Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) : polémique autour des 122 nouvelles recrues

Le mardi 15 janvier, 122 nouvelles recrues prendront leur poste comme General Purpose Workers à la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL). Le Mouveman Zanfan Porlwi déplore que la majorité de ceux qui seront embauchés viennent des régions autres que Port-Louis.

« Dimounn ki sorti Quatre-frères, Deux-Sœurs, Surinam gayn travay dan Cargo Handling . (…) Pe swazir dimoun pou donn travay ! » C’est ce que martelait un des membres du Mouveman Zanfan Porlwi lors d’une manifestation devant la municipalité de Port-Louis, vendredi après-midi (voir hors-texte).  Selon ce dernier, la majorité des nouvelles recrues à la Cargo Handling Corporation Ltd. (CHCL) habitent en dehors de Port-Louis.

En effet, selon nos informations, six recrues sur 10 (60%) qui prendront leur poste comme General Purpose Workers à la CHCL, ce mardi 15 janvier, n’habitent pas Port-Louis. De ces 60 %, la moitié d’entre eux viennent des régions du Nord du pays, telles que Gokoola, Plaine-des-Roches, Roches-Noires, d’Epinay, Triolet, Cottage, Crève-Cœur, Plaine-des-Papayes, Belle-Vue Maurel, Piton, Mapou, Pamplemousses, Arsenal, Bois-Mangues, Bois-Rouge, Pont-Praslin, entre autres.

Alors que les autres 30 % viennent des régions du centre, notamment de Vacoas, Phoenix, L’Espérance, Hermitage, Montagne-Blanche, Ripailles, Montagne-Ory, Saint-Pierre, Clairfonds, Moka, Rose-Hill, Nouvelle-Découverte, Quatre-Bornes, Petit-Verger, L’Agrément, L’Avenir. Moins de 5% habitent des régions de l’Est et du Sud respectivement (Centre de Flacq, St-Julien d’Hotman, Trois-Boutiques, Rivière- du-Poste, entre autres).
Et, enfin, seulement quatre nouvelles recrues sur 10 viennent de Baie-du-Tombeau, Cassis, Roche-Bois, Vallée-Pitot, Vallée-des-Prêtres, Sainte-Croix, Tranquebar, Cité Vallijee, Pointe-aux-Sables, Le Hochet, Batterie-Cassée, Riche-Terre, Cité La-Cure, Cité Briquetterie, Plaine-Verte, Abercrombie.

« Zenfans travayers »

Outre le lieu de résidence des nouvelles recrues, les dénonciateurs déplorent aussi que des proches des employés actuels, dont des représentants syndicaux, ont été embauchés. « Kouma lalist finn fer ? Pa koné », avance un des détracteurs.

Dans un article publié par Le Défi Plus, l’année dernière, intitulé : « Pratique de recrutement : les dessous des emplois réservés à la Cargo Handling Corporation » Alain Edouard, le président de la Port-Louis Maritime Employees’ Association, soutenait que lors des exercices de recrutement, 25 % des recrues se devaient être des « zenfan travayer ». « Il s’agit d’une Board decision qui, malheureusement, n’était pas respectée », avançait-t-il. Cette décision du conseil d’administration, ajoutait-il, prévoyait le recrutement des ‘zenfan travayer’ mais aussi de ceux habitant les régions avoisinantes.

Un haut cadre de la CHC avait alors confirmé cette pratique. Toutefois, ce dernier précisait que ce « quota » était flexible, dépendant du nombre de « zenfan travayer » qui devaient être recrutés. « Et lorsqu’il n’y avait pas le nombre suffisant de ‘zenfan travayer’, des représentants syndicaux faisaient pression pour leurs proches ou des enfants d'autres employés pour qu'ils soient embauchés pour combler ce manque. » Une pratique que dénonçait ce haut cadre, vu que « cela mettait ces ‘zenfan’ et ces ‘proches’ des employés dans une situation avantageuse, comparés aux autres candidats ».

D’ailleurs, en 2017, le recrutement de 150 employés, essentiellement des opérateurs et travailleurs manuels, avait été gelé après des dénonciations de cette pratique à l’Independent Commission Against Corruption et à l’Equal Opportunies Commission. Une liste de nouvelles recrues était déjà avalisée, selon nos recoupements.

Un emploi aux « Zenfan Porlwi » à la CHCL

« Done nou travay dan CHCL », « Discrimination nou na pa oulé » ou encore « Aret roule nou dans la farine». C’est ce qu’on pouvait lire sur des pancartes brandies par des membres du Mouveman Zanfan Porlwi lors d’une manifestation devant la mairie de Port-Louis dans l’après-midi du vendredi 11 janvier. Les manifestants réclament que priorité à l’embauche soit accordée aux habitants de la capitale et des environs dont les parents ont travaillé dans le port.

« Le gouvernement fait la sourde oreille malgré les nombreuses démarches entreprises en ce sens, dont une mise en demeure servie à cet effet. Il faut cesser avec cette pratique d’avoir le  ‘backing’ d’un ministre pour pouvoir décrocher un emploi dans la Fonction publique », martèle un des manifestants.  

Louis Eddy Joson, qui faisait aussi partie des manifestants, déplore pour sa part  que « lorsque des Portlouisiens sont recrutés, ceux qui habitent juste à côté sont laissés sur le carreau ». « Des habitants de Port-Louis sont très remontés car on leur avait promis qu’ils allaient être embauchés lors d’éventuels exercices de recrutement à la CHCL. Mais ils ont constaté qu’ils sont en train d’être roulés dans la farine, car deux seulement ont été embauchés sur un deuxième batch de 50 », a déclaré le travailleur social.

Les nouvelles recrues