Carburants : une baisse du prix du diesel « aurait fait la différence »

La baisse du prix de l’essence de Rs 69 à Rs 66,20 offre un soulagement mitigé aux consommateurs, tandis que le prix du diesel reste inchangé à Rs 63,93. Les opérateurs estiment qu’une baisse du diesel aurait eu un impact significatif, notamment sur les secteurs de la production et du transport. 

Soulagement en demi-teinte pour les consommateurs. Le prix de l’essence est certes passé de Rs 69 à Rs 66,20, ce qui représente une baisse de Rs 2,80. Celui du diesel, en revanche, demeure inchangé à Rs 63,93. Or, une baisse de ce carburant aussi aurait la différence, selon des opérateurs. Le citoyen engagé Nishal Joyram, qui avait entamé une grève de la faim pour réclamer la baisse des prix des carburants, fait ressortir que le prix du diesel a un impact sur plusieurs secteurs, dont celui de la production et du transport. « Quand le prix est maintenu, ce sont les industries qui souffrent. Par ricochet, cela a un impact sur les consommateurs », dit-il. 

Il ne s’explique pas que Maurice ne s’aligne pas sur la baisse observée à l’international. Il affirme qu’en octobre dernier, le prix de référence était de 121,65 dollars le baril, contre 100,76 dollars actuellement. Il souligne qu’on ignore le prix auquel paie la State Trading Corporation (STC). « Il y a une baisse de 21 dollars mais cela n’a pas été passé aux consommateurs car le Price Stabilisation Account est déficitaire », dit-il. 

Il déplore le manque de transparence par rapport aux comptes de la STC. « Il y a de nombreuses zones d’ombre, notamment dans le contrat d’approvisionnement de carburant », avance le citoyen engagé, qui continue à suivre ce dossier de très près. Mais le prix de l’essence a chuté, lui. Cela ne fait-il pas une différence ? « Cette baisse n’est pas un cadeau », soutient Nishal Joyram. « Le prix de référence que prend la STC est de 804,35 dollars pour chaque tonne métrique du Mogas. Ce qui fait environ 110 dollars le baril. Le Singapore Platts, qui est une référence, est de 89 dollars le baril. Cela fait une différence de 21 dollars. Il faut aussi savoir que le prix du brut est en dessous de 80 dollars. Nous sommes toujours dans le flou par rapport au prix de référence et le prix que paie la STC », explique-t-il. S’il dit avoir essayé d’obtenir des explications à plusieurs reprises, il précise toutefois que ses tentatives ont été vaines. 

Jayen Chellum, secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, trouve la baisse du prix de l’essence insuffisante. Il estime qu’il aurait fallu qu’elle soit plus conséquente et que celui du diesel soit, lui aussi, revu à la baisse. « Zot pe badinn ek nou. Pe tir depi dan nou pos », lance-t-il. 

Selon lui, une réduction plus significative du prix de l’essence et une baisse du prix du diesel aurait permis de soulager le fardeau financier qui pèse sur les épaules des consommateurs. « J’ai personnellement écrit au Premier ministre pour demander son intervention en vue de réduire les prix des carburants. Je réitère mon appel pour qu’il intervienne afin que la baisse soit plus conséquente. Cela permettra aux Mauriciens de respirer à pleins poumons », dit-il avant d’ajouter : « Les prix des carburants à Maurice sont beaucoup plus élevés que dans d’autres pays. »

Ce n’est pas l’économiste Takesh Luckho qui dira le contraire. Le prix du carburant est en baisse sur le plan international depuis un certain temps. « Elle n’est pas pleinement répercutée sur les prix pratiqués à Maurice, surtout celui du diesel. Le gouvernement est intervenu. Il a injecté de l’argent dans le Price Stabilisation Account, ce qui a permis de réduire le prix de l’essence. Mais pour le diesel, le compte est déficitaire », précise-t-il. Tout comme les autres intervenants, il estime qu’une baisse du prix du diesel aurait permis de soulager davantage de consommateurs. « Ils ne bénéficient pas pleinement de la baisse des prix pratiqués à l’international. La baisse est minime. Elle aurait dû être de Rs 6 à Rs 9 », estime-t-il. Cependant, il lance une mise en garde par rapport à la situation géopolitique en mer Rouge. « La baisse du prix de l’essence aura un impact positif sur le pouvoir d’achat, mais il est important d’être prudent en raison d’éventuelles fluctuations liées à d’autres facteurs », prévient-il.