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Capital humain : le marché du recrutement dynamique en ce début d’année

Les entreprises recruteront davantage cette année.
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Astrid Vuddamallay, Talent Management Lead chez Myjob.mu.

L’amélioration de la situation économique devrait avoir une influence positive sur le marché de l’emploi. Les offres commencent d’ailleurs déjà à affluer. Autre tendance observée : des compagnies étrangères qui s’installent dans le pays recrutent des Mauriciens. Toutefois, le chômage chez les jeunes diplômés demeure une source d’inquiétude.

La pandémie n’a pas été sans conséquence sur le marché de l’emploi. Les chiffres sont révélateurs. Le taux de chômage s’élève à 9,5 % au troisième trimestre de 2021, selon les dernières données de Statistics Mauritius. Au cours de cette période, le pays comptabilisait 49 800 chômeurs, dont 14 600 (29 %) sont des jeunes âgés entre 16 ans et 24 ans. 

Les offres d’emploi enregistrées en ce début d’année, un bon baromètre que la situation économique s’améliore. 

Peut-on s’attendre à une amélioration de la situation cette année ? Oui, clame-t-on d’une seule voix chez les agences de recrutement. « Un vent d’optimisme souffle pour l’année 2022 dans l’hypothèse où le gouvernement ne prend pas de nouvelles mesures sanitaires et si l’on se base sur un niveau de croissance supérieur à celui d’avant la crise au cours des six prochains mois », soutient Astrid Vuddamallay, Talent Management Lead chez Myjob.mu.  

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Jennifer De Comarmond, directrice 
de Proactive. 

Thierry Goder, Chief Executive Officer d’Alentaris, dit d’ailleurs noter une certaine dynamique en termes de recrutement dans divers secteurs depuis fin 2021. Plus de postes sont, en effet, à pourvoir en comparaison à fin 2020. « Cette tendance se maintiendra lentement mais sûrement, à condition qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise à l’horizon. Une amélioration de la situation économique et une augmentation des arrivées touristiques enverront de bons signaux. La confiance qui en résultera favorisera l’investissement et la création d’emplois », ajoute-t-il. 

Jennifer De Comarmond, directrice de Proactive, observe une « reprise graduelle, mais stable » dans les secteurs qui recrutent tels que la finance, l’informatique, les TIC, entres autres. « Nous notons aussi un nombre plus important d’entrepreneurs et de ‘freelancers’ et cette tendance se précise », dit-elle. 

Adilla Diouman-Mosafeer, Managing Director de Talent Lab, parle, elle, d’une « petite relance » depuis le troisième trimestre de 2021. « Il y a plus d’optimisme dans le monde des affaires depuis qu’il a été confirmé qu’Omicron est moins dangereux. La perspective qu’il n’y aura plus de ‘lockdown’ et de fermeture des frontières à Maurice comme ailleurs ajoute à cette confiance », souligne-t-elle.

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Adilla Diouman-Mosafeer, Managing Director de Talent Lab. 

Cependant, rappelle Adilla Diouman-Mosafeer, la relance dépendra aussi des décisions et des incitations du gouvernement pour favoriser l’investissement. « Quand il y a la confiance et les incitations, le moral des entrepreneurs est boosté et la création d’entreprises et d’emplois est favorisée », fait-elle valoir. 

Plus de 1 000 postes à pourvoir 

Mais d’ores et déjà, 2022 s’annonce prometteur. On comptabilise plus de 1 000 postes à pourvoir pour le mois de janvier 2022 chez Myjob.mu. « On a recensé 11 198 postes à pourvoir sur notre portail au quatrième trimestre de 2021 contre 8 741 offres d’emplois au quatrième trimestre de 2020 », indique Astrid Vuddamallay.
Chez Myjob.mu, on prévoit une hausse d’au moins 10 % pour le premier trimestre de 2022 en comparaison à la même période en 2021. « Qui plus est, le secteur du BPO va également augmenter ses offres d’emplois d’ici mars. » 

La création d’emplois sera au rendez-vous cette année. 

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Thierry Goder, Chief Executive Officer d’Alentaris. 

Astrid Vuddamallay fait ressortir que décembre et janvier sont des périodes de baromètre pour les recruteurs. « L’économie reprend vie et cela se ressent à travers les entreprises car elles sont à nouveau prêtes à embaucher du personnel et développer de nouveaux postes. L’année 2020 a été une remise en question pour les entreprises. Cela a eu, en quelque sorte, un effet positif car les entreprises souhaitent créer de nouveaux projets et, par conséquent, doivent recruter pour les mener à bien », explique-t-elle.

