle carte d’identité biométrique, histoire de faire renouveler la nôtre et surtout de tâter le pouls de ces Mauriciens qui ont accouru de tous les coins du pays pour échanger leur ancienne National Identity Card.

Première surprise : malgré la pluie, il y a foule. Plus d’une centaine de personnes font la queue. Nous entendons les propos du policier de service : « Inutile d’attendre. Vous ne pourrez compléter les procédures. On va encore laisser passer une quarantaine de personnes, voyez, jusqu’à la porte devant et puis… il faudra repasser. »

Bizarre, les autorités ont pourtant dit que les officiers de la Sécurité sociale allaient travailler jusqu’à 18 heures pour satisfaire les demandes ? « Oui, mais les officiers disent avoir rempli leur quota du jour. On n’en prendra plus ! » lance le policier. Profond dépit de ceux qui poireautent et qui ont entendu l’avertissement.

Six heures et demie d’attente

Un homme s’en va. Visiblement il a pu passer.Nous l’interrogeons. « Vous êtes heureux d’avoir complété les procédures ? » Il répond : « Oui ! » Lorsqu’on lui demande s’il a attendu longtemps, sa réponse nous laisse stupéfaits : « J’attends depuis 8 h 15 ! Six heures et demie d’attente, de calvaire. » Nous lui lançons alors : « Vous avez donc campé en ce lieu ? » Il rétorque : « Exactement. J’avais tout prévu dans ma voiture : le casse-croûte, les boissons… Histoire de passer le temps. Justement, des gens mécontents voulaient parler à un journaliste. Certaines femmes attendaient avec leurs enfants, croyant que ce serait une simple formalité. Quelle erreur, quel mensonge ! »

Et de nous préciser qu’à 8 h 15 déjà, il y avait tellement de monde que les grilles extérieures du bâtiment ont été fermées, soulevant un tollé général. Les gens étaient furieux. La police a été appelée pour calmer les esprits et remettre bon ordre dans cette queue interminable. Elle a établi deux queues. « Il y avait 60 personnes dans l’une, les nouveaux arrivants, 40 dans l’autre, les personnes venues la veille et qui sont reparties bredouilles. Elles sont revenues avec le fameux ticket laissez-passer annoncé dans les médias », précise notre interlocuteur.

Ce dimanche, précise le policier, « aucun ticket ne sera distribué. Les gens ne respectent pas l’heure à laquelle on leur a demandé de venir. Les préposés du jour ont été débordés par une telle affluence. » Bilan du jour : près de 150 personnes sont reparties satisfaites (NdlR: à 15 heures)

Alors les retardataires, outre le fait de devoir vous armer d’une patience d’ange, prévoyez de quoi manger et boire de même qu’un siège pliable. Refaire sa carte d’identité n’est vraiment pas une sinécure.