
Venue en vacances, Carine Bouille a fini par quitter sa carrière en France pour se consacrer à sa passion : comprendre, protéger et faire aimer les dauphins de Maurice.
Installée à l’île Maurice depuis 18 ans, Carine Bouille a transformé une passion d’enfance en mission : mieux faire connaître et protéger les dauphins. Française d’origine et ancienne cadre commerciale, elle a tout quitté pour suivre son instinct et son amour pour la mer. Aujourd’hui, elle propose des sorties éducatives et s’engage à travers l’antenne locale du Project Rescue Ocean. Portrait d’une femme qui a choisi de vivre au souffle des cétacés.
« La mer a toujours été mon refuge », confie Carine Bouille. Depuis toute petite, elle ressent une attirance viscérale pour l’eau et ses mystères. Plongée, animaux marins, immensité bleue : tout l’appelait déjà vers une vie aquatique. Mais en France, où elle grandit, ce rêve reste longtemps en arrière-plan. Elle suit un parcours classique, fait carrière dans le commerce et gravit les échelons jusqu’à devenir cadre commerciale.
« J’avais une vie bien rangée, mais je sentais qu’il me manquait quelque chose », raconte-t-elle. Ce « quelque chose » va prendre forme en 2006, lors de ses vacances à Maurice. Rapidement, elle tombe amoureuse du pays : la douceur de vivre, la diversité culturelle, la mer turquoise… et surtout, une rencontre bouleversante : les dauphins.
« La première fois que j’ai nagé avec eux, j’ai ressenti une émotion indescriptible. Un mélange de joie, d’humilité et de connexion profonde. Ce moment a changé ma vie », se souvient-elle avec émotion.
De retour en France, la routine professionnelle lui semble fade. « J’étais dans les chiffres, les contrats, les objectifs commerciaux… Mais dans ma tête, je voyais toujours ces dauphins. » Un an plus tard, elle prend une décision radicale : quitter sa carrière confortable pour s’installer à Maurice et consacrer sa vie aux cétacés.
S’immerger dans leur univers n’est pas immédiat. Carine multiplie les sorties en mer, observe, apprend, note chaque détail. « J’ai passé des heures et des heures à les regarder. Leur comportement, leur façon de communiquer, les signes sur leur peau, leur manière de se déplacer… C’est un apprentissage qui ne finit jamais. » Elle insiste : chaque dauphin est unique. « Ils sont très familiers, dotés d’une grande mémoire. Certains portent des cicatrices ou des marques spécifiques qui permettent de les reconnaître. Ils ont aussi une intelligence incroyable, et une vraie curiosité pour l’homme. »
Approche respectueuse

souligne Carine.
Aujourd’hui, Carine partage ce savoir avec passion. À Maurice, environ 1 700 dauphins évoluent dans les eaux locales. Deux espèces dominent : le Tursiops, robuste et au museau arrondi, et le dauphin à long bec, plus élancé et joueur.
« Ces animaux vivent en communauté et sont très sociaux. Leur interaction avec l’homme n’est pas une menace, au contraire, ils adorent la proximité, tant qu’on la respecte. » Ce respect guide son approche : pas question de transformer la rencontre en simple attraction touristique. Ses sorties en mer ont avant tout une vocation éducative.
Avec Carine, nager avec les dauphins n’est pas une expérience banale. « Je veux que les gens comprennent que ce ne sont pas juste des animaux qu’on admire quelques minutes. Ils ont une histoire, une mémoire, une personnalité. » Son objectif est clair : éveiller la conscience des visiteurs. « Si, après une sortie, une personne rentre chez elle en ayant plus de respect pour l’océan, alors j’ai réussi ma mission. » Cette approche a seduit de nombreuses celebrités européennes, comme Maître Gims ou même les actrices Audrey Lamy et Audrey Fleurot.
Au-delà des sorties, Carine dirige l’antenne mauricienne du Project Rescue Ocean. Avec son équipe, elle organise des nettoyages de plages, des actions de sensibilisation et des événements éducatifs. « C’est essentiel de relier les expériences individuelles avec un engagement collectif. On ne peut pas aimer les dauphins et fermer les yeux sur la pollution qui détruit leur habitat », explique-t-elle.
Carine documente également ses observations. Équipée de drones, d’une Insta360 et de GoPro, elle capture des images uniques, parfois mi-eau mi-air, révélant la grâce des dauphins dans leur environnement naturel. « Ces images ont un rôle important. Elles permettent de sensibiliser le public, de partager la beauté de l’océan, mais aussi de collecter des données utiles pour l’étude des cétacés. » Son compte Instagram mêle ainsi émerveillement et pédagogie.
Une vie rythmée par l’océan
À Maurice, Carine a trouvé un équilibre qu’elle n’avait jamais connu auparavant. « J’ai changé de vie, mais je n’ai jamais regretté. Je suis exactement là où je dois être. » Son quotidien est rythmé par les levers de soleil, les départs en mer, les rencontres avec les dauphins et la transmission de son savoir. « Les dauphins m’apprennent chaque jour la patience, l’écoute, la solidarité. Ce sont mes meilleurs professeurs. »
Carine Bouille n’a pas l’intention de ralentir. Elle veut continuer à développer ses sorties éducatives, renforcer l’action de Project Rescue Ocean à Maurice et sensibiliser toujours plus de monde à la protection des dauphins. « Je crois que chacun de nous a un rôle à jouer. Si on protège les dauphins, on protège aussi l’océan, et donc notre avenir. »
Dans ses yeux, la certitude d’avoir trouvé son chemin. En quittant la France pour Maurice, elle n’a pas seulement changé de pays : elle a changé de vie, de rythme, de mission. Sa boussole, désormais, ce sont les dauphins. Et à travers elle, c’est tout un public qui apprend à voir ces animaux autrement : non plus comme des silhouettes lointaines, mais comme des êtres sensibles, intelligents et familiers, partageant avec nous un même espace fragile : l’océan.

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