Thierry Goder note lui aussi un afflux des offres d’emploi depuis la reprise du travail cette année. « C’est un bon baromètre que la situation économique s’améliore », soutient-il. Quant à Adilla Diouman-Mosafeer, qui a pas mal de demandes de recrutement en ce début d’année, elle estime que cette tendance va s’accélérer à partir d’avril. 

De quoi donner espoir aux demandeurs d’emploi ! 


Les secteurs qui recrutent en ce début d’année 

Secteur : TIC 

Postes recherchés : Techniciens, développeurs, personnel administratif et des ressources humaines, administrateurs de réseaux, Front-End et Back-End Developer, comptable, télé-agent, responsable de plateau, Client Representative, etc.

Secteur : Secteur financier (bancaire et non bancaire)

Postes recherchés : Spécialistes de la comptabilité, Compliance Officer/Analyst, ceux ayant de l’expérience dans les Management Companies, etc. 

Secteur : Agriculture et élevage d’animaux 

Postes recherchés : Operation Manager, personnel des ressources humaines, de la maintenance, de la comptabilité, etc. 

Ces autres postes recherchés 

Real-estate Agent, Digital Marketing Officer, Social Media Officer/Manager

Ces activités où les opportunités d’emploi ne manqueront pas 

Secteur médical 

Depuis la pandémie, le secteur médical est en mode recrutement. Thierry Goder souligne qu’il y a même des demandes pour de nouveaux métiers liés au secteur comme les accompagnateurs. 

Métiers liés à la gériatrie

Autre filière où les possibilités d’emploi afflueront, surtout avec la population vieillissante qui gagne du terrain, c’est la gériatrie. Les maisons de retraite recrutent depuis ces derniers mois.  

Des compagnies étrangères en mode recrutement 

Chez Talent Lab, on enregistre plusieurs offres d’emploi pour du « Corporate Staff » de la part des investisseurs/compagnies qui s’implantent à Maurice. Ils veulent recruter des Mauriciens, précise Adilla Diouman-Mosafeer. 

Une tendance qu’observe également Astrid Vuddamallay. « Depuis fin 2021, nous avons reçu énormément de requêtes de la part des compagnies européennes et canadiennes qui souhaitent venir s’implanter à Maurice et recruter des Mauriciens pour divers projets, notamment pour des postes de télé-agent, responsable de plateau, de team leader ainsi que des postes d’administrateur de réseaux et des techniciens », indique-t-elle. 

Le télétravail, la nouvelle normalité 

Le télétravail n’est pas nouveau, même si depuis la pandémie, ce mode de travail a pris de l’ampleur, précise-t-on chez les agences de recrutement. Une tendance qui devrait s’accélérer. « Aujourd’hui, pour certains contrats de travail, il est indiqué que le candidat devra aussi travailler de la maison », fait remarquer Thierry Goder. 

Adilla Diouman-Mosafeer de renchérir que plusieurs sociétés recrutent actuellement pour le télétravail à plein temps ou à temps partiel. « Il ne faut pas penser que tout le monde retournera sur son lieu de travail une fois la fin de la pandémie. Le télétravail va se poursuivre. Outre un encadrement légal et infrastructurel, il faudra aussi miser sur la formation. Car travailler à distance n’est pas forcément un acquis pour tout le monde », précise-t-elle. 

De son côté, Jennifer De Comarmond constate que le télétravail reste un modèle que les employés souhaitent maintenir en mode hybride, soit quelques jours à la maison et quelques jours au bureau. « C’est ce modèle qui clairement se précise. Nous voyons aussi que les entreprises et les employés privilégient la flexibilité, car le ‘home schooling’ génère un vrai challenge au quotidien pour les parents », souligne-t-elle. 

Hormis les postes à pourvoir dans les services essentiels, les entreprises essaient de plus en plus de s’orienter en mode « work from home », ajoute, pour sa part, Astrid Vuddamallay. « Les entreprises qui recrutent actuellement sont obligées par rapport à la situation sanitaire et au respect du protocole en entreprise de faire un mixte de travail en présence et à distance à la maison. » Elle note à ce propos une augmentation dans les offres d’emploi « work from home ». 

Moins d’emplois à pourvoir dans deux secteurs clés 

Thierry Goder et Adilla Diouman-Mosafeer sont catégoriques : si le tourisme recrute, le pourcentage d’offres d’emploi est moins élevé en comparaison à l’avant-pandémie. « Des groupes hôteliers ont lancé des appels de candidatures. Les demandes sont là, mais il n’y a pas la même dynamique. Ce qui est compréhensible étant donné le contexte économique et le nombre en baisse des arrivées touristiques », fait ressortir Thierry Goder. 

Adilla Diouman-Mosafeer abonde dans le même sens. « C’est toujours une bonne nouvelle que le secteur recrute, même si la fréquence est plus lente. La situation va s’améliorer, mais c’est un secteur où il faut du renouveau en ligne avec la nouvelle normalité. Il faut une stratégie durable », ajoute-t-elle. 

Dans le secteur manufacturier, on observe également moins d’offres d’emploi. « Les opérateurs sont confrontés à une hausse des coûts avec le fret et les matières premières qui augmentent. Donc, ils ne recrutent pas comme avant. Il y a aussi le fait que les Mauriciens ne veulent plus travailler dans le secteur », avance Adilla Diouman-Mosafeer.  

Le chiffre à retenir 

Chez Myjob.mu, on compte 250 postes à pourvoir dans les TIC, 180 postes dans les services et BPO, 195 dans le secteur financier et 170 dans le tourisme. 

ILS ONT DIT…

  • Jennifer De Comarmond : « Nous constatons une bonne reprise en ce début d’année, mais nous notons que dans certains secteurs, il devient de plus en plus difficile de trouver des talents. L’hôtellerie ou encore la construction ont du mal à trouver du personnel opérationnel, car la perception générale des candidats, pour l’hôtellerie par exemple, demeure que c’est un secteur fragilisé et sensible à la Covid-19. De plus les employés recherchent un travail valorisant qui offre aussi un ‘work life balance’. Les ‘shift’ ainsi que des horaires difficiles n’attirent plus les candidats malgré le contexte difficile. L’enjeu est de taille pour changer cette perception et pour redonner l’attractivité à ces industries qui devront innover et réinventer leur marque employeur et leur expérience employé. »
  • Astrid Vuddamallay : « Nous constatons que les entreprises sont plus exigeantes quant au personnel qu’elles souhaitent recruter. Le ‘matching’ entre les candidats et les entreprises se fait de manière plus rigoureuse. Les entreprises sont prêtes à attendre six mois jusqu’à ce qu’elles trouvent la ‘perle rare’. De ce fait, les compétences académiques, les techniques de communication, le parcours professionnel ainsi que le savoir-être sont scrutés par les recruteurs afin de trouver le candidat idéal. »
  • Thierry Goder : « Des candidats sont motivés à explorer toutes les opportunités. Ceux avec des bonnes références, qui ont dû quitter leurs postes pour des raisons économiques, sont recrutés très rapidement. »
  • Adilla Diouman-Mosafeer : « Il y a beaucoup d’espoir pour cette année. La relance de l’économie ne pourra qu’être bénéfique, car qui dit plus d’activités dit expansion des entreprises et forcément elles vont recruter… Cependant, si nous ne sortons pas la tête de l’eau en 2022, nous allons connaître une année très difficile. Il faudrait que le gouvernement et le secteur privé travaillent de concert et établissent des stratégies cohérentes pour l’ensemble du monde des affaires. »

Le chômage chez les jeunes perdurera 

C’est un fait ! Le nombre de demandeurs d’emploi demeurera élevé. À cause de la pandémie, un grand nombre de personnes ont perdu leur emploi et recherchent un nouveau poste, avance Jennifer De Comarmond. Autre constat : un grand nombre de candidats se sont mis à leur compte avec succès, sans forcément chercher un poste permanent auprès d’une entreprise. « Cette tendance continuera », estime-t-elle. 

C’est au cours de la troisième ou quatrième semaine de janvier que les demandeurs d’emploi se manifestent, fait savoir Thierry Goder. « Certains veulent quitter leur emploi actuel et cherchent de meilleures possibilités ailleurs. Il faudra aussi s’attendre à ce que le taux de chômage chez les jeunes diplômés se maintienne. Ils ont fait des études dans certains secteurs où la demande est saturée. » 

Pour Adilla Diouman-Mosafeer, les demandeurs d’emploi seront toujours plus nombreux car il y a une grande disparité entre ce que recherchent les employeurs et les jeunes en quête d’un emploi. « Bon nombre de jeunes veulent le job parfait et les conditions idéales dès le départ. Certains refusent des offres quand ils entendent 24/7. Or, le monde a évolué et il faut s’adapter. Les jeunes doivent construire leur carrière et gagner en expérience et en expertise », fait-elle ressortir. 

 

